Par Franck Baptiste Paris
Important miroir d’apparat en verre de Venise et cuivre repoussé.
Rare forme octogonale avec un verre central biseauté sur tous les cotés.
Il est encadré par huit bordures à fond de glace ; chaque bordure est séparée par des baguettes biseautés.
Les joints de raccord sont dissimulés sous des petites baguettes en cuivre repoussé à décor de rinceaux végétaux et de fruits.
Les faces extérieures sont terminées par des baguettes en bois noirci.
Très bel état de conservation ; verres au mercure d’origine, usures au tain central , une baguette en verre restaurée ; petits manques de cuivre repoussé.
Fond en bois résineux.
Venise, atelier de verrerie de Murano, deuxième partie du 17 ème siècle.
Dimensions :
Hauteur : 106 ; Largeur : 106 cm
Verre central ; Largeur : 69 ; Hauteur : 67 cm
Notre avis :
Durant tout le XVIIIe siècle, les miroirs ont une très grande valeur et les petits formats valent encore ...
... sous Louis XVI la somme annuelle d’un militaire.
À cette période, le prix dépend souvent de la richesse de la bordure en bois doré, mais au XVIIe siècle, c’est le verre au mercure qui détermine la valeur.
Le procédé, inventé à Venise, est uniquement utilisé dans les verreries Vénitiennes de Murano, afin d’éviter le risque d’incendie.
Importé et jalousé dans le monde entier, le verre à miroir est un produit de grand luxe réservé à une élite princière.
Peu à peu, les petits modèles vont laisser leurs places à des pièces d’apparat dont les bordures, constituées de glaces et baguettes à facettes, illustrent le haut savoir-faire obtenu par les artisans vénitiens.
Notre exemplaire présente de magnifique verres gris bleutés, dont une glace centrale (69 cm x 67 cm), qui constitue la taille maximale pouvant être réalisé par un souffleur de verre.
Outre sa grande taille, ce verre présente la particularité d’être assez épais ; ce qui a permis aux artisans vénitiens de biseauter toutes les faces à la main, par un ponçage avec du verre pilé mouillé.
Ce type d’opération était réservée aux miroirs d’apparat dont le but premier n’était pas de se contempler mais plutôt d’éblouir les invités.
Sa conception à facettes rappelle la taille réservée aux pierres précieuses et nous confirme sa fonction de « soleil » destiné à renvoyer la lumière dans toutes les directions.
La présence de cuivre repoussé nous indique probablement une production destinée à un commanditaire français ou flamand, régions ou ce type de décor était trés à la mode sous les règnes de Louis XIII et Louis XIV.
En raison du prix exorbitant, peu de ces grandes pièces furent produites et trés peu nous sont parvenus.
Ces grands miroirs octogonaux en verre constituent la quintessence de l’art vénitien et possède encore de nos jours un coté mystique trés attirant.