Par Galerie Nicolas Lenté
Mobilier, Tableaux et Objets d'Art de la Haute Epoque au XVIIIe
Grand et imposant portrait d’une jeune princesse en Vénus trônant sur son char.
La jeune femme est portraiturée à mi-jambes, assise dans un monumental char de bois doré.
Un amour à ses côtés regarde attentivement la déesse. Couvert partiellement des draperies vert bouteille attachés à son bras, il brandit une torche enflammée destinée à embraser les cœurs et susciter l'amour.
La jeune femme est vêtue d’une robe de satin blanc brodé de fils d’argent et doublé de satin bleu. Elégamment enveloppée dans un large manteau rose dont l’agencement des drapés volumineux est savamment disposé de son côté droit.
Elle renverse une fiole d’un geste élégant du bras droit tandis que son bras gauche s’appuie sur l’épaule du putto.
Visage ovale délicatement fardé, dominé par de grands yeux bleu-gris est entouré de cheveux poudrés, coiffés « a la Fontanges »
Sa figure illuminée aux chaires blanches laiteuses se détache sur fond d’un ciel ...
... crépusculaire.
Attribué à Pierre Gobert (1662-1744),
Ecole Française vers 1720
Huile sur toile : h. 141 cm, l. 109 cm
Important cadre en bois doré et sculpté d'époque XVIIIème siècle (redoré)
Dimensions encadré : h. 175 cm, l. 142 cm
Provenance :
Vente Drouot, Paris, 13 mai 1907, comme Alexis Simon Belle « Portrait de femme en Hébé » (l’étiquette de la vente est toujours présente à l’arrière).
Acquis par Eugène Bretel (industriel normand), collection château de Chiffrevast (La Manche) jusqu'à 2006.
Collection privée parisienne.
Notre portrait semble avoir perdu l’identité du modèle portraituré depuis plus d’un siècle, étant donné que dans la vente de 1907 on le présentait déjà comme « portrait de femme » anonyme. Connaissant la vie et l’œuvre de Pierre Gobert, l’hypothèse d’une origine princière est tout à fait envisageable. Ayant travaillé dans les années 1720 pour la cour de Lorraine, mais simultanément pour la cour de Versailles, l’artiste a également peint presque toute la progéniture du Régent, ainsi que des innombrables princesses des branches de Condé et Conti. Peintre à la mode et fort apprécié de son temps, il semble fort probable qu’une princesse de sang lui a commandé son effigie.
Notre œuvre par sa composition se rapproche fortement du portrait de Charlotte Aglaé, duchesse de Modène, fille du Régent, conservé au Musée de Kassel (Allemagne), inventaire SM 1.1.848
Pierre Gobert (1662-1744)
Fils de Jean Gobert, sculpteur du Roi, petit-fils de Jean Gobert l’ainé, menuisier sculpteur, frère de Jean Gobert dit « peintre ordinaire du Roi » Pierre Gobert serait né à Paris ou à Fontainebleau en 1662. Il s’imposa par ses effigies elegantes comme l’un des tout premiers portraitistes galants.. Reçu à l’académie de peinture le 24 septembre 1701, avec les portraits de Corneille van Clève et de Bon Boullogne, Pierre Gobert expose quinze portraits au salon de 1704, et démontre son accès privilégié à la cour : parmi ces portraits figurent celui de la duchesse du Maine et du petit duc de Bretagne, futur Louis XV. Malgré une redoutable concurrence, il n’eut aucune difficulté à etablir sa réputation. Sans doute grâce à l’entremise d’Elisabeth-Charlotte, Gobert fut approché par la cour de Lorraine en 1707, afin de réaliser le portrait des ducs de Lorraine, d’Elisabeth – Charlotte d’Orléans et des quatre princesses. Un impressionnant ensemble de soixante-dix portraits comprenant des effigies originales et nombre de repliques. Il est probable que Gobert développa un atelier à cette période, puisqu’il semble avoir opéré des allers et retours entre Paris et la Lorraine, et même fait envoyer des portraits depuis Paris. Gobert obtint ainsi le titre de peintre ordinaire du duc de Lorraine, et continua de livrer des portraits à la cour, notamment en 1719 et en 1721. Il participa ainsi au rayonnement artistique de la cour de Lunéville, qui cherchait à s’inscrire dans le sillage de Versailles.
De retour à Paris, fort de cette prestigieuse introduction dont il se prévaudra en arborant le titre de «peintre ordinaire du duc de Lorraine », Gobert travailla ensuite pour les Condé et les Conti, et pour le prince-Électeur Max Emmanuel de Bavière. En 1737,le peintre brillait une ultime fois en présentant au Salon l'un de ses portraits les plus ambitieux, celui de la famille du duc de Valentinois (Monaco, palais princier). Par le choix de ses attitudes un peu figées, par la disposition affectée et gracieuse des doigts de ses modèles féminins, par l'emploi de travestissements historiés, par le type dépersonnalisé et flatteur de ses visages résolument placides, Gobert était parvenu à créer grâce à son travail acharné et reconnu, un style qui tranchait avec les œuvres de Largillierre et de Rigaud, ses contemporains.
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