Par Franck Baptiste Paris
Paire de flambeaux en cristal d’opale translucide dite « opaline bulle de savon»*.
Rarissime modèle avec les socles circulaires, des fûts coniques et des bobèches en forme de vases Médicis entièrement en opaline pressée et moulée.
Les socles enchâssés dans une monture en bronze finement ciselé et doré au mercure, à décor de tôres de frises de perles.
Bobèches en bronze à décor de frises de palmettes.
Trés bel état de conservation.
Travail de la manufacture royale du Creusot*, période de Jean François Chagot, vers 1820.
L’attribution de nos flambeaux à la manufacture découle de dessin présent dans le catalogue des tarifs de la célèbre cristallerie.
Dimensions : Hauteur : 25,5 cm
Une paire de flambeaux proches, dont la forme est elle aussi référencée dans le catalogue de la manufacture du Creusot est conservée au musée des arts décoratifs de Paris sous le numéro d’inventaire 34462.
*Le cristal d’opale aussi dénommé ...
... opaline « clair de lune » ou « bulle de savon » est un verre translucide à l’aspect blanc laiteux et aux reflets irisés.
Il est réalisé par l’adjonction d’oxyde d’étain et d’os calcinés dans le verre.
Découvert à la fin du 18 ème siècle, il va connaitre un essor considérable dans les années 1820, notamment sous l’impulsion de la Manufacture Royale du Creusot qui emploie plus 300 ouvriers et exporte sa production dans l’Europe entière.
Notre avis :
La paire de flambeaux que nous présentons est extrêmement rare, elle fût commercialisée juste après l’exposition des produits de l’industrie de 1818 ou la manufacture du Creusot se démarqua par l’originalité de sa production.
Si de nombreux flambeaux d’époque Charles X avec de l’opaline sont connus, ils présentent souvent et uniquement un fût en opaline « pâte de riz » avec une armature, un socle et une bobèche en bronze .
L’apparition de techniques nouvelles dans les années 1825 va peu peu saturer le verre et lui faire perdre son coté translucide.
Nos flambeaux sont au contraire entièrement en opaline « bulle de savon », avec des fûts creux qui permettent à la lumière de passer à travers un verre qui sert de filtre dichroïque.
En fonction de la polarisation qui les traverse, ils revoient tout une palette de reflets irisés aux tonalités les plus variées.
Les montures en bronze sont trés discrètes et ne servent qu’a souligner la matière, de la même manière que furent jadis montées les laques ou les porcelaines.
Le décor de la monture qui est du plus pur style empire nous permet de les dater de la période d’apogée de l’opaline, dans les années 1820, c’est à dire de la période ou cette matière était encore un objet de trés grand luxe et bien avant les premières tentatives pour faire baisser les coûts de productions.
Si l’objet peut paraitre assez simple au premier regard, il est d’une rareté la plus extrême, surtout en bon état et avec ses bobèches d’époque.
En effet à notre connaissance seule quelques paires de ce type sont connues dont la nôtre et une avec un fût légèrement différent exposée au musée des arts décoratifs de Paris sous le numéro d’inventaire N°35462.
*La manufacture royale du Creusot
C’est en 1787 que la Manufacture des Cristaux de la Reine est transférée de Sèvres au Creusot. A dominance encore rurale, le territoire est choisi pour ses ressources naturelles, matières premières indispensables à la fabrication du verre et du cristal, dont des mines de charbon à proximité immédiate. La présence de cette houille en sous-sol a permis, en 1782 de devenir la première fonderie au coke d’Europe continentale.Grâce à l'habileté et à la science de ses dirigeants, sans oublier la valeur professionnelle de la main-d'œuvre, la Cristallerie de la Reine surclassa rapidement les produits anglais, même sur les marchés étrangers.Mais la Cristallerie a beaucoup à souffrir des suites de la Révolution. Ses affaires périclitent et la situation financière devient critique.La Société est bientôt acculée à la faillite.Après une courte reprise en 1803 et malgré l'habileté de ses collaborateurs, les administrateurs du Creusot sont contraints de mettre une seconde fois les établissements en vente, en 1813.Cette fois encore, ils ne trouvent pas d'acquéreurs et la liquidation ne se fit définitivement qu'en 1818.C'est M. Chagot, principal créancier, qui achète toutes les actions, le 8 mai 1818.En 1823, M. Chagot obtient pour ses travaux une médaille d'or et est autorisé à donner à son établissement le titre de « Manufacture Royale ».Plus de 300 ouvriers s’affairent à produire du cristal taillé, gravé ou encore les précieuses opalines dont toute l’Europe raffole.Malheureusement l’élan de la manufacture sera coupé par son décès prématuré en 1824 qui sonnera le glas de la célèbre manufacture.Cette dernière sera racheté par les manufactures concurrentes de Baccarat et St Louis pour être définitivement fermée en 1832.
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