Portrait présumé de madame de Montespan - Gabriel REVEL (1643-1712)

... faire, elle se rend dans le camp ennemi, séduit Holopherne par sa beauté et gagne sa confiance. Une nuit, alors qu'il est ivre et endormi, elle le décapite avec sa propre épée. Son acte de bravoure incite les Juifs à contre-attaquer et à vaincre les Assyriens, libérant ainsi la ville de Béthulie du siège.

Il est fort probable que Madame de Montespan ait prêté ses traits à Judith. En effet, en 1688 elle vit des moments difficiles à la Cour. Sa position de favorite du roi lui est disputée par celle qui a élevé ses enfants, Mme de Maintenon. L’affaire des poisons a largement entaché sa réputation depuis 1685 et un sentiment de femme bafouée par l’homme qu’elle aime l’anime de plus en plus, elle finira d’ailleurs par entrer au couvent en 1691. Le traitement d’un portrait de Madame de Montespan sous les traits d’une Judith, empreinte de dignité et de calme n’est probablement pas un hasard, tout comme le choix de l’artiste Gabriel Revel pour ce tableau.

L’artiste, ancien élève de Charles Le Brun et collaborateur de ce dernier sur les chantiers royaux de 1670 à 1680, maîtrise de manière magistrale l’utilisation des couleurs et des textures. Un drapé rouge vermillon, évoquant un flot de sang, divise la composition entre le corps de Judith et la tête décapitée. Sa robe bleue cristalline, obtenue grâce à la poudre de lapis-lazuli, ajoute une élégance éthérée à la scène.

Gabriel Revel nous livre un portrait psychologique de Judith, remarquable pour l’époque, dépeignant une héroïne pleine de courage et de détermination. Cette peinture témoigne de ses prouesses artistiques, capturant l'émotion humaine et la résonance historique dans un seul cadre. Cette œuvre est sans aucun doute le chef d’œuvre de l'artiste.

Nous remercions M. Dominique Brême, auteur sur la carrière de Revel, d'avoir confirmé l'attribution de ce portrait en mars 2024, bien qu'il exprime des réserves sur l'identification du modèle.