Par Franck Baptiste Paris
Rarissime paire d’aiguières en porcelaine de Chine et monture en bronze doré.
Chaque aiguière est constituée d’un vase en porcelaine de forme balustre à glaçure céladon finement craquelée de type Guan, enrichie de deux mascarons à têtes de lions et de deux bandeaux à frises de lingzhi et de masques « Taoti » en porcelaine brune non émaillée.
La monture en bronze est constituée d’un socle et d’un déversoir à décor rocaille d’acanthes, tous deux reliés par des anses dédoublées et entrecroisées.
Très bel état état de conservation.
Belle qualité de ciselure; dorure au mercure d’origine.
La porcelaine, Chine, Jingdezhen, province du Jiangxi, début du règne de l’empereur Qianlong vers 1740.
La monture en bronze finement ciselé et doré au mercure, Paris vers 1750.
L’ensemble très certainement commandité par le marchand-mercier Thomas Joachim Hébert (1678-1773).
Travail Parisien d’époque Louis XV vers ...
... 1750.
Dimensions :
Hauteur : 19 cm
Oeuvres en rapport :
-Musée du Louvre paris, Paire d’aiguières N°Inv OA5496
-Sotheby’s Paris 11 Octobre 2022 vente Hotel Lambert lot 28, provenant de l’ancienne collection Dillée
-Collection du prince du Liechtenstein, une aiguière N° Inv PO 2100
-Musée Världskultur de Göteborg , une aiguière N° Inv CXV-1573
-Musée du chateau de Versailles, fontaine à parfum du roi Louis XV N°Inv V525
-Musée du petit palais, un vase sans monture N° Inv ODUT 1733
Notre avis :
Les porcelaines de nos aiguières font partis d’un petit corpus de vases à glaçures céladon craquelées réalisés en Chine au début du règne de l’empereur Qianlong (1735-1796) .
Ces précieuses porcelaines apparaissent dans les inventaires à partir des années 1740 ou elles sont mentionnées comme des « porcelaines truitées ou craquelées » selon la finesse de leurs réseaux de craquelures; cette notion étant bien définie dans l’inventaire après décès du vicomte de Fonspertuis en 1747.
Mais la première mention d’un objet monté de ce type est la fontaine à parfum que le marchand mercier Thomas -Joachim Hébert livre au roi Louis XV le 18 Mai 1743.
Elle allie la porcelaine Céladon craquelée à une monture rocaille sur le thème de l’eau, avec des écrevisses et des roseaux, probablement réalisée d’après les dessins des frères Soldtz.
Suite à la livraison de ce chef d’oeuvre royal quelques pièces de même goût seront produites à Paris pour une élite de la noblesse.
Ainsi nous pouvons les retrouver quelques décennies plus tard dans les inventaires après décès d’importants collectionneurs comme Mr Gaillard de Gagny (1762), Mr Gaignat (1769) , la Duchesse de Mazarin (1781) ou encore le Duc de Choiseul (1793).
Les plus belles pièces sont indéniablement les grandes aiguières à montures aux dragons, dont on ne connait qu’une poignée d’exemplaires.
Nos deux aiguières sont de taille plus modeste et il est d’ailleurs fort probable qu’elles firent partie à l’origine d’une garniture plus vaste, constituée de plusieurs vases.
Outre son grand intérêt décoratif, notre paire à le mérite de faire partie d’un corpus extrêmement restreint, qui constitua la quintessence des objets d’art au début du règne de Louis XV.