Par Franck Baptiste Paris
Rare paire de flambeaux en bronze finement ciselé et doré, au mercure agrémentée de deux sujets en porcelaine bleu et blanche représentant les jumeaux « Ho-Ho »* .
Assis sur des tertres ils sont adossés à des arbres garnis de fleurettes en porcelaine qui font office de bras de lumières et supportent les coupelles et les bobèches.
Les socles et les coupelles de formes polylobées sont délicatement ciselés de frises de perles.
Les tertres sont agrémentés de petites pousses végétales ; sur un fond granuleux imitant la terre et les culots des bobèches reçoivent un fin décor de rinceaux.
Les arbres nerveusement traités en coup de fouet sont agrémentés de feuilles en bronze et constellés de petites fleurettes en porcelaine.
Chine, époque Kangxi vers 1700 pour les deux sujets en porcelaine.
Manufacture de St Cloud vers 1710-1720, pour les fleurs en porcelaine pâte tendre.
Paris, travail d’un marchand mercier bijoutier parisien vers 1710-1720 ...
... pour la monture en bronze.
Bel état de conservation, dorure d’origine au mercure, petites restaurations d’usage aux sujets en porcelaine et quelques fleurettes postérieures.
Dimensions :
Hauteur : 15 cm
*Les jumeaux Ho-Ho sont des personnages mythologiques chinois symbolisant la bonne entente et la concorde dont l’attribut est la fleur de nénuphar.
Ils sont un porte bonheur trés à la mode durant le règne de l’empereur Kangxi (1661-1722) et sont produits en grand nombre en biscuit comme en porcelaine dans les fours de Jingdezhen et de Dehua.
Notre avis :
La délicate paire de flambeaux que nous présentons fait partie des toutes premières porcelaines montées à Paris à la fin du règne de Louis XIV ou au début de la régence.
Elle fait partie d’un corpus trés restreint d’objets pouvant être rattachés à un marchand mercier bijoutier oeuvrant à Paris dans les premières décennies du 18 ème siècle.
Son style se reconnait par l’utilisation de sujets en porcelaine orientale, majoritairement des « blancs de Chine » issus des fours de Dehua qu’il monte sur des socles trés fins, presque plats, à la ciselure trés fouillée, souvent agrémentés de petits détails rapportés (fleurs, coquillages, pousses végétales).
Les formes polylobées dont il se sert sont encore d’un style Louis XIV trés pur, tout comme sa ciselure qui imite la gravure.
Outre l’extrême délicatesse de ces montures, l’utilisation de fleurettes blanches en porcelaine pâte de St Cloud est récurrente dans son oeuvre.
Il est notamment le seul à fixer ses fleurettes, non pas avec de la colle, mais à l’aide de petits écrous dorés.
La maitrise de cette technique et les nombreux éléments miniatures rapportés sont caractéristiques du travail d’un bijoutier et donnent à ces pièces un caractère extrêmement précieux qui correspond parfaitement à l’appellation « bijoux » qui servait à décrire ce type de pièces durant le règne de Louis XIV.
Plusieurs hypothèses sur l’identité de notre bijoutier nous viennent à l’esprit comme celle d’Edme -François Gersaint (1694-1750) qui fût un des plus grands marchands merciers de Paris mais le peu de pièces connues et l’absence de pièces de style Louis XV nous poussent vers une production encore plus élitiste.
L’hypothèse la plus sérieuse est à ce jour celle de Laurent Danet qui fût un des plus grands pourvoyeurs de bijoux, de pierres dures montées et de porcelaine orientale de la couronne.
Outre ses qualités de bijoutiers et son commerce de porcelaine orientale, sa mort en 1720 correspond parfaitement avec l’arrêt de cette production.
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