Alexandre KUCHARSKI (1741 – 1819) Portrait de Marie-Antoinette

... sort le portrait de Marie-Antoinette représentée en costume de veuve. Disparu lors du sac du palais des Tuileries, il est difficile de savoir si le portrait conservé à Versailles et celui conservé au Musée Carnavalet sont les premiers jets. D’autres sources nous disent que l’original, réalisé au pastel, fut ensuite offert à la princesse de Tarente, puis recueilli par succession par les héritiers de sa sœur la marquise de Crussol mais a été probablement détruit pendant la seconde guerre mondiale.

Ce portrait de Marie-Antoinette en grand deuil a été répliqué à l’huile et au pastel, tant par Kucharski lui-même que par d’autres peintres de cette époque. En effet, les amies proches de Marie-Antoinette réclamaient la dernière représentation de la Reine, image si importante et émouvante.
Notre œuvre s’inscrit dans ce contexte. Sa facture et la qualité picturale est très proche de celle conservée au Musée de Carnavalet. Il s’agit manifestement du même auteur. Les dimensions sont également identiques.

Sa provenance la rend d’autant plus émouvante puisque ce portrait a appartenu à Marie-Louise-Victoire de Donnissan, marquise de Lescure puis de La Rochejaquelein.

Née à Versailles le 25 octobre 1772 et décédée le 15 février 1857 à Orléans, Victoire, appelé aussi Victorine de Donnissan se marie en premières noces avec le général de Lescure. D’une héroïcité sans pareil elle suivra et soutiendra le Saint du Poitou jusqu’à ce qu’il meure lors de la virée de Galerne.
Après des années, pourchassée par les bleus, où elle vécut dans l’angoisse, les séparations, les deuils, les fuites et les retraits, elle se marie avec Louis de La Rochejacquelein, le jeune frère d’Henri, le 1er mars 1802. Victorine alors réapprend à vivre, à sourire, à rire avec les huit enfants qui naissent de cette union heureuse malgré tout. En 1815, il meurt lui aussi au combat pour défendre le Roi Louis XVIII.

En 1857, à quatre-vingt-cinq ans, Victoire, qui avait vu les règnes de Louis XV, Louis XVI, la Convention, le Directoire, le Consulat, l’Empire, le retour des Bourbons, la Monarchie de Juillet, la Deuxième République et l’essor du Second Empire, celle qui avait connu les ors de Versailles et la virée de Galerne, les rires de Trianon et les larmes de Savenay, deux fois veuve, après avoir perdu six de ses dix enfants, après avoir mené le bon combat, s’endort du sommeil du juste, chez elle, dans son lit, à Orléans. Selon ses vœux elle est enterrée dans cette terre de Vendée où elle avait vu la mort tant de fois, près de tous ses compagnons d’armes. "

Ses Mémoires intitulés Mémoires de Madame de La Rochejaquelein sont sans doute les plus célèbres consacrés à la guerre de Vendée.

Source : Ménie Grégoire, La Marquise aux pieds nus : Victoire de la Rochejaquelein, Ed. De Fallois, Paris, 2010.