Par Galerie Philippe Guegan
Acajou massif, placage d’acajou et citronnier.
Les dossiers de forme concave sont surmontés d’une traverse débordante en acajou massif, non pas cintrée, mais évidée dans une bille d’acajou et ornée d’un décor de filets sur le pourtour et de deux palmettes en citronnier. Cette traverse en hémicycle est raccordée à la ceinture avant par la courbe des deux accotoirs en forme de trompes. Ces accotoirs, en acajou unis, sont sculptés à leur extrémité d’une large palmette, ainsi que d'un faisceau de joncs, et ils se terminent par des fleurs de lotus stylisées. L’assise, demi ronde, reposent sur des pieds en sabres, à l’avant comme à l’arrière.
Époque Empire, Paris vers 1815
Garniture en drap de laine vert, galonné en noir
Nous remercions Monsieur Sylvain Cordier d'avoir aimablement confirmé l'attribution de cette paire de fauteuils
Pierre-Antoine Bellangé (1757-1827), menuisier reçu maître à Paris en 1788, dirigea un important atelier ...
... rue Neuve-Saint-Denis à Paris. Chargé de commandes de la Maison de l’Empereur, il livre plusieurs ensembles de meubles pour le château de Laeken à Bruxelles et réalise le mobilier du salon des petits appartements de l’Empereur à Saint-Cloud. Il reçoit en 1812 la commande du mobilier du grand salon ou salon d’exercice de l’appartement du Roi de Rome aux Tuileries. Sous la Restauration, en 1817, il fut gratifié du titre de fournisseur breveté de la Couronne, et en 1818 il obtient une commande du président des États-Unis, James Monroe, qui lui assure une réputation internationale, celle du mobilier du salon ovale de la Maison Blanche (actuelle Blue Room).
Il s’associe en 1820 avec son fils aîné, Louis-Alexandre (1796-1861), à qui il laisse progressivement la direction de l’atelier, et se retire complètement des affaires en 1825.
La forme de ces sièges est inspirée par l’antiquité grecque et la chaise klismos, dont la silhouette caractéristique se compose d’un dossier de forme concave à traverse débordante et de pieds sabres à l’avant comme à l’arrière.
Cette forme antiquisante, adaptée pour de grands sièges en acajou, fut introduite dans le répertoire des arts décoratifs français par un dessin de Charles Percier (1764-1838), donné pour l’ébéniste Georges Jacob, à la fin du XVIIIe siècle. Puis d’autres exemples furent publiés par Percier et Fontaine dans leur "Recueil de décorations intérieures" (1801 et 1812), mais également par Beauvallet et Lenormand dans "Fragments d’architecture, sculpture et peinture dans le style antique" (1804). Plusieurs sièges de ce type figurent dans les différents volumes de La Mésangère "Collection de meubles et d’objets de goût" (1802 à 1815), de sorte qu’ils demeurent une forme très recherchée en France, au cours des deux premières décennies du XIXe siècle.
Quoique non signés, nos fauteuils peuvent être formellement identifiés comme étant l’œuvre de Pierre Antoine Bellangé. Non seulement par leur grande qualité d’exécution, mais aussi par de nombreux détails stylistiques qui sont la signature de l’atelier de Bellangé.
Avec leurs dossiers à planche concave, ils sont d’une forme très originale et plutôt unique dans le corpus des sièges estampillés par ce grand ébéniste, mais ils peuvent être rapprochés d’une bergère en hémicycle d’époque Empire estampillée P.BELLANGE, de même gabarit, apparue récemment sur le marché (Orne Enchères, Alençon le 28 octobre 2017, lot n° 177).
Ce dossier en hémicycle est orné d’incrustations de citronnier, qui forment un filet clair sur son pourtour, et se terminent à chaque extrémité en deux doubles croches - un autre motif affectionné par Pierre Antoine Bellangé, présent de façon récurrente dans la sculpture de ses sièges Empire – Ce motif de double croches est mis en œuvre de façon assez similaire dans un projet de meuble à l’aquarelle du carnet Bellangé conservé au Metropolitain Museum de New York.
La sculpture des accotoirs en forme de trompes est également très caractéristique des sièges Empire sortis de l’atelier de Pierre Antoine Bellangé. Ils sont souvent sculptés de faisceaux de joncs, comme les sièges livrés pour le maréchal Berthier (Cordier, catalogue raisonné PAB 58), ou sculpté d’une large palmette comme les sièges de l’ancienne collection des princes de Bauveau, livrés pour Madame de Cayla au château de Saint Ouen (cat. PAB 110), ou ceux de l’ancienne collection Enjubault, vendus à Cheverny en 2000 (cat. PAB 87).
Les accotoirs de nos fauteuils combinent ces deux ornementations de l’atelier de Bellangé, une large palmette et un faisceau de joncs, et ils sont en cela parfaitement identiques aux accotoirs d’un mobilier de salon estampillé Bellangé, livré pour le prince de Condé au château de Chantilly, (cat. PAB 100).
Bibliographie : Sylvain Cordier, Bellangé, ébénistes. Une histoire du goût au XIXe siècle, mare & martin, Paris 2012
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