Par Stéphane Renard Fine Art
Recto Signé du monogramme en bas à gauche « Bs. »
30 x 45.3 cm (54.8 X 69 encadré)
Provenance : Frédérique Tison, Château de Chassy (Bourgogne-Franche Comté – France)
Bibliographie : J. Clair, V. Monnier Balthus, catalogue raisonné de l’œuvre complet, Gallimard, Paris 1999 – numéro D956 reproduit en noir et blanc (page 304) pour le recto.
Œuvres en rapport (recto) :
• Une autre étude préparatoire (crayon sur carton – 37.7x65.7 cm) figure au catalogue raisonné sous la référence catalogue D955
• La Bergerie, huile sur toile signée et datée « Balthus 57-60 », dimensions 50 x 101,5 cm, référencée dans le catalogue raisonné sous le numéro P303
Alors qu’il résidait au château de Chassy dans le Morvan, Balthus peint entre 1957 et 1960 une grande toile intitulée « La Bergerie » pour laquelle il réalise au préalable cette étude magistrale à l’encre. Cette toile sera une des dernières réalisées à Chassy puisqu’en 1961 ...
... Balthus est nommé Directeur de la Villa Médicis à Rome. Le verso de cette étude nous réserve une surprise : réalisé sans doute après son installation à Rome, cet autre lavis d’encre évoque le voyage au Japon réalisé en 1962, voyage au cours duquel Balthus rencontrera Setsuko Ideta, une jeune japonaise qui deviendra sa femme en 1967…
1. Le séjour à Chassy, une étape clé dans la vie de Balthus
Balthus occupe une place à part dans l’art du XXème siècle, souvent marqué par l’héritage de Marcel Duchamp ou tourné vers l’abstraction, en présentant une œuvre figurative, reposant sur une pratique rigoureuse du dessin et sur une maîtrise de la forme par une construction précise. L’œuvre attire et l’artiste déconcerte ; il y a un « mystère Balthus », largement entretenu et mis en scène par l’artiste lui-même. Son œuvre a ainsi fait l’objet de son vivant de nombreuses expositions organisées dans les plus grands musées du monde.
Balthus nait le 29 février 1908 dans une famille cosmopolite ; son père est d’origine prussienne et polonaise et sa mère, Elsa Dorothea Spiro, surnommée Baladine, d’une famille ashkénaze et russe. Sa famille se réfugie au début de la guerre en Suisse, où il continue de séjourner avec sa mère alors que ses parents se séparent. En 1919 sa mère rencontre le poète Rainer Maria Rilke (1875 – 1926) qui devient son amant ; Balthus (le surnom du peintre dont il choisit de faire son nom d’artiste) est élevé dans le milieu artistique des amis de sa mère.
Balthus s’installe à Paris avec sa mère en 1924. Inscrit à l’académie de la Grande Chaumière, il fréquente l’atelier de Pierre Bonnard. En 1926 il fait un voyage en Italie où il découvre les fresques de Piero della Francesca et de Masaccio qui auront une influence durable sur son art. Proche des surréalistes, il réalise en 1934 sa première exposition personnelle. En parallèle de sa peinture, qui rencontre un succès croissant, il conçoit plusieurs décors de théâtre, de ballet et d’opéra, activité qu’il continuera jusqu’à l’après-guerre. En 1938 se tient sa première exposition à New-York.
Il se marie en 1937 avec Antoinette de Watteville (1912-1997) et le couple s’installe pendant la guerre en Suisse où naissent ses deux fils. En 1945 le couple se sépare et Balthus rentre à Paris.
En 1953, Balthus, alors âgé de 45 ans, décide de s’installer au château de Chassy dans le Morvan. Il y est rapidement rejoint par sa nièce par alliance (la fille d’un premier mariage de la femme de son frère Pierre Klossowski), Frédérique Tison qui devient sa muse et sa maîtresse. A Chassy, Balthus a énormément travaillé et créé dans l’espace immense du château, face aux paysages du Morvan. Sa peinture évolue et se rapproche de la fresque à la manière des maîtres de la Renaissance italienne.
Frédérique Tison accompagnera Balthus à Rome quand celui-ci sera nommé Directeur de la Villa Médicis par André Malraux en 1961. Lors de leur rupture définitive en 1966 Balthus lui donne Chassy où elle s’installe. Balthus a rencontré en 1962 lors d’un voyage au Japon Setsuko Ideta qui deviendra sa femme en 1967. En 1977 ils s’installent à la fin de leur séjour romain dans le grand chalet de Rossinière (Suisse) dans lequel le peintre demeurera jusqu’à sa mort le 18 février 2001.
2. La Bergerie : description de l’œuvre
Les œuvres de Balthus ont très tôt été recherchées. La plupart de ces dessins ont été exécutés dans la phase préparatoire de ses grandes compositions. Ainsi ce dessin est une étude pour La Bergerie (50 x 101,5 cm), une toile peinte entre 1957 et 1960.
La comparaison entre les deux dessins préparatoires et la composition finale est très instructive. Délimité par deux traits verticaux qui cadrent la scène, notre dessin semble avoir été pris sur le vif, en mouvement, comme un paysage vu de la fenêtre d’une voiture ou d’un train. Cette spontanéité mouvante est encore renforcée par les ondulations des deux lignes d’arbres et des collines dans le lointain. Un trait horizontal esquissé sur la droite annonce le cadrage allongé de la composition définitive, faisant disparaître le bosquet d’arbre au premier plan.
Notre dessin constitue probablement une première pensée de la composition, alors que l’autre dessin préparatoire a sans doute été effectué postérieurement, une fois la composition stabilisée. Alors que la peinture définitive semble statique et intemporelle, toute la vigueur de notre étude repose sur l’usage virtuose du lavis d’encre avec lequel le paysage n’est qu’esquissé, comme pour permettre à chacun d’y projeter le souvenir d’un paysage familier.
3. Au verso, une œuvre radicalement différente
Une surprise nous attend au verso de cette feuille : dans un style radicalement différent, Balthus a représenté le profil d’une jeune japonaise accompagné de quatre fleurs, dont celle la plus aboutie sur la droite pourrait être un camélia.
Bien que le verso ne soit pas répertorié dans le Catalogue Raisonné, il nous semble tout à fait probable qu’il soit également de la main de Balthus. Le profil de la japonaise est d’ailleurs très proche d’un dessin au crayon réalisé en 1963 (D 1000 du Catalogue Raisonné), alors que les fleurs évoquent les Fleurs et Grenade (D 1044 du Catalogue Raisonné) une aquarelle et crayon réalisée en 1964.
Ce dessin prend ainsi une dimension toute particulière dans l’œuvre de Balthus : tournant littéralement la page à son séjour à Chassy, Balthus découvre avec émerveillement la culture japonaise, qui jouera à travers la présence de Setsuko Ideta une place si importante dans la fin de sa vie.
Nous avons choisi pour encadrer ce dessin double-face un cadre en noyer italien du XVIIème siècle qui peut également être présenté recto verso. Un encadrement intérieur également en noyer retient la feuille et son montage au dos et peut facilement être ouvert afin de changer le sens de la feuille si nécessaire.
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