Jésus et St Jean Baptiste enfants - Atelier de Joos van Cleve (1485 – 1541)

... Royaume Uni).
Ce schéma répandu de bonne heure dans l’école lombarde, fut largement reproduite par les suiveurs milanais de Léonard (Marco d’Oggiono, Bernardino de Conti ou Bernardino Luini.)
Il est fort probable que Joos Van Cleve s’est inspiré d’une des œuvres de ses artistes lors de son séjour en Italie, cependant certains historiens émettent l’hypothèse selon laquelle il aurait emprunté les figures au tableau de Marco d’ Oggiono l’ayant copié sur place en Flandres (il aurait appartenu à Marguerite d’Autriche).
Cette influence léonardesque prononcée est caractéristique des œuvres de Joos Van Cleve. La douceur empruntée au maitre se révèle dans notre tableau dans l’enlacement de deux protagonistes aux visages angéliques, l’absence de la Vierge, figure sacrée et maternelle, d’auréoles ou attributs, rend ce moment de tendresse d’autant plus enchanteur que l’on peine à y reconnaitre un sujet religieux.
Pourtant placée dans un paysage champêtre nordique la scène évoque la rencontre de Jésus et de Saint Jean Baptiste lors du retour de la sainte famille d’Egypte. Il est admis que l’enfant à droite serait Saint Jean, étant le plus âgé donc plus grand.
Cette étreinte entre Jésus et Jean peut être une représentation très originale de l'union de l'Ancien et du Nouveau Testament. En effet, saint Jean-Baptiste est considéré comme le dernier prophète de l'Ancien Testament, tandis que Jésus est annoncé par tous les prophètes précédents et reconnu comme la Révélation ultime.

Une œuvre de Joos Van Cleve dans une collection privée Anversoise présente tant de similitudes avec l’œuvre de d’Oggiono, que certains historiens le considèrent comme un des premiers dans la série de variantes et versions que le maitre a produit au sein de son atelier.
Dans son étude parue en 1934, M. J. Friedländer émet clairement l’opinion que ce sujet fut répété à diverses reprises dans l’atelier du peintre. Au départ Van Cleve lui-même conçoit le projet initial de composition et en effectue le dessin préparatoire ainsi que l’exécution picturale. Dans la suite et en fonction de l’importance des commandes, il réalise ou non les éléments principaux, laissant au soin de ses collaborateurs l’achèvement des parties secondaires.
Ces différentes versions se distinguent par des ajouts d'éléments décoratifs : la présence d’un encadrement architectural, de rideaux, coussins ou dais, estrades, ainsi que des paysages variés
Sur notre œuvre, les enfants sont placés à même le sol, comme chez Marco d’Oggiono, au milieu des rochers et la végétation tandis que le château médiéval se dresse derrière eux et une petite ville se profile à l’horizon entouré d’une muraille et animé de flèches des églises.
Une pomme est placée au premier plan, faisant allusion au péché originel et la mission de Jésus en tant que futur Rédempteur.
Ce fruit, le seul a attester de la sainteté de cette scène intime qui transcrit la douceur de l’enfance, est sans doute ajouté à la demande du commanditaire du tableau.

Œuvres en rapport :
• Joos Van Cleve, vers 1515, huile sur panneau, h.104 cm, l. 74 cm, Anvers, collection privée (publié p. 79*)
• Joos Van Cleve, vers 1515-1520, huile sur panneau, h. 75 cm, l. 58 cm, Art Institute of Chicago, Etats Unis (inv. 1975.136)
• Joos Van Cleve, vers 1515-1520, huile sur panneau, h. 72,5 cm, l. 54 cm, Musée Royal des Beaux Arts de Belgique, Bruxelles, Belgique
• Atelier de Joos Van Cleve, vers 1515-1520, huile sur panneau, h. 25,4 cm, l. 25,1 cm, Suermondt-Ludwig Museum, Aachen, inv. GK 1616
• Atelier de Joos Van Cleve, 1525-1530, huile sur panneau, h. 39 cm, l. 58 cm, Musée du Couvent de Ste Catherine (Catarijnconvent), Utrecht, Pays-Bas, inv. RMCC s337
• Marco d’Oggiono vers 1500, huile sur panneau, h. 64,5 cm, l. 48,1 cm, Palais de Kensington, Collection Royale, Londres, Royaume Uni, inv. 405463

*Bibliographie: Joos van Cleve : a sixteenth-century Antwerp artist and his workshop, Leeflang, Micha. Turnhout, Belgium : Brepols Publishers; 2015