Par Franck Baptiste Paris
Rare paire de candélabres à deux bras de lumières en bronze doré.
Modèle à décor d’égyptiennes agenouillées ; vêtues de pagnes et coiffées de némès elles supportent sur leurs têtes un mât à deux bouquets de lumières en forme de cornes d’abondance ornées de palmettes et se terminant en trompettes.
Au sommet rayonne une étoile à six branches emprisonnée dans un cercle de bronze.
Imitant les temples égyptiens, les bases à pentes inclinées sont finement sculptées de hiéroglyphes.
Elles reposent sur des socles rectangulaires en marbre rouge griotte.
Au revers les deux bases en bronze portent les numéros d’inventaires : St L N°2.*
Trés bel état de conservation, dorure d’origine à double patine amatie et brillante.
Travail de Claude Galle à Paris vers 1804, pour Louis Bonaparte et Hortense de Beauharnais au château de St Leu.
Dimensions :
Hauteur : 51 cm ; Largeur : 17 cm ; Profondeur : 14 cm
Nous présentons indépendamment une ...
... pendule « au sphinx de Gizeh », assortie au candélabres, avec le même marbre rouge griotte mais ne portant pas la marque de St Leu.
* La marque d’inventaire « StL N° 2 » est celle du château de St Leu situé à St Leu la forêt. (Val d’Oise)
En 1804, le jeune frère de l’empereur Napoléon 1er, Louis Bonaparte (1778-1846) et sa femme, Hortense de Beauharnais (1783-1837), firent l’acquisition du château d’en haut et du château d’en bas. Ils firent démolir le premier et réunirent les deux domaines pour former un parc de 80 hectares environ. Le parc fut alors remanié par Louis-Martin Berthault, qui travailla également au château de Malmaison. La partie supérieure s’agrémenta de fabriques (une vallée suisse avec chaumières, le pont du diable sur un chemin encaissé et un monument égyptien) tandis que trois étangs furent créés dans la partie inférieure. Ce jardin est connu par des gravures telle celle de Constant Bourgeois. Après sa séparation d’avec son mari (qui prit le titre de « comte de Saint-Leu »), en 1810, la reine Hortense conserva Saint-Leu, où elle donna des fêtes brillantes. En 1814, Louis XVIII la fit duchesse de Saint-Leu mais, en 1815, accusée d’avoir aidé à préparer le retour de Napoléon Ier, elle prit le chemin de l’exil et dut abandonner le domaine.
Provenance :
-Louis Bonaparte et Hortense de Beauharnais au château de St Leu
Comme pour de nombreux autres objets provenant de St Leu :
-Probablement Elisa Napoléone Baciocchi princesse de Lucques et Piombino (née à Lucques, le 3 juin 1806 - morte à Colpo, le 3 février 1869)
-Puis par descendance jusqu’au partage de la succession Baciocchi le 22 juin 1924 à l’île Rousse en Corse.
-Collection privée New York
Modèles similaires :
Christie’s Paris 16 Décembre 2002 lot 230 : 35 250 euros
Christie’s Paris 1 Juin 2005 lot 164 : 38 400 euros
Modèles similaires avec pendule assortie :
Vente publique FL auction 13 Juin 2014 : 63 750 euros
Modèles trés proche avec pendule :
-Musée d’art et d’histoire de Genève
-Hôtel de Beauharnais
Notre avis :
A la suite de la campagne d’Égypte menée par Bonaparte entre 1798 et 1802, une mode nouvelle s’installa en France : L’Egyptomanie.
Elle toucha frénétiquement tous les domaines, sculptures, peintures, ameublement, mode vestimentaire…
Une des plus ferventes admiratrices de ce style nouveau fût Hortense de Beauharnais.
A l’opposée de son mari qui était plus effacé, Hortense dirigea les travaux de décoration de leurs nombreuses résidences et dépensa sans compter.
C’est assurément elle qui eu l’idée d’emménager le parc de Chateau de St Leu à la manière du Trianon de Marie Antoinette, c’est à dire avec des fabriques et surtout un monument en forme de temple égyptien d’ou sont probablement issus nos candélabres.
Hortense dirigea aussi en 1803 les travaux d’emménagement de l’Hôtel de Beauharnais qui appartenait à son frère.
Les sommes dépensées furent telles que l’opinion publique en fût émue et l’empereur trés remonté, menaça de réquisitionner purement et simplement l’hotel.
En effet elle ne lésina pas sur les moyens et fît dans le grandiose avec là aussi un porche d’entrée en forme de temple égyptien et un ameublement assortit réalisés sous les ordres de l'architecte Laurent-Edmé Bataille et de l'administrateur du mobilier impérial, Étienne-Jacques-Jérôme Calmelet-Durozoy.
C’est donc probablement en collaboration avec ces deux derniers et d’après les dessins du recueil de Dominique Vivant-Denon « Voyage dans la basse et haute Egypte », publié en 1802 que le célèbre bronzier parisien Claude Galle (1759-1815) réalisa plusieurs modèles de candélabres égyptiens pour l’ameublement de ces résidences dans les années 1803 et 1804.
Il est d’ailleurs fort possible que la paire que nous présentons soit le premier prototype de ce modèle, réalisé spécialement pour le château de St Leu avant que notre bronzier en commercialise d’autres rares exemplaires dans les années suivantes.
En parfait état, avec leur décor exceptionnel et leur provenance Bonaparte les deux candélabres que nous présentons sont tout simplement des pièces de musée de premier plan.
Retrouver le mobilier ou les objets d''art similaires à « Paire de candélabres pour Louis Bonaparte à St Leu vers 1804 » présenté par Franck Baptiste Paris, antiquaire à Paris dans la catégorie Bougeoirs et Chandeliers Empire, Luminaires.