Par Galerie Thierry Matranga
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Tableaux anciens, dessins, sculptures, objets religieux
École flamande vers 1600, paire d'huiles sur panneaux formant pendant, atelier de Gillis van Coninxloo II.
Si selon l’adage, « la nature aime à se cacher », l’élite du Grand Siècle aime s’y montrer en train de se promener par pur plaisir. Rompant avec l’imaginaire médiéval qui la percevait comme un lieu empreint de mystère, la forêt devient le théâtre de pérégrinations où l’on se prête à une expérience sensorielle de la nature. Notre paire de tableaux témoigne ainsi de cette expérience nouvelle. Sur le panneau de gauche, un couple vêtu de riches habits de ville accompagné de leurs deux lévriers déambule en badinant, et pour eux, la forêt domestiquée n’est plus un terrain de chasse mais l’occasion d’une sortie galante. Le panneau de droite restitue quant à lui un humble fragment de la vie familiale incarné par la promenade de ce couple avec son enfant. Au second plan des deux compositions, l’espace est animé par des figures dont la ...
... présence nous conduit subtilement vers un horizon lointain dont les tons bleutés se fondent avec le ciel, formant un tout harmonieux.
Inscrit dans la tradition flamande du paysage initiée par Pieter Brueghel l’Ancien et poursuivie par Gillis van Coninxloo II au XVIe siècle, notre artiste, vraisemblablement rattaché à l’atelier de Coninxloo, place le spectateur et la ligne d’horizon à un niveau abaissé, ce qui confère toute leur force aux éléments minéraux et végétaux. Cette forêt est scandée de troncs tortueux et de reliefs rocheux conçus comme un rideau fermant les scènes sur les côtés. Le feuillage des arbres est rendu par de larges tâches aux formes indécises sur des fonds unis, alternant masses claires et masses sombres de sorte à simuler la pénétration des rayons du soleil. En bon peintre de paysage, notre artiste nourrit son imagination d’une observation directe de la nature qui lui permet de déployer toute la poésie d’une scène de vie champêtre calme et sincère. Selon le cardinal Federico Borromo, grand collectionneur de paysages flamands, « ces vues peintes enferment sur une surface réduite toute la terre et le ciel, [de sorte que] que nous pouvons y faire de longues pérégrinations spirituelles, tout en restant tranquillement dans notre chambre ».
Nos deux peintures sont délicatement soulignées par des cadres en bois sculpté et doré dits « à la Bérain » d’époque Louis XIV.
Dimensions : 37,5 x 27 cm – 44 x 33,5 cm avec le cadre
Gillis van Coninxloo II (bapt. Anvers, 24 jan. 1544 – Amsterdam, 1606) anciennement appelé Coninxloo III à tort, apprend la peinture auprès de Pieter van Alst II avant de devenir maître de la guilde de saint Luc d’Anvers en 1570. Fuyant la prise de la ville par Alexandre Farnèse en 1585, il s’établit à Frankenthal, petit village allemand peuplé d’immigrés flamands élevé au rang de ville par le duc Jean-Casimir, régent du Palatinat. L’influence de ce nouveau foyer de production de peintures de paysage est telle que sa manière caractérisera l’école dite de « Frankenthal ». Quittant cette ville en 1595, Coninxloo s’établit en Hollande où son style se prolonge encore dans le premier tiers du XVIIe siècle.
Bibliographie :
- TAPIE, Alain, WEEMANS, Michel, Fables du paysage flamand, (cat. exp. Lille, Palais des beaux-arts, 6 octobre 2012-14 janvier 2013),Paris, Somogy, 2012.
- THIERY, Yvonne,Les peintres flamands de paysage au XVIIe siècle?: des précurseurs à Rubens, Bruxelles, Lefèbvre et Gillet, 1988.
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