Par Franck Baptiste Paris
Rare et fine petite pendule de bureau en bronze ciselé et doré.
Parfois intitulé «La Guerre et la Paix» ou «L'Amour triomphant de la Guerre» notre pendule représente deux enfants à patine brune, l’un revêtant le casque, la lance et le bouclier de Minerve symbolisant les attributs de la guerre et l’autre, l’ arc et la flèche de Cupidon symbolisant l’amour.
Au-dessus d’eux, sur un chapiteau, un couple de tourterelles batifole dans des nuées.
Au dessous le cadran émaillé à chiffres romains pour les heures et chiffres arabes pour les minutes est signé Gilles l’ainé à Paris.
Le socle rectangulaire est orné d’une frise de raies de cœurs et d’un carquois croisé d’un flambeau .
Il repose sur les quatre pieds du lion de Némée dont la dépouille s’entrelace dans des anneaux fixés au socle.
Mouvement, suspension, dorure et patine d’origine.
Parfait état de conservation.
Travail parisien d’époque Louis XV vers ...
... 1765.
Dimensions :
Hauteur: 30 cm ; Largeur: 22 cm
Une pendule identique avec un mouvement de Gilles l’ainé, le bronze signée « Vion », anciennement dans notre collection.
Un modèle similaire est passé en vente le 30 Mars 2009 à Paris vente Villanfray lot 167 (adjugé 7500 euros au marteau).
Notre avis :
Notre pendule n’est pas un surmoulage d’époque comme nombre de modèles, elle arbore de grande qualités de dorure et de ciselure correspondant à une fabrication par François Vion lui-même.
Le mouvement quant à lui est signé du grand horloger Gilles l’ainé.
A partir de 1765, cette signature correspond à l’horloger parisien Pierre II Gille. Après son accession à la maîtrise en tant que fils de maître le 18 novembre 1746, il installe son atelier rue Saint-Martin, rue Saint-Denis et rue aux Ours. Au début de sa carrière, il travaille avec son père, puis dirige son propre atelier et rencontre immédiatement un immense succès auprès des grands collectionneurs. Parmi sa clientèle figuraient notamment le marquis de Brunoy, le prince Charles de Lorraine, le puissant fermier-général Perrinet de Jars et le duc de Gramont.
La Bibliothèque d’Art et d’Archéologie Jacques Doucet à Paris conserve un livre de dessins de pendules ayant vraisemblablement appartenu au marchand de pendules Antoine Foullet.
Le dessin de notre pendule y figure avec la mention « Vion » qui est un bronzier parisien actif entre 1760 et 1800.
Elle est décrite ainsi : « Pièce de Bureau, Autel à l’amour & à Mars ».
On connaît également le prix auquel elle était vendue : « en Couleur L 176 ; dorure 77 ; Prix dorée 253. »
Ces indications montrent qu’il s’agit d’un modèle de qualité tant son prix total de 253 livres est élevé.
De cette pendule dérive un autre modèle à succès, reprenant le même socle drapé, dit « Le Retour de l’Amour » ou « La Douleur » ou encore « La Pleureuse ».
Le comte d’Artois en posséda un exemplaire dans sa chambre à coucher au Palais du Temple. (vente Sothebys 29 Novembre 2007 à Paris lot 60 : 31200 euros)
Une autre faisait partie des collections de Marie-Antoinette (Musée du Louvre).
D’autres spécimens sont encore présents au Musée des Arts décoratifs à Paris, au Petit Trianon et au Musée Carnavalet.
François Vion est également l’auteur de la pendule aux Trois Grâces, dotée d’un mouvement de Lepaute, livrée à Mme Du Barry le 21 mai 1774 par le marchand-mercier Poirier et conservée actuellement au musée du Louvre à Paris.
Tous ces éléments nous permettent d’affirmer que notre pendule fait partie des premiers modèles produits, par le maître en personne et pour un prestigieux commanditaire.
Il s’agit à nos yeux d’une pièce de collection extrêmement rare sur le marché.
Retrouver le mobilier ou les objets d''art similaires à « L’amour triomphant de la guerre par François Vion, époque Louis XV » présenté par Franck Baptiste Paris, antiquaire à Paris dans la catégorie Pendule Louis XVI, Horlogerie.