Les vestiges de l’Antiquité à Rome, 3 planches – Etienne Dupérac (c. 1525 – 1601)

... thématiques. A cet égard, la publication de ces gravures en 1575, année d’un grand jubilé qui devait attirer des centaines de milliers de fidèles dans la Cité Eternelle, constitua sans doute un choix commercial délibéré.
Ainsi notre série comprend-elle la planche n°7 avec les trois colonnes du Temple des Dioscures siégeant au pied du Mont Palatin, sanctuaire autrefois consacré au culte martial de Castor et Pollux. La seconde planche n°33 nous conduit vers le cœur médiéval de Rome avec une vue de la colonne Trajane flanquée de modestes demeures. A cette époque, la colonne triomphale n’était pas encore surmontée de la statue en bronze de saint Pierre. En outre, l’église Santa Maria di Loretto que nous voyons à l’arrière-plan n’était pas tout à fait achevée, sa lanterne étant encore en cours de construction du temps de Dupérac. Enfin, c’est sur l’île de Tibérine que la planche n°39 nous invite. Sa situation au milieu du Tibre permet la traversée du fleuve grâce aux ponts antiques Fabricius et Cestius. Au milieu de l’île se dresse la basilique San Bartolomeo all'Isola dans un état très dégradé, avant qu’elle ne soit restaurée au XVIIe siècle.

Nos gravures sont encadrées sous verre et finement scellées par un baguette moulurée en bois noirci.
Dimensions : 21 x 38 cm chaque planche

Biographie : Etienne Dupérac (Bordeaux, c. 1525 – Paris, 1601) s’installe à Rome en 1550 et devient rapidement un dessinateur et graveur reconnu pour ses talents de topographe, comme en atteste son Urbis Roma sciografica de 1574, véritable plan de Rome en vue isométrique sur lequel l’artiste fait émerger en détail les monuments les plus remarquables. Quelques années après la mort de Michel-Ange, il participe à la mémoire d’Il Divino en gravant plusieurs de ses projets inachevés. Toutefois, son plus grand succès demeure sa série des Vestigi qui connaîtra en tout dix éditions jusqu’en 1773. La matrice originale gravée par Dupérac sera profondément modifiée et réimprimée par les frères Sadeler à Prague en 1606, puis à nouveau à Rome en 1660. Populaire auprès des humanistes grâce à ses succès d’édition, Dupérac l’est également auprès des plus grands personnages de son temps. Ainsi participe-t-il à la décoration de la loggia de Pie IV au Vatican avant d’être nommé peintre du Roi par Henri IV. Il exécute pour le compte du premier Bourbon des fresques pour les Bains de Fontainebleau et conçoit sans doute le jardin de ce château à la faveur des connaissances qu’il avait accumulées à Rome en matière d’architecture paysagère.

Bibliographie :
- LURIN, Emmanuel, « Paysages, documents ou vedute ? Les vues gravées d'Étienne Dupérac et leurs fonctions à Rome au XVIe siècle », Studiolo. Revue d'histoire de l'art de l'Académie de France à Rome, n° 11, 2014 (paru en 2015), p. 92-119.
- LURIN, Emmanuel. « Que voyait-on de Rome au XVIe siècle ? La perception de la Ville à travers les vues gravées et le Journal de voyage de Michel de Montaigne », La forme de la ville de l’Antiquité à la Renaissance, Presses Universitaires de Rennes, 2015, pp. 423-443.