EUR

FR   EN   中文

CONNEXION
Nicolas-rené Jollain (1732 – 1804) -  La Grotte d’Hercule
Réf : 114140
28 000 €
Époque :
XVIIIe siècle
Provenance :
France
Materiaux :
Huile sur toile
Dimensions :
L. 73 cm X l. 59 cm
Poncelin de Raucourt Fine Arts
Poncelin de Raucourt Fine Arts

Tableaux et dessins du XVIe au XIXe siècle


+ 33 (0)6 84 43 91 81
Nicolas-rené Jollain (1732 – 1804) - La Grotte d’Hercule

Nicolas-René JOLLAIN (Paris, 1732 – id., 1804)
« La Grotte d’Hercule » (Homère chantant ses hymnes aux dieux)

Huile sur toile. H. 0,59; L. 0,73

Provenance : l’un des tableaux trouvés dans l’atelier de Nicolas-René Jollain au lendemain de sa mort : « n° 14, La Grotte d’Hercule, tableau peint sur toile, de 22 pouces de haut sur 26 de large », prisé 16 francs selon l’avis des peintres Alexandre Pau de Saint-Martin et François Vergner (inventaire après décès de Nicolas-René Jollain, Paris, Archives nationales, minutier central, document inédit daté de l’an XI du calendrier révolutionnaire).
Collection particulière, France.

Le tableau que nous présentons (fig. 3) est emblématique du style tardif de Nicolas-René Jollain, l’un des plus importants peintres d’histoire français de sa génération. Elève de Jean-Baptiste-Marie Pierre, lui aussi peintre d’histoire de l’Académie royale, Nicolas-René Jollain y remporta un second prix en ...

Lire la suite

... 1754. Il se fit agréer à l’Académie royale en 1765 puis recevoir en 1771 sur présentation du Bon Samaritain en 1773 (Paris, église Saint-Nicolas-du-Chardonnet). L’artiste fut alors mobilisé pour décorer les résidences royales. En 1771, il livra ainsi deux dessus-de-porte mythologiques pour le Petit Trianon (Clytie changée en tournesol ; Hyacinthe changé en fleur de ce nom ; Versailles, Musée national du Château). En 1781, il fut cette fois chargé de décorer la chapelle du château de Fontainebleau (Jésus au Temple et Jésus au milieu des docteurs ; in situ). La même année, il reçut commande d’un dessus-de-porte pour la chambre de la reine du Château de Marly (Le Sommeil ; Londres, Wallace Collection). Mais Nicolas-René Jollain reste surtout connu pour avoir été l’auteur de nombreux tableaux de format plus modeste qu’il exposa aux Salons des académiciens (ce qu’il avait pu commencer à faire dès 1767, au lendemain de son agrément).

Notre tableau réunit les caractères stylistiques de Nicolas-René Jollain à commencer par le rapport d’échelle entre les figures et le format. Contrairement aux oeuvres commandées pour les résidences royales, on constate en effet bien souvent, dans les tableaux de Jollain, la petitesse de l’échelle des figures. L’artiste allait dès lors pouvoir approfondir le cadre spatial, qu’il soit architectural ou naturel comme c’est le cas ici. Acquise par le Musée de Soissons en 1992, la paire de tableaux sur l’histoire de Pyrrhus illustre parfaitement le phénomène, et on notera au passage que l’arrière-plan de l’un d’eux (fig. 1) montre le même genre de torrent spectaculaire. On relève surtout une multitude d’analogies avec des oeuvres du même artiste. Placée dans l’angle, la silhouette de la jeune femme assise aux jambes repliées l’une sur l’autre resurgit dans un dessin de l’artiste (commerce d’art en 2018 ; fig. 2). La silhouette de Diane, sur la droite, offre quant à elle une ressemblance frappante avec celle du héros achéen tel qu’il figure dans Achille combattant le Scamandre, tableau typique de Jollain (quoique non reconnu comme tel ; commerce d’art en 2023 ; fig. 4). S’avançant d’un pas résolu, chacune des figures a les bras tendus et regarde derrière elle. En réalité, la question posée par notre tableau n’est pas celle de son classement - le nom de Nicolas-René Jollain venant s’imposer – que celle de sa représentation exacte. Précisons d’emblée que l’artiste semble avoir cherché à se distinguer par l’iconographie sophistiquée des oeuvres dont il fut l’auteur. Il dépeignit en effet des sujets d’histoire les plus inattendus, tel Iapix guérissant Énée (commerce d’art français en 1992), La Naissance d’Abel (commerce d’art en 2008) ou encore la paire sur l’histoire de Pyrrhus citée plus haut (musée de Soissons). Mais c’est l’inventaire après décès du peintre (1804) qui montre le mieux l’étendue des sujets peints par Jollain. On y trouve en particulier des illustrations de Paul et Virginie, roman de Bernardin de Saint-Pierre édité peu de temps auparavant (1788). Or, le même document semble bien garder la trace du tableau que nous présentons. La « Grotte d’Hercule » peinte sur toile, mesurant 22 pouces de haut sur 26 de large, soit 59 cm de haut sur 70 cm de large (voir notre rubrique provenance) offre des caractéristiques qui coïncident trop bien avec notre composition.

Il n’en demeure pas moins vrai que l’intitulé indiqué par l’inventaire reste équivoque. Que désigne au juste La Grotte d’Hercule ? Certes, le demi-dieu apparaît bien en vue, dans le tableau, mais il n’est pas véritablement impliqué dans une forme d’action. L’oeil serait plutôt attiré par l’aède muni d’une lyre (quoiqu’elle prenne ici la forme d’une harpe). Toute identification avec Orphée paraît exclue, nul récit mythologique venant relater Hercule écoutant Orphée. Il semble que nous soyons en fait en présence d’un « successeur » réel d’Orphée en la personne d’Homère. La scène serait située dans l’île de Chios où naquit le poète grec, d’où la présence de la grotte spectaculaire du village d’Olympi. Jollain aurait dépeint, sur la gauche, un groupe de jeunes femmes et enfants venus écouter Homère. Au loin, chasseurs et pêcheurs, gagnés par la curiosité, s’approchent du poète. En chantant ses hymnes, dont certains sont avérés être dédiés à Hercule et Diane (parmi d’autres divinités), Homère aurait fini par les faire apparaître. Nicolas-René Jollain n’aurait rien fait d’autre, en réalité, que de transférer le concept d’un des tableaux de Poussin les plus célèbres : L’Inspiration du poète (Louvre). Virgile écrit ses textes, les divinités qui l’inspirent (Apollon et la muse de la poésie) se tenant à ses côtés. Ce serait la différence majeure avec l’oeuvre de Jean-Pierre Saint-Ours (1752-1809) qui date de 1793 (Genève, Musée d’Art et d’Histoire), ou même avec le dessin de Jacques-Louis David réalisé l’année suivante (Louvre). On y voit des Grecs venus écouter Homère qui chante ses poèmes sans que les dieux n’apparaissent pour autant. Par la suite, au 19ème siècle, le sujet allait connaître une véritable vogue (Félix Boisselier, Paul Jourdy). Si l’on considère la génération à laquelle il appartient, Nicolas-René Jollain aurait été le pionnier de ce type de représentation.

Fr. Marandet, Londres, le 27 juillet 2024.

Poncelin de Raucourt Fine Arts

Tableaux XVIIIe siècle Directoire

Retrouver le mobilier ou les objets d''art similaires à « Nicolas-rené Jollain (1732 – 1804) - La Grotte d’Hercule » présenté par Poncelin de Raucourt Fine Arts, antiquaire à Paris dans la catégorie Tableaux XVIIIe siècle Directoire, Tableaux et dessins.