Par Galerie Nicolas Lenté
Mobilier, Tableaux et Objets d'Art de la Haute Epoque au XVIIIe
La jeune femme, traditionnellement identifiée comme Mlle de Fontanges, la maîtresse de Louis XIV, est portraiturée en buste de face, la tête légèrement relevée et tournée vers la gauche. Elle semble dominer le spectateur.
Elle est vêtue d’une robe de satin bleu et enveloppée dans une étole de satin orangé qui brille de son éclat le plus mordoré.
Sa main aux doigts gracieux à l’index et l’annulaire écartés et le majeur collé à l'annulaire maintient sur sa poitrine des étoffes glissantes. Son étole s’envolant au vent crée un mouvement instantané et le bras fléchi au coude en oblique métamorphose sa pose statique.
Le visage à l’ovale parfait est animé par des larges yeux gris, le nez retroussé, les joues pleines et la bouche qui esquisse un demi-sourire. Ses cheveux poudrés et attachés sont piqués de nombreuses fleurs. La jeune femme ne portant pas de bijou, l’éclat de sa jeunesse et sa teinte translucide sont ses seuls ornements.
La ...
... juxtaposition entre le satin bleu glacial et l’orange incandescent tels le cœur et les contours d’une flamme indique le grand talent de coloriste de François de Troy.
Sa touche vibrante et nerveuse anime les étoffes fluides les rendant scintillantes et changeantes. Leur surface est travaillée en coups de pinceaux frémissants, les empattements et les glacis formant un élégant agencement.
Les glacis du visage sont traités en superposition de couches légères et transparentes, produisant des reflets nacrées et un rendu translucide, la technique dans laquelle de Troy excelle particulièrement.
Le style et le traitement du tableau nous permettent aisément de le dater des années 1700-1705. Cette datation ne permet pas d'affirmer une exécution du portrait du vivant de modèle, décédée en 1681. Cependant il n’est pas à exclure qu’il s’agit d’un portrait posthume, commandé soit par le roi, soit par la famille de la duchesse, désireuse de commémorer le souvenir de la défunte.
Par François de Troy (Toulouse 1645 – Paris 1730)
Ecole Française du début du XVIIIème siècle.
Huile sur toile de format ovale: h. 71 cm, l. 61 cm
Cadre d'époque XIXème siècle
Dimensions encadré : h. 105 cm, l. 85 cm
Bien que non signé, comme la majorité des œuvres de François de Troy, notre portrait a été authentifié par le cabinet Turquin comme une œuvre autographe de François de Troy.
Provenance :
Paris, galerie Heim-Gairac en 1965.
Collection particulière.
Publié dans le livre sur la vie de Louis XIV «The Sun King : Louis XIV at Versailles », Nancy Mitford , London : H. Hamilton, 1966.
Marie-Angélique de Scorailles (ou d'Escorailles) de Roussille, duchesse de Fontanges, née le 27 juillet 1661 et morte le 28 juin 1681, est une favorite de Louis XIV.
François de Troy (Toulouse 1645 – Paris 1730)
François de Troy, issu d’une famille d’artistes toulousains, se fait très tôt remarquer avec la réalisation d’armoiries pour l’entrée solennelle du Prince de Conti à Toulouse en 1662. On le retrouve ensuite à Paris où il poursuit sa formation dans l’atelier de Nicolas Loir, puis de Jean I Cotelle, dont il épouse la fille en 1668. D’abord peintre d’Histoire il est agréé à l’Académie en 1671 puis reçu en 1674 avec « Mercure et Argus ». Par sa fréquentation de l’atelier de Claude Lefebvre, il s’oriente vers l’art du portrait dont il sera l’un des plus grands représentants de la fin du règne de Louis XIV et de la Régence. On pense que grâce à ses liens d’amitié avec Charles Le Brun, premier peintre du Roi, il fut mis en contact avec Madame de Montespan, qui en fera l’un de ses artistes attitrés. L’entregent de l’impétueuse favorite lui permettra d’entrer en contact avec la famille royale et de tout ce qui compte à la cour et à Paris. Il sera aussi le portraitiste de la famille royale d’Angleterre, exilée en France au château de Saint-Germain-en-Laye à partir de 1689. Fin courtisan, François de Troy s’attacha ensuite au duc du Maine, bâtard chéri de Louis XIV et à son influente épouse, fille du prince de Condé. Adjoint à professeur en 1692, il est nommé professeur à l’Académie l’année suivante. Il en sera directeur de 1708 à 1711. Il sera aussi plusieurs fois sollicité par les échevins parisiens pour des commandes religieuses. Son fils Jean-François (1679 – 1752) collabora avec lui à la fin de sa carrière avant de relever le flambeau et de perpétuer la gloire familiale.
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