Par Galerie Léage
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Le cadran circulaire émaillé blanc de cette pendule, signé BIESTA A PARIS, indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranche de cinq en chiffre arabe par deux aiguilles finement ciselées et repercées.
Le mouvement est renfermé dans une caisse en bronze ciselé et doré. L’ensemble du décor répond au vocabulaire antique désigné par le terme « à la grecque ». Il est constitué d’une frise de poste dans la partie supérieure, surmontée d’une cassolette à décor de godrons, ornée d’une guirlande de feuilles de laurier reliant chacune de ses anses. De part et d’autre du cadran, les côtés présentent un décor d’écailles de poisson dans un encadrement évoquant des grecques. Deux têtes de lion, de part et d’autre de la pendule, sont reliés par une guirlande de laurier festonnée sous le cadran. Elle repose sur quatre montants terminés par des pattes de lion, sur un socle à ressauts, orné de godrons, d’une fleur centrale et d’une ...
... frise de grecques.
Le goût grec
Cette pendule de l’époque néoclassique est typique de ce que l’on appelait vers 1765 « le goût grec ». Apparu dans les années 1750, il répondait aux réclamations d’un petit groupe de critiques qui, dénonçant les extravagances du rocaille, aspiraient à retrouver la « noble simplicité » des maîtres de l’Antiquité. Le voyage en Italie organisé par la marquise de Pompadour pour former le goût de son frère, Abel-François Poisson, marquis de Vandières, futur directeur général des Bâtiments du Roi, en compagnie du graveur Claude-Nicolas Cochin, de l’architecte Jacques-Germain Soufflot et de l’abbé Leblanc entre novembre 1749 et mars 1751 est considéré, dès l’époque, comme marquant l’émergence du « goût grec ». Il fut suivi en décembre 1754 de la parution dans le Mercure de France d’une « supplication aux orfèvres, Ciseleurs, sculpteurs en bois pour les appartements et autres [...] » par Louis- Sébastien Mercier, véritable plaidoyer en faveur de la ligne droite, du respect des proportions et de l’équilibre, et rappel pressant à la noblesse du répertoire ornemental antique.
Réutilisant tout le vocabulaire du goût grec (frise de postes, grecques, pieds griffes), cette pendule est un véritable hommage à ce style. L’ornement de vase ou d’urne se généralise sous Louis XVI et au fil du temps se fait lui-même vase. Nous retrouvons ici un exemple de l’association du vase en couronnement, avec les mufles de lion portant une guirlande, modèle le plus souvent signé Robert Osmond, dont le véritable archétype est la pendule livrée en 1757 pour le bureau de Lalive de Jully et aujourd’hui conservée au musée de Chantilly.
Jean Biesta (1712-1791)
D’origine hollandaise, il reçoit sa maîtrise en 1759 puis déménage quai Pelletier en 1778.
En 1757, montrant l’ampleur de ses talents, il présente à l’Académie royale des Sciences, une pendule à aiguilles concentriques, puis en 1769, une montre avec échappement indépendant. C’est son invention de 1770, une pendule marchant en toutes positions, munie d’un cadran mobile, qui le rendit célèbre. Néanmoins, elle fut essayée en mer et fut accidentée.