Par Galerie Pellat de Villedon
Mobilier, objets d'art et tableaux
Impressionnante commode dite « à moustache » de forme tombeau richement marquetée de motifs losangés en palissandre et de bois de violette dans les encadrements. La commode ouvre en façade par cinq tiroirs sur trois rangs et repose sur quatre petits pieds. La façade galbée alterne les formes concaves et convexes sur les tiroirs. Les côtés également présentent un jeu complexe de courbes.
La commode est garnie d’une large garniture de bronzes dorés et ciselés. Les sabots sont composés d’enroulements agrémentés de feuillages et suivent le prolongement de la chute où un impressionnant buste de femme couvre le montant. Les poignées mobiles sont fixées à la commode par deux larges tournesols. Les entrées de serrure sont composées de feuilles d’acanthe, de rangs de perles. La partie basse présente un cartouche encadré par deux « moustaches » à décors de feuilles, de godrons et de fleurs, un bronze fleuri souligne ce dernier tiroir central également. ...
... Les tiroirs sont séparés par des cannelures horizontales reprises sur les côtés. Ces mêmes côtés sont aussi décorés par une fleur entourée de feuillages en bronze doré.
La commode est surmontée par un dessus en marbre rouge Belge mouluré.
Époque Régence
Restaurations d’usage
H. 86 x L. 130 x P. 65 cm
La commode que nous présentons aujourd’hui est remarquable par ses volumes et par la qualité et la richesse de ses bronzes. Il s’agit d’une vraie pièce de collection. Parfaitement en accord avec son époque, elle est un véritable témoignage du style Régence. En effet, sa forme en tombeau où deux larges moustaches en façade viennent définir les formes du tiroir central est prodigieusement maîtrisée. Prenons un peu de recul sur l’histoire de la commode afin de comprendre pourquoi celle-ci est considérée comme étant un « très beau meuble » et comparons là avec d’autres modèles similaires.
La commode apparut depuis peu sous Louis XIV, se complexifie au tournant des années 1710. Le galbe s’impose et avec lui cette forme de commode dite « sarcophage » ou en tombeau, puisqu’elle en rappelle les volumes. Ici, nous avons en plus un décor spécifiquement Régence formé par deux moustaches dans la partie basse. Le plus souvent, ces moustaches étaient formées par deux cornes d’abondances, ici transformées en deux rinceaux d’acanthe. La forme du tiroir suit alors la forme de ces moustaches en divisant son rang en trois tiroirs. Cette particularité est propre aux productions Régence, comme en atteste la commode conservée au Musée Carnavalet à Paris (inv. MB 176) qui présente cette répartition curieuse des tiroirs du bas. Le musée des Beaux-Arts de Dijon conserve également une commode estampillée de l’ébéniste Louis-Simon Painsun (à qui est aussi attribuée celle du musée Carnavalet) et ornée de deux cornes d’abondances. Nous relevons que nos entrées de serrures sont similaires à celles employées par Painsun sur la commode conservée à Dijon (1980-9-OA).
De cette manière, plusieurs pistes sont ouvertes quant à l’attribution d’un ébéniste à cette commode. La Régence n’imposait pas encore l’estampille, il est donc tout à fait normal de ne pas retrouver de « signature » de l’auteur. Louis-Simon Painsun, Etienne Doirat ou François Mondon sont trois noms qui pourraient correspondre au travail que nous avons devant nous. Parmi les œuvres que vous pourrez comparer, nous souhaitons insister sur le fait que nos bronzes sont plus « intéressants », plus original et imposant et en particulier au niveau des chutes. Le buste de femme et la décomposition des tiroirs avec ce cartouche rend la commode unique.
Louis-Simon Painsun est un des ébénistes que nous donc avons retenu. Ce dernier obtient sa maitrise avant 1730, et épouse la fille de l’ébéniste Etienne Doirat, autre artisan talentueux de la Régence, qui affectionnait les formes « à pont ». Le recul du tiroir central, souvent pratiqué par Painsun sur le dernier rang de ses commodes, évoque d’ailleurs l’allure des commodes à pont. Painsun travailla beaucoup avec son beau-père dont il proposait la marchandise dans sa boutique.
Etienne Doirat, quant à lui, est reçu maître avant 1730. Sa production de haute qualité compte un nombre important de commodes en tombeaux, souvent marquetées de bois sombre dont le frisage propose un beau jeu de quadrillages comme la nôtre.
Enfin, l’ébéniste François Mondon (actif dès les années 1730) utilisa les mêmes sabots de bronzes à plusieurs reprises sur ses commodes et n’en reste pas moins une piste sérieuse pour l’attribution de cette exceptionnelle commode.
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