Par Franck Baptiste Paris
Rare et important miroir en marqueterie de bois indigènes (racine, buis, sycomore teinté vert). Modèle à double-profil inversés et coins décrochés, à décor de rinceaux de fleurs au naturel dans les quatre écoinçons et de rinceaux d’acanthes sur les réserves latérales.
Les baguettes qui délimitent les décrochements sont en bois teinté noir. Le miroir central est bordé d’une frise de feuilles d’acanthes.
Bâti en bois résineux.
Verre au mercure.
Bel état de conservation, petites restaurations et reprises en marqueterie.
Travail attribuable à Pierre Hache, dans l’atelier de son père Thomas, Grenoble, début du XVIIIe siècle.
Dimensions :
Miroir ; Hauteur : 96 cm ; Largeur : 85 cm
Verre ; Hauteur : 50 cm ; Largeur : 40 cm
-Un miroir en tout point similaire (ancienne collection Michel Descours) est publié page 30 du livre de Pierre Rouge, Le Génie des Hache, aux éditions Faton.
Notre avis :
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... L’exceptionnel miroir que nous présentons arbore un placage très dense et noueux issu probablement de la souche d’un arbre. En raison de son caractère inédit, nous n’avons pas pu identifier avec certitude cette essence.
Le but recherché est certainement d’imiter la texture de la coûteuse écaille de tortue, qui est à la mode à Paris et que l’on retrouve sur de nombreux miroirs de cette période.
Cette technique d’imitation et de mise en valeur de loupes indigènes est un des leitmotivs de l’atelier de la famille Hache.
Les baguettes qui sont en bois teinté et non en ébène, la marqueterie bicolore, la finesse des fleurs au naturel et la construction sur un bâti en bois résineux sont elles aussi caractéristiques du célèbre atelier grenoblois.
Si Pierre Rouge évoque la piste de Noël Hache pour le miroir publié dans le livre, nous voyons plutôt la main de Thomas et peut-être même les premiers pas de Pierre dans l’atelier paternel.
En effet, si les frises d’acanthes ont encore une inspiration hollandaise, la densité des rinceaux et des fleurs présentes dans les réserves, et leur délicates teintes vertes correspondent parfaitement au début des marqueteries d’inspiration italienne, qui sont à nos yeux le sommet de la production des Hache.
La forme très architecturée peut paraître archaïque mais correspond parfaitement à la mode italienne de l’époque.
Rappelons que nos ébénistes travaillent abondamment pour une riche clientèle située dans le duché de Savoie qui jouxte la cité grenobloise.
C’est d’ailleurs au sein d’une vieille famille de Turin, ancienne capitale du duché, que nous avons découvert ce miroir.
Pendant des années, nous avons pensé que le miroir publié était unique et représentait un des plus beaux modèles réalisés par les Hache. La découverte d’un miroir similaire, qui n’est pas en paire (dimensions plus importantes de notre modèle), est pour nous une découverte exceptionnelle.