Par Galerie de Frise
Ferdinand HEILBUTH
(Hambourg 1826 - Paris 1889)
Vanité à la chaise bavaroise
Huile sur toile
H. 32 cm ; L. 19 cm
Signée en bas à gauche
Provenance :
- Vente après-décès de l’atelier, 19/21 mai 1890, Paris, Galerie George Petit, N°147 du catalogue, titrée Nature morte
- Ancienne collection Michel Manzi (cachet à l’encre au revers de toile)
- Sa vente, 13 mars 1919, Paris, Galerie Manzi, Joyant et Cie, N°68 du catalogue, titrée Nature morte - Un crâne sur une chaise. Au premier plan une cruche et une serviette
Peintre français d’origine allemande, Ferdinand Heilbuth est fils de rabbin et comme son père il semble prédestiné à suivre la vocation religieuse familiale. Il entreprend des études rabbiniques qui lui permettent d’effectuer de nombreux voyages à Rome, Anvers et Munich. Seulement en 1843, le jeune homme décide d’interrompre ses études religieuses pour se rendre à Paris auprès de Charles Gleyre et de Paul Delaroche afin ...
... d’y étudier la peinture.
En 1852, Ferdinand Heilbuth participe pour la première fois au Salon des Artistes Français où il présente des œuvres historiques d’inspiration romantique ainsi que des portraits. Il tire son inspiration de scènes religieuses dans lesquelles il aime mettre en scène des cardinaux. Ses toiles, telle que Le tasse à la cour de Ferrare, sont très appréciées du public et saluées par la critique. Il obtient sa première médaille en 1857, et reçoit la Légion d'honneur en 1861.
A partir de 1868, l’artiste se tourne vers la peinture de paysage et expose au salon Au bord de l’eau une œuvre qui contraste en tous points de vue avec ses inspirations antérieures. C’est un tournant majeur dans la peinture de Ferdinand Heilbuth: l’artiste est à la recherche d’une palette plus claire, d’un style plus bucolique. D’ailleurs il fréquente les guinguettes des bords de Seine, se lie d’amitié avec Sisley, Monet et aussi Manet. Ce dernier aura une grande influence sur l’artiste, notamment dans sa recherche des tons clairs.
Cet artiste mobile et préoccupé par son art s’installe à Londres durant la guerre de 1870. Pendant cette période il observe le style de Turner, et réalise de nombreuses vues de la Tamise qu’il expose à la Royal Academy en 1871.
De retour en France en 1878 il obtient la nationalité française. Son style s’oriente vers l’expression de la lumière et les variations atmosphériques, et il peint essentiellement sur les rives de la Seine. Ces tableaux illustrent parfaitement l’envie de l’artiste de respecter les thèmes de l’impressionnisme sans en suivre totalement les préceptes. En effet, il marque sa différence avec les impressionnistes en conservant un statut d’observateur qui lui permet de retranscrire sur le vif les sujets observés.
De son vivant, le succès d’Heilbuth est tel que Théophile Gautier le compare à Henri Heine et la critique voit en lui et en son œuvre le souvenir de Watteau. Voici le bel hommage rendu à l’artiste par ces lignes de Castagnary : «Jusqu’à ce jour, on ne connaissait M. Heilbuth que comme un rêveur gracieux et aimable, marqué au coin de deux impressions distinctes ressenties au temps de la jeunesse, celle de Rubens et celle des Vénitiens; cherchant à se composer, loin des préoccupations modernes, un style où la beauté de la pose, la profondeur de l’expression et l’éclat des étoffes jouassent leur rôle sans se nuire».
Totalement hors cadre, cette nature morte semble être un sujet exceptionnel voire unique dans son oeuvre. La signification symbolique en tant que vanité est profonde et très lointaine des robes chargées et scènes galantes qui ont fait sa réputation.
Quant à la datation, cette toile pourrait appartenir, stylistiquement, plutôt au début de carrière, dans les années 1845/1860, avec éventuellement l'influence d'artistes réalistes comme François Bonvin ou Théodule Ribot. L’idée de voir cette œuvre au crépuscule de sa vie, en tant que réflexion sur la mort, est à oublier, le support et le style n’étant pas cohérent…
Durant ses jeunes années munichoises, Heilbuth aurait pu représenter cette chaise bavaroise, ou bien l’emporter à Paris avec lui et s’en servir dans cette composition comme un écho ou un souvenir.
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