Par Galerie Meier
Dans un salon de réception, une mère maquerelle accompagnée d'une jeune prostituée viennent accueillir un client dont l'apparence raffinée nous laisse penser qu'il s'agit d'un aristocrate. Une porte entrouverte mène à une chambre dont un second accès est emprunté par la belle. Le caractère intime de la pièce est suggéré par la présence d’un bidet près duquel se trouve une éponge et un clystère, des mules sur le sol et des vêtements suspendus. L’ artiste suggère, par la présence d'une poche ouverte remplie d'argent, la fonction même de la mère maquerelle. Sa robe, dont la longueur laisse entrevoir ses chevilles, accentue le côté charnel, voire érotique, de la scène. L'artiste se plaît à jouer avec les contrastes car à coté de cette sensualité suggérée, il intègre des éléments triviaux, déjà évoqués s'ajoutant à cette chaise percée placée entre les deux femmes de manière indécente. De plus, la présence du chien, habituellement ...
... considéré comme le symbole de fidélité, contribue, de par son paradoxe, à une situation cocasse.
Quelques erreurs de perspective laissent penser que le peintre est un amateur, vraisemblablement client lui-même, ce qui rend cette scène particulièrement exceptionnelle par son originalité. En effet, hormis Pierre Antoine BAUDOUIN, connu pour ses compositions légères, peu d'artistes osent représenter ce type de sujet. En revanche, le thème du bordel sera repris par des artistes de la fin du XIXe siècle, comme le montre les œuvres de TOULOUSE-LAUTREC ou encore de Constantin GUYS.
L'accent porté sur un réalisme prosaïque et une description précise de la scène fait de cette composition quelque chose d'unique. Le souci du détail nous apporte des informations importantes sur l’ameublement. En effet, le siège, le jambage galbé de la cheminée, ou le dessus de porte peint, tous de style Louis XV, témoignent du collectionnisme qui prend de l’ampleur à cette époque. Cependant, le style Louis XVI fait son apparition comme en témoigne le miroir au-dessus du foyer.
Nous avons ici un véritable témoignage du passé qui nous éclaire sur l'histoire de la prostitution et sur la manière dont étaient agencés ces lieux secrets.
Didier Foucault : « L’aristocratie libertine a relevé la tête ; elle ne la baissera plus avant 1789. »
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