Par Galerie Tarantino
DEMANDE D'INFORMATIONS
Att. à PIETRO PAOLO BONZI dit Le GOBBO DEI CARRACCI
ou GOBBO dei FRUTTI
(Cortone, vers 1576– Rome, 1636)
et Giuseppe CESARI dit IL CAVALIERE D’ARPINO
(Arpino, 1568 – Rome, 1640)
Paysage avec Diane et ses nymphes épiées par des satyres
Bibliographie : Claude Mercier-Ythier et Marina Di Piazzi-Cohen, Les Clavecins
Cette peinture est à rapprocher d’un groupe assez homogène autrefois attribué à tort à Agostino Tassi, le premier maître de Claude Lorrain, sur la foi d’un monogramme apocryphe «AT» figurant au verso d’une peinture de la collection Doria Pamphilij à Rome. Aujourd’hui, grâce aux travaux de Clovis Whitfield et de Seymour Howard, ces œuvres ont pu être restituées à Pietro Paolo Bonzi, dit le Gobbo dei Carracci ou bien encore Gobbo dei Frutti, surnommé ainsi en raison de sa bosse, du fait qu’il aurait été formé dans le cercle d’Annibale Carracci, et de son activité de peintre de natures mortes.
D’autres œuvres telles que ...
... le Paysage avec nymphes et satyres au bain de la collection Patrizi de Rome, Diane et Callisto conservée au Musée Magnin de Dijon, ont également été rendues au Gobbo. Richard Feigen a exposé à Maastricht en 2008, un typique Diane et Callisto sur cuivre dont les personnages présentaient de grandes affinités avec ceux de notre tableau.
La toile représentant des Nymphes se baignant près d’une cascade, dans un paysage boisé attribuée à Giacinto Giminiani, nous semble être, elle aussi à rapprocher de l’artiste.
Chez Bonzi, la conception du paysage d’origine carrachesque tient compte des interprétations conjuguées de Domenichino et de Viola. L’artiste élabore cependant un style personnel reconnaissable, grâce à différents détails constituant autant de signatures. La ligne d’horizon quoique perdue dans l’atmosphère vaporeuse et bleutée du lointain, est placée plutôt bas dans la composition permettant ainsi aux frondaisons des majestueux arbres du premier plan de se déployer à contrejour. Typiques de l’artiste sont ces petits chapelets d’arbustes en boule disposés sur une ligne horizontale, et surtout, ces souches ou bien ces branches nues comme des épines situées à la base des arbres. Les paysages du Gobbo sont souvent habités par des satyres épiant Diane au bain, lorsque cette dernière ne guette pas elle-même, Callisto, ces personnages étant généralement disposés en frises horizontales. Les personnages peints par Bonzi, tenant parfois des drapés au dessin sommaire, comme ici au-dessus de leur tête, doivent beaucoup à ceux du Cavalier d’Arpin. Cette nature peuplée d’oiseaux, de cerfs et de chiens (allusions probables à l’infortuné Actéon) est rafraîchie par des cours d’eau et de petites cascades, se prêtant à tous les bains mythologiques.
Le nom de Bonzi n’était pas totalement inconnu des collectionneurs français du XVIIe siècle, puisqu’un tableau de l’artiste ayant appartenu à Louis XIV, représentant Les paysans de Lycie transformés en grenouilles par Latone, aujourd’hui conservé au musée du Louvre, figurait depuis 1662 dans l’inventaire royal sous la bonne attribution, et que l’inventaire du Cardinal Mazarin comptait sous ce nom de nombreux tableaux à l’huile. Bonzi est également l’auteur de personnages dans certains tableaux de paysages de Paul Brill : Diane et Callisto de la National Gallery de Londres et Diane découvrant la grossesse de Callisto du musée du Louvre. C’est une autre Diane et Callisto, complètement de sa main, qui est conservée au palais Pitti de Florence et encore une autre de composition encore différente conservée au musée Magnin de Dijon, très proche du nôtre, notamment par le groupement des femmes et le petit chien presque identique. L’on note au passage le goût prononcé de l’artiste pour ce thème qui constitue un élégant prétexte à la représentation de paysages rêvés. Les figures ont récemment été attribuées au Cavalier d’Arpin, contemporain de Bonzi.
Originaire de Cortone comme Pietro Berrettini (Pierre de Cortone), c’est probablement Pietro Paolo qui convia ce jeune compatriote à se joindre à lui pour travailler à la décoration du palais Mattei vers 1622.
Le support insolite de notre peinture, un couvercle de petit clavecin, typiquement italien par la largeur réduite du clavier, est un rare document évoquant les précieux instruments de musique dont la décoration pouvait parfois être confiée par une élite cultivée aux grands peintres à la mode. La plupart de ces clavecins était peints par des décorateurs anonymes, souvent médiocres, cependant, l’on connait quelques autres rarissimes exemples de couvercles de clavecins italiens peints par des maîtres tels qu’Annibale Carracci, Luca Giordano, Andrea Vaccaro et Sebastiano Ricci et désormais Bonzi.
Les scènes, souvent mythologiques, représentées sur ces luxueux instruments, permettaient d’offrir un cadre visuel propice à la délectation, laissant l’imagination des spectateurs faire le reste, au gré de la musique.
Bibliographie complémentaire :
- Nature et idéal : Le paysage à Rome. 1600-1650, cat. exp. Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 09/03/2011-06/06/2011), Flammarion, 2011, p. 141, coul., n° 30
- Stéphane Loire, « XVIIe siècle, XVIIIe siècle, XIXe siècle », dans Élisabeth Foucart-Walter, (dir.), Catalogue des peintures italiennes du musée du Louvre. Catalogue sommaire, [musée du Louvre, Département des peintures], Paris, Editions Gallimard/Musée du Louvre Editions, 2007, p. 129, ill. n&b
- Stéphane Loire, Peintures italiennes du XVIIe siècle du musée du Louvre : Florence, Gênes, Lombardie, Naples, Rome et Venise, Paris, Gallimard/Musée du Louvre Editions, 2006, p. 50-51, 495, 502, ill. coul.
- Arnauld Brejon de Lavergnée ; Dominique Thiébaut (dir.), Catalogue sommaire illustré des peintures du musée du Louvre. II. Italie, Espagne, Allemagne, Grande-Bretagne et divers, Paris, R.M.N., 1981, p. 155, ill. n&b
- Teresa Pugliatti, « Pietro Paolo Bonzi paesista », Quaderni dell'Istituto di Storia dell'arte medievale e moderna. Facoltà di lettere e filosofia, Università di Messina, 1, 1975, p. 15-23, p. 16, 21, pl. V
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