Par Franck Baptiste Paris
Rare paire de bols en porcelaine blanche ornée sur toutes les faces d’un décor floral polychrome, constitué d’émaux « Kakiémon* » de couleurs verte, bleue, jaune et kaki.
Bel état de conservation, un fêle sur un des deux bols.
La porcelaine : four d’Arita, préfecture de Saga, Japon vers 1700.
La monture en bronze doré au mercure est constituée d’un cerclage à trois anses rectangulaires et d’un socle tripode à culot feuillagé et pieds de biche.
Paris, première moitié du XVIIIe siècle.
Provenance :
Collection Sir Anthony Du Boulay (1929-2022), directeur du département Céramique chez Christie’s puis président de Christie’s Genève.
Il est aussi conseiller honoraire pour la céramique auprès du National Trust et a notamment joué un rôle très important au sein de la Société de Porcelaine Française et de l’Oriental Ceramic Society.
Dimensions :
Hauteur : 12 cm ; Diamètre : 11,5 ...
... cm.
Notre avis :
Sortie des fours d’Arita à la fin du 17ème siècle, notre paire de bols fut exporté en Europe par la toute puissante « VOC » (compagnie néerlandaise des Indes orientale) qui avait établi un comptoir au pays du soleil levant dès le milieu du XVIIème. Ce type de pièces fait partie des toutes premières porcelaines exportées en Europe, avant même le grand commerce avec la Chine. Cette porcelaine, pratiquement inconnue sur notre continent, est réservée à une élite princière ; elle est tellement onéreuse à cette époque-là qu’elle est collectionnée pour la matière en elle-même. C’est pourquoi elle fut détournée de son usage utilitaire et contrairement aux montures rocailles qui feront l’essentiel du prix des pièces de ce type au siècle suivant, c’est bien ici la porcelaine qui est mise en valeur par un discret socle, telle une sculpture.
Nos porcelaines présentent un décor particulièrement raffiné sur un fond d’émail très blanc avec un décor bleu enrichis des tous premiers émaux kakiémon qui feront la renommée internationale des porcelaines d’Arita, au point que de nombreuses manufactures européennes imiteront ce décor très particulier.
* « Kakiémon » est tiré du nom du potier japonais qui a mis en avant l’art de l’émaillage, Sakaida Kakiémon. Les premières porcelaines à motif Kakiémon ont été fabriquées dans les ateliers d’Arita dans la préfecture de Saga au milieu du XVIIe siècle. Ces lieux sont actuellement classés comme site historique national du Japon. Aussi, cette technique artisanale est considérée comme un des patrimoines culturels japonais. Ce style décoratif est fait en général sur un arrière-plan blanc laiteux, nommé « nigoshide » en japonais. Ce fond accentue la délicatesse et le raffinement des porcelaines. Les dessins composant le motif sont structurés de manière asymétrique. Ils gardent cependant une certaine forme d’équilibre et d’harmonie. La plupart des images composées sont typiques de la culture nippone : chrysanthème, abricotier du Japon, bambou, cailles…