Par Stéphane Renard Fine Art
Pierre noire sur un papier pelure collé sur vergé et réemmargé
220 x 350 mm (encadré 42.5 x 53.5 cm)
Provenance :
• Acheté chez Sicart à Lyon par le Marquis de Chennevières (1820 – 1899) – Collection Chennevières (cachet en bas à gauche – Lugt 2072)
• Inscription au dos du montage "Salle 10/Delestre, 27 février 1899 »
• Vendu à Paris à l’Hôtel Drouot lors de la deuxième vente Chennevières (4 au 7 avril 1900, n°44) comme François Boucher – numéro 44 (adjugé 18 francs à Roblin)
• Vendu à Paris à l’Hôtel Drouot, 4 et 5 Mars 1901, n°12 comme François Boucher
Bibliographie : ce dessin est cité par Chennevières dans « Une collection de dessins d’artistes français » (chapitre XVIII, page 24-25) et constitue le numéro 1033 du Catalogue de la Collection Chennevières établi par Louis-Antoine Prat avec la collaboration de Laurence Lhinares.
Ce dessin a été exécuté sur une feuille très fine contrecollée sur un vergé ...
... plus épais et des traces de colle ont malheureusement jauni, en particulier au niveau de la lanterne de la maison et dans le ciel. Le vergé collé au dos possède un très beau filigrane, dans lequel on peut lire sur la deuxième ligne le mot « AUVERGNE » suivi d’une date (1740 ?).
Ce dessin parfaitement documenté était considéré comme un dessin de Boucher par le marquis de Chennevières, un des plus grands collectionneurs de dessins de la fin du XIXème siècle. Alors que le paysage évoque les autres dessins de paysages de Boucher, notre dessin a vraisemblablement été modifié par la suite par l’ajout des deux personnages situés au premier plan à droite et par le léger rehaussement de la ligne d’horizon derrière eux.
1. François Boucher, le maître de la rocaille française
La carrière extraordinaire de François Boucher n'a pas été égalée par ses contemporains en termes de polyvalence, de cohérence et de production. Sa facilité à manier le pinceau, même lorsqu'il trahit la superficialité occasionnelle de son art, lui a permis de maîtriser tous les aspects de la peinture - histoire et mythologie, portrait, paysage, vie ordinaire et, dans le cadre de compositions plus vastes, même la nature morte. Il avait reçu une formation de graveur, et les compétences de dessinateur, qu'il a acquises dans l'atelier de Jean-François Cars (1661 - 1738), lui ont été utiles tout au long de sa carrière ; ses délicieux dessins sont l'un des aspects les plus recherchés de son œuvre.
Élève de François Lemoyne (1688 - 1737), il maîtrise l'art de la composition tandis que les quatre années qu'il passe en Italie, de 1727 à 1731, lui donnent accès aux œuvres des maîtres, aux classiques et à l'histoire, que son éducation modeste lui avait refusé.
À son retour à Paris en 1734, il devient membre à part entière de l'Académie royale de peinture et de sculpture avec son splendide Renaud et Armide (Paris, Musée du Louvre). Bien qu'il ait parfois peint des sujets tirés de la Bible tout au long de sa carrière, et qu'il se soit toujours considéré comme un peintre d'histoire, son propre répertoire d'héroïnes, de séductrices, de paysannes coquettes et de beautés érotiques convenait mieux à des sujets plus légers et plus décoratifs. Sa maîtrise de la technique et de la composition lui permet de passer des cartons de tapisserie à grande échelle (il travaillera tout au long de sa carrière pour les manufactures de tapisserie de Beauvais et des Gobelins, devenant directeur de cette dernière en 1755), à des chefs-d'œuvre intimes comme Diane au repos (Paris, Louvre), et à quelques scènes de la vie quotidienne comme le Déjeuner (Paris, Louvre), avec ses personnages élégamment vêtus groupés autour d'une table bien dressée.
La production de Boucher, qui a connu un énorme succès et a bénéficié d'un large soutien, est prodigieuse. D'abord parrainé par la Couronne dans les années 1730, puis nommé Premier Peintre du Roi en 1765, il exécute de nombreuses commandes royales et princières jusqu'à sa mort en 1770, travaillant notamment pour la maîtresse de Louis XV, la marquise de Pompadour, dans chacun de ses palais. Toujours prêt à mettre ses talents à profit dans d'autres domaines, il conçoit des décors de théâtre et d'opéra et fournit des dessins destinés à être utilisés comme modèles pour les figures de la manufacture de porcelaine de Vincennes (plus tard Sèvres). En tant que professeur, il était très apprécié par ses nombreux élèves, parmi lesquels Fragonard, Le Prince, Deshays, Brenet, Baudouin, Lagrenée, et Madame de Pompadour elle-même.
Même David, un cousin éloigné, a été clairement influencé par Boucher dans ses premières œuvres. Jamais, depuis Le Brun, un artiste français n'avait laissé une telle empreinte sur les arts de son temps.
2. Description du dessin
En arrière fond se déploie un paysage champêtre : une ferme assez modeste, entourée de hautes barrières sur un tertre bordé d’arbres. Alors que les personnages qui animent les paysages de Boucher apparaissent généralement en arrière-plan, une autre main (sans doute un élève de Boucher) a rajouté au premier plan un couple de pêcheurs et l’élément aquatique dans lequel ils semblent avancer, réhaussant par la même occasion la ligne d’horizon. Le buisson derrière la femme (buisson qui a probablement été également rajouté par la suite) est d’ailleurs éxécuté sans relief, d’une facture très différente de celle des autres buissons sur la gauche. Alors que nos deux pêcheurs sont dessinés avec grâce, leur taille est légèrement disproportionnée par rapport au reste du paysage.
3. Comparaison avec les autres paysages de Boucher
S’il nous semble clair que les deux personnages n’appartiennent pas au dessin original, le paysage en arrière fond évoque très fortement les autres paysages connus de Boucher et justifie pleinement à nos yeux l’attribution de ce dessin qu’en avait faite Chennevières.
Les dessins de paysages constituent une part importante mais probablement méconnue de l’oeuvre graphique de François Boucher, qui aborde la peinture de paysage vers 1730. En suivant l’exemple de Jean-Baptiste Oudry à Arcueil, c’est un moment où de nombreux artistes Français partent à la campagne pour trouver des sujets d’inspiration. La spécificité de Boucher est d’avoir développé une vision, certes idéale, de la campagne mais profondément ancrée dans un environnement français, alors que les autres paysagistes de l’école française tels que Fragonard, Hubert Robert ou Claude-Joseph Vernet resteront toujours profondément inspirés par leurs séjours en Italie.
On retrouve ainsi dans le dessin de Boucher du British Museum (dernière photo de la Galerie) un certain nombre de points en commun avec notre dessin, à la fois dans la description de la ferme, des poteaux de bois qui l’entourent et dans le traitement des arbres, à la fois touffus et graciles.
4. Encadrement
La feuille est présentée dans un très beau cadre en bois sculpté et doré d’époque Louis XVI qui est probablement celui dans lequel elle avait été présentée à la vente de 1901.
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