Paire de consoles aux quatre saisons, Rome vers 1700

... symbolisant l’hiver l’aide d’une seule main et lui présente de l’autre une torche enflammée pour la réchauffer.
Leurs jambes délicatement enlacées évoquent une tendre complicité.

Bois résineux (probablement « Pinus Pinea », le peintre parasol romain) laqué blanc pour le corps , marron pour les tertres rocailleux et doré à la feuille pour les drapés et les attributs des saisons.

Epais plateau en placage de marbre brèche Africain* sur une âme en tuf volcanique.
Les morceaux de placage, de formes circulaires régulières, nous indiquent le rémploi d’une colonne antique découpée en tranches.

Bel état de conservation, laque et marbre d’origine.

Travail Romain vers 1700.

Dimensions :

Hauteur: 99,5 cm ; Largeur : 158,5 cm ; Profondeur : 73 cm
Epaisseur des plateaux : 5,5 cm

Provenance :

Vente Drouot Paris 26 Avril 1989 (634 800 francs) ; une des deux tables est illustrée dans le catalogue Drouot des plus beaux résultats de l’année 1989.

Notre avis :

Notre paire de tables aux quatre saisons représente la quintessence de l’art baroque romain.
Les grandes figures de nos piétements avaient pour but de présenter les luxueux plateaux en marbre antique ainsi que les collections de bronzes et de bustes qui prenaient place dessus.
Généralement positionnés dans les grandes galeries des palais italiens, elles permettaient au public d’admirer les collections d’antique et ainsi d’affirmer la puissance de leurs propriétaires.
Le plus bel exemple de cet art se trouve au palais Colonna ou la grande galerie de soixante seize mètres inspira probablement le roi soleil pour son palais de Versailles.
La présence du mobilier original nous permet encore aujourd’hui d’admirer la série de grande consoles aux figures de captifs qui prennent place de part et d’autre de la galerie.
De malheureux turcs vaincus à la bataille de Lépante par Marcantonio Colonna sont condamnés à supporter les lourds plateaux d’albâtre antique et les interminables séries de bustes d’empereurs romains qui posés dessus.
Si cette galerie figure parmi les tous premiers exemples de ce type et possède la mérite d’avoir un décor d’origine préservé, nous savons que d’autres galeries, comme par exemple celle du palais ducal de Mantoue, ou encore celle du Palais Buonaccorsi de Mancerata étaient meublées de la même sorte.
Mais c’est surtout à Rome ou une profusion de demeures avec de grandes galeries furent construites à l’époque baroque que cette mode connue le plus de succès.
Les palazzo Spada,s Doria Pamphili , Corsini, Farnèse, Barberini… arboraient de telles consoles avant d’être remises au goût du jour au 18ème siècle avec des séries de consoles plus classiques.
L’extrême rareté de ce type de table vient aussi du fait qu’elles nécessitaient des sections de bois trés importantes ainsi que du précieux marbre antique que toute la noblesse romaines se disputait.
Enfin il fallait embaucher un grand sculpteur car un simple menuisier ne pouvait mener à bien un tel travail de sculpture ou les proportions et la grâce sont primordiales.
Souvent le thème trés dur du captif ou de l’esclave grimaçant sous le poids de sa charge est utilisé pour ce type de travaux, mais nos consoles présentent des figures aux airs enjoués et rieurs qui supportent le poids avec une grande allégresse.
Le thème des quatre saisons est important dans la région du Latium qui est une importante terre agricole depuis l’antiquités mais il présente une double signification car il symbolise aussi les différent âges de la vie.
Cet effet « mémento mori, » qui rappelle le temps qui passe et le caractère mortel de chacun était une notion trés importante dans la cité éternelle, les familles les plus puissantes évoluant souvent dans la hiérarchie de l’église chrétienne.



L’Africano ou marbre africain est un marbre brèche qui figurait parmi les roches les plus prestigieuses à l’époque Romaine ou il était dénommé « Marmor Luculleum ».
Son nom lui a été donné, parce que Lucullus fut le premier qui en introduisit l’usage à Rome, après l’avoir rapporter d’Egypte.
Il existe plusieurs sortes, à dominance verte provenant d’Afrique , ou encore une variété rose qui viendrait da la carrière de Théos en Turquie.
Exporté dés l’époque d’Auguste, il sera trés utilisé (Théâtre de Marcellus ; Panthéon, Forum, temple de la paix…) au point que les carrières seront rapidement épuisées.
Marbre de luxe particulièrement décoratif il sera ensuite récupéré lors des fouilles incessantes de Rome, afin d’être réemployé, souvent à l’état de placage, pour économiser la précieuse matière.