Par Galerie Thierry Matranga
Tableaux anciens, dessins, sculptures, objets religieux
Huile sur panneau. Maître des chatons, Anvers, milieu du XVIIe siècle.
Un perroquet amazone trônant au sommet d’un riche amoncellement de victuailles s’apprête à s’envoler. Sans doute a-t-il senti la menace de ce chaton qui en ferait bien son prochain repas ! D’un panier renversé déborde une abondante farandole de fruits, dont ces raisins qui ont certainement suscité la curiosité du bel oiseau. La rotondité de chaque grain, matérialisée par de délicats rehauts lumineux, est pour le volatile autant de promesses d’un délicieux nectar. De chaque côté du panier, d’autres gourmandises sont disposées dans des coupes en faïence de Delft dont la préciosité tranche avec la rusticité du panier duquel s’échappent des feuilles de vigne. Sous l’une des coupes repose une imposante meule de gouda, nous rappelant que nous sommes dans les Pays-Bas. Derrière celle-ci, une fine flute de vin rouge offre un contraste colorimétrique bienvenu auquel répondent ...
... symétriquement les fruits rouges disposés de l’autre côté de la table. Une nappe bleue délicatement dressée sur celle-ci fait office de ligne d’horizon pour ce spectacle d’abondance. Le contraste de luminosité entre le chat et le perroquet divise la scène selon un axe oblique, renforçant ainsi la tension qui émane de la composition.
Cette nature morte est l’œuvre d’un peintre identifié par les historiens d’art sous le nom de « Master of the kittens » (Maître des chatons), et classée dans le RKD sous le numéro 51343. Par recoupement de plusieurs peintures présentant de fortes similitudes, au premier rang desquelles un chaton au pelage noir et blanc, l’ensemble des experts s’accorde à considérer que ce sont les œuvres d’un même artiste dont l’identité reste à découvrir.
La présence de ce chaton conjuguée à celle du perroquet permet d’animer la composition comme aimaient le faire les artistes du baroque flamand, tel Paul de Vos, à qui l’on doit l’introduction d’animaux turbulents dans les garde-mangers. En effet, la publication d’ouvrages de zoologie par les humanistes de la Renaissance permet aux artistes du Nord de représenter des animaux réalistes afin d’orner leurs compositions. En l’espèce, le perroquet de notre composition, représenté sur le point de s’envoler, les ailes à moitié déployées, prouve que notre peintre était un fin observateur de la nature. La représentation de psittacidés dans la peinture des Pays-Bas est réminiscente de leur succès dans le commerce colonial.
Si cette école anversoise de la nature morte est souvent opposée à celle des Pays-Bas du Nord, notre artiste ne rompt pas complètement avec le style des Hollandais. En effet, il déploie une science de la composition où le nombre d’objets demeure limité au regard de l’avalanche de victuailles présente dans les œuvres de ses contemporains flamands. Une sélection soigneuse des objets lui permet d’opposer des couleurs complémentaires : vert du perroquet, des raisins et des feuilles de vigne d’un côté, et rouge du vin et des fruits d’autre part. Le jaune des produits laitiers, du pain et des fruits ainsi que les blancs de la vaisselle vivifient l’ensemble. Ces tons ardents confèrent un aspect bigarré au tableau, que renforce le bleu de la nappe et la robe marbrée du chaton. Ainsi, la clarté et la lisibilité de sa composition le rapproche des peintres haarlémois du milieu du XVIIe siècle, tel Floris van Schooten, à qui il empreinte les arrière-plans clairs et le motif récurent de la motte de beurre striée placée dans une coupe de porcelaine. On peut donc dire de cette œuvre qu’elle est une synthèse des traditions picturales de la nature morte des Flandres et de la Hollande.
Notre tableau est unique au sein de son corpus par la vie qui en émane, par opposition à ses autres œuvres où figure systématiquement du petit gibier mort.
Nous avons choisi de vous présenter cette ample peinture dans un cadre en bois naturel sculpté à motif de feuillage.
Dimensions : 55 x 120 cm - 73 x 138,5 cm avec le cadre
Provenance :
- Vente J. Fievez, Bruxelles du 20 juin 1928 lot n°1 comme Alexander Adriaensen.
- Collection privée allemande.
Bibliographie :
- FOUCART-WALTER, Élisabeth, Le chat et la palette?: le chat dans la peinture occidentale du XVe au XXe siècle, Paris: Adam Biro, 1987.
- GREINDL, Edith, Les peintres flamands de nature morte au XVIIe siècle, Sterrebeek, Editions d’Art Michel Lefebvre, 1983.
- L’Odyssée des animaux?: les peintres animaliers flamands du XVIIe siècle, Sandrine Vézilier, (Cat. Exp. Musée de Flandre, Cassel du 8 octobre 2016 au 22 janvier 2017), Editions Snoeck, 2016.
- WILLIGEN, Adriaan van der, MEIJER, Fred G., A Dictionary of Dutch and Flemish Still-Life Painters Working in Oils : 1525-1725, Leiden, Primavera press, 2003.
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