Par Franck Baptiste Paris
Délicate paire de bouteilles à saké en porcelaine de forme hexagonale, transformées en vases et montées sur bronze au début du XVIIIème siècle. La porcelaine à décor bleu sur fond blanc, d’abricotiers du Japon et de volatiles. L’ensemble est délicatement réhaussé d’or et d’émaux « kakiémon »* de couleur verte, rouge et jaune.
La monture en bronze constituée d’un cerclage en partie haute sur le col et d’un cerclage en partie basse soutenu par six petits melons feuillagés.
Très bel état de conservation. (Un léger cheveu au col sur un vase).
Un numéro inscrit à l’encre au revers « 1 ? 74 », correspondant probablement à une date.
Four d’Arita, préfecture de Saga, Japon, vers 1670-1680 pour la porcelaine.
Paris, XVIIIème siècle pour la monture en bronze doré.
Dimensions :
Hauteur : 20 cm ; Diamètre : 13 cm
Notre avis :
Sortie des fours d’Arita dans les années 1670-1690, notre paire de bouteilles à ...
... saké fut exportée en Europe par la toute puissante « VOC » (compagnie néerlandaise des Indes orientale) qui avait établit un comptoir au pays du soleil levant dès le milieu du XVIIème. Ce type de pièces fait partie des toutes premières porcelaines exportées en Europe, avant même le grand commerce avec la Chine. Cette porcelaine, pratiquement inconnue sur notre continent, est réservée à une élite princière ; elle est tellement onéreuse à cette époque là qu’elle est collectionnée pour la matière en elle-même. C’est pourquoi notre paire de bouteilles fut détournée de son usage utilitaire et découpée pour être montée en vases. Contrairement aux montures rocailles qui feront l’essentiel du prix des pièces de ce type au siècle suivant, c’est bien ici la porcelaine qui est mise en valeur par un discret socle, telle une sculpture.
Outre sa rare forme hexagonale, nos porcelaines présentent un décor particulièrement raffiné sur un fond d’émail très blanc avec un décor bleu enrichis des tous premiers émaux kakiémon qui feront la renommée internationale des porcelaines d’Arita, au point que de nombreuses manufactures européennes imiteront ce décor très particulier.
Ce type de pièces primitives est extrêmement rare de nos jours, la majorité étant conservée dans les grands musées.
* « Kakiémon » est tiré du nom du potier japonais qui a mis en avant l’art de l’émaillage, Sakaida Kakiémon. Les premières porcelaines à motif Kakiémon ont été fabriquées dans les ateliers d’Arita dans la préfecture de Sage au milieu du XVIIe siècle. Ces lieux sont actuellement classés comme site historique national du Japon. Aussi, cette technique artisanale est considérée comme un des patrimoines culturels japonais. Ce style décoratif est fait en général sur un arrière-plan blanc laiteux, nommé nigoshide en japonais. Ce fond accentue la délicatesse et le raffinement des porcelaines. Les dessins composant le motif sont structurés de manière asymétrique. Ils gardent cependant une certaine forme d’équilibre et d’harmonie. La plupart des images composées sont typiques de la culture nippone : chrysanthème, abricotier du Japon, bambou, cailles…