Par Franck Baptiste Paris
Exceptionnel miroir en bois de tilleul doré à la feuille.
Le cadre richement sculpté présente une double bordure, constituée d’une frise de feuilles de lauriers et décoinçons à feuilles d’acanthes, de rinceaux de bouquets de roses et de tournesols ajourés, sur un fond de treillis finement gravé dans les apprêts.
Il supporte un important fronton à feuilles d’acanthes ajourées avec au centre le dieu Jupiter sur son aigle, coiffé de sa couronne et armé d’un foudre.
De chaque coté, deux puttis agenouillés tiennent à bout de bras de larges guirlandes de fleurs qui retombent en chutes de chaque coté du cadre.
Grande qualité de sculpture.
Verre au mercure.
Très bel état de conservation.
Aix en Provence, époque Louis XIV, fin du 17 ème siècle.
Dimensions :
Hauteur : 172 cm ; Largeur : 115
Un miroir au décor proche figurait dans les collection du marquis de Lagoy.
Notre avis :
L’exceptionnel miroir que nous présentons ...
... arbore un décor très Louis quatorzien de divinité toute puissante.
Ce type de décor allégorique représentant Jupiter sera un leitmotiv durant tout le règne du roi soleil.
On le retrouvera notamment dans les passages de la littérature de l’époque, comme dans la comédie Amphytrion écrite par Molière « Jupiter, dans une nue, sur son aigle, armé de sa foudre, au bruit du tonnerre et des éclairs », mais aussi dans « Les Amours de Jupiter et Sémélé « de Boyer « JUPITER descend, porté par son aigle, au milieu des nuées enflammées ou encore dans « La Toison d'or » de Pierre Corneille : « Le ciel s'ouvre [...] Ce maître des dieux y paraît sur son trône, avec Junon à son côté ».
Notre miroir correspond aux tous premiers modèles produits en Provence par des artistes romains fraichement arrivés.
La cité aixoise est en ébullition depuis que l’archevêque Michel de Mazarin à décidé la construction d’un nouveau quartier sur des terrains cédés par l’église.
Dès lors l’élite de la noblesse provençale va se faire construire de magnifiques hôtels particuliers, attirant dans son sillon de nombreux artistes peintres, sculpteurs, doreurs …
Les artistes italiens seront très recherchés, d’une part pour satisfaire à la mode impulsée par le frère de l’évêque, le Cardinal Mazarin mais aussi pour leurs capacités à produire ces rares miroirs, qui sont la fierté de la France depuis que le roi a fait construire la galerie des glaces dans son château de Versailles.(1678-1684)
Notre miroir fût probablement commandé dans se contexte culturel afin de montrer d’une part la richesse de son commanditaire mais aussi sont attachement à l’église catholique romaine.
En raison de leurs prix exorbitants et leurs grandes fragilités , peu de ces pièces d’apparats nous sont parvenues, surtout en bon état de conservation.