Par Franck Baptiste Paris
Très belle huile sur toile représentant Louis-Philippe d’Orléans (1773-1850) arrivant à l’hôtel de ville après les émeutes des Trois Glorieuses. Le Duc est représenté dans un uniforme de la garde nationale, monté sur un très beau cheval moiré. En arrière-plan, on aperçoit les barricades de pavés avec des hommes armés de baïonnettes et accompagnés de leurs femmes. Au sol, on peut apercevoir les lames brisées et les coiffes de la garde qui vient d’être défaite lors de cette révolution de trois jours. Sur le côté, l’hôtel de ville de Paris, pris par les émeutiers, est facilement reconnaissable avec son lanternon qui arbore le drapeau tricolore.
Huile sur toile, parfait état de conservation.
Toile, châssis et cadre en bois et stuc doré d’origine.
Signé en bas à droite « Devéria 1830 »*.
Dimensions :
Cadre : hauteur 107 cm ; largeur 88 cm
Toile : hauteur 92 cm ; largeur 77 cm
Notre avis :
L’œuvre que nous ...
... présentons est un document historique représentant une page importante de l’histoire de France. En effet, cette scène du 31 juillet 1830 marque la chute de la monarchie absolue. Après une longue période d’agitation, le roi Charles X tente un coup de force constitutionnel qui engendre un soulèvement des parisiens. Ces derniers dressent des barricades dans les rues, affrontent les forces royales et prennent l’hôtel de ville. La scène révolutionnaire que nous pouvons voir en arrière-plan symbolise la République triomphante dans une composition proche que la célèbre œuvre « La Liberté guidant le peuple » de Delacroix. Comme sur l’œuvre du maître, on peut voir les hommes, mais aussi les femmes, mener le combat, ce qui est nouveau. Le roi Charles X n’a pas d’autre choix que d’abdiquer, tandis que les députés, avec la complicité de Lafayette, domptent l’insurrection en proclamant Louis-Philippe d’Orléans lieutenant général du royaume.
Devéria montre tout à la fois l’arrivée triomphante du duc d’Orléans, les barricades, l’ancien hôtel de ville aujourd’hui disparu et le drapeau français qui flotte pour la première fois sur un monument. Outre le côté historique, il nous démontre l’étendue de ses talents, de coloriste avec un trés beau cheval aux reflets moirés, mais aussi de portraitiste avec une représentation fidèle et précise du futur Louis-Philippe.
*Eugène Devéria, élève de Anne-Louis Girodet, subit surtout l'influence de son propre frère Achille Devéria (1800-1857), élève lui aussi de Girodet et lithographe. Il expose au Salon dès 1824, à l'âge de dix-neuf ans. Originaire de Pau, ville natale du roi Henri IV, il présente au Salon de 1827 La Naissance d'Henri IV (ill., détail) œuvre tumultueuse au coloris riche qui le situe d'emblée dans le camp des romantiques et lui donne son heure de gloire. Mais ses œuvres suivantes ont moins de génie : Eugène Devéria obtient des commandes — plafond de la galerie Campana au Louvre avec Puget présentant le Milon de Crotone à Louis XIV (1832) et scènes de batailles pour le musée historique de Versailles (1838) —, mais son style s'affadit rapidement. La critique, déçue, lui devient hostile : en 1838 l'artiste fuit Paris pour exécuter une commande de décor pour la cathédrale Notre-Dame des Doms d'Avignon, abandonné trois ans plus tard pour cause de maladie. De retour dans sa ville natale de Pau, il traverse une crise spirituelle et se convertit au protestantisme, vivant dans l'austérité. Ses dernières compositions, notamment des vues des Pyrénées et des scènes de genre ou historiques (La Mort de Jane Seymour, 1847 ; La Réception de Christophe Colomb, 1861), sont particulièrement austères elles aussi, et Devéria se montre meilleur dans les portraits, comme celui de Marie Devéria en amazone (1856).Eugène Devéria bénéficie depuis quelques années d'une reconsidération de la part de l'histoire de l'art, marquée notamment par l'exposition que lui a consacré le musée des Beaux-Arts de Pau en 2006.
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