Par Galerie Philippe Guegan
Important fauteuil à châssis, en acajou placage d’acajou, bois peint et partiellement doré. Le dossier à bandeau en hémicycle est ajouré d’une grille à décor d’entrelacs et de rosaces feuillagées. Les accotoirs reposent sur des protomes de lions ailés en bois sculpté, laqué et partiellement doré. Les pieds postérieurs en sabre sont terminés par des sabots en bronze doré.
Par Jacob Frères, non signé
Paris 1796-1803
Le modèle de notre fauteuil, avec son dossier incurvé réalisé dans un tronc d’acajou et ses puissants monopodes de lions ailés, fut donné vers 1793 par l’architecte Charles Percier (1764-1838), pour le menuisier Georges Jacob, probablement pour l’ameublement de la Convention Nationale, comme en témoigne un dessin conservé dans une collection privée, publié par Madame Ledoux Lebard.
Ces lignes antiquisantes, qui évoquent un trône étrusque, sont influencées par les bronzes et les marbres antiques découverts lors des fouilles ...
... archéologiques du dernier tiers du XVIIIe siècle aux environs de Rome, ainsi qu’à Herculanum et Pompéi, qui furent publiées et reproduites en gravures dans de nombreuses publications.
Ce monopode de lion ailé était un motif classique des tables antiques en marbre et apparait dans la planche n°25 du cinquième volume du sculpteur et dessinateur Pierre-Nicolas Beauvallet : Fragments d’architecture, sculpture et peinture dans le style antique (1804). C'est un motif structurel particulièrement apprécié des Jacob frères, qui l'employaient également dans leur mobilier d'ébénisterie notamment comme supports adossés du monumental bureau mécanique, aujourd'hui conservé à la Malmaison, livré pour le cabinet de Napoléon aux Palais des Tuileries en 1800. (Reproduit dans Samoyault, p.125 fig. 215).
En 1796, Georges Jacob transfère son activité à ses deux fils Georges II et François-Honoré, qui s'associent sous la raison sociale JACOB FRERES / RUE MESLEE jusqu'à la mort de Georges Jacob fils en 1803. De 1803 à 1813 François Honoré Jacob poursuivra cette activité, associé à son père, sous la raison sociale Jacob Desmalter, avec le succès que l'on connait, devenant l'un des principaux fournisseur des palais impériaux.
Notre fauteuil date selon toute vraisemblance de la fin des années 1790, époque à laquelle les frères Jacob continuent de produire des variations des modèles crées par leur père.
Notre fauteuil aux allures martiales et aux proportions amples a été réalisé dans le plus beau des acajous, qui se développe en grandes surfaces planes et lumineuses et dont la couleur claire contraste avec la patine et l’or des monopodes de lion. Ce type de siège connut un vif succès depuis les dernières années du XVIIIe siècle jusqu’au début du XIXe siècle. Bonaparte, dans son cabinet de la rue de la Victoire, fut au nombre de ceux qui possédait un siège similaire. Il en fit don au docteur Corvisart en 1798 .
Notre siège diffère légèrement du dessin de Percier dans la forme de la grille qui ajoure le dossier. Variation assez rare puisqu’on ne dénombre aujourd’hui qu’un seul autre exemplaire qui figurait dans la vente Ledoux Lebard de 2006 (Succession Ledoux Lebart, Artcurial, Paris, le 20 juin 2006, n°130)
On dénombre aujourd’hui une petite vingtaine d’exemplaires subsistants de ces fauteuils magnifiques, en collection privée et en collections publiques. Peu sont signés, quand ils le sont, ils portent les estampilles de Jean-Baptiste Sené, Georges Jacob, Jacob Frères ou Jacob Desmalter. Ils ont été réalisés avec des variantes dans les motifs qui ajourent le dossier : grille verticale en acajou comme sur le dessin de Percier, rosaces identiques à celle de notre siège ou différentes résilles losangées.
Un fauteuil similaire au notre figurait probablement dans la collection du peintre Jean-Baptiste Isabey (1767-1855), artiste proche de Charles Percier , comme en témoigne le siège représenté sur le portrait de son fils Eugène Isabey par Bouchet , de l’ancienne collection Pierre Durand. Un siège de ce type est également représenté dans le portrait du compositeur Boiledieu par Louis-Léopold Boilly, conservé au musée des Beaux-Arts de Rouen, et notre siège fut notamment reproduit dans le premier volume des recueils de Pierre de La Mésangère : Collection de Meubles et objets de goût, Tome I, publié en 1802.
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