Par Franck Baptiste Paris
Rare console d’applique à suspendre en bois de chêne finement sculpté et laqué vert.
Modèle galbé toutes faces, en plan comme en élévation.
La traverse avant fortement chantournée et profondément moulurée.
Elle est centrée d’un rocaille souligné de rinceaux d’acanthes.
Les deux montants « en coup de fouet » sont agrémentés d’acanthes et se terminent en enroulements.
Faisant office d’entretoise, une large et exubérante feuille d’acanthe asymétrique renversée et finement nervurée orne la jonction des deux pieds.
La réserve constituée par la traverse haute, les montants et l’entretoise forme un coeur.
Les cotés à dépôts arrières sont chantournés, moulurés et mis à jour.
Chêne massif.
Bel état de conservation, restaurations d’usage et petites usures de la sculpture.
Luxueux plateau en placage de marbre précieux jaune et violet, en ailes papillons sur fond d’ardoise, selon la technique de la « pietra dura », ...
... probablement réalisé en Italie au 19 ème siècle, ou nous avons trouvé la console, afin de remplacer un marbre français jugé trop basique.
Travail parisien d’époque Louis XV vers 1750 à rapprocher des consoles d’appliques réalisées par Jacques Lalbertaut*.
Dimensions :
Largeur : 66 cm ; Hauteur : 70 cm ; Profondeur : 39 cm
Consoles estampillées Lalbertaut :
-Console anciennement dans notre collection
-Console d’applique à suspendre, vente Christie’s New York 19 Octobre 2007, lot 259 ; 20 000 dollars
-Paire de consoles, collection Mrs Biddle, vente galerie Charpentier 15 Décembre 1959
-Paire de consoles, vente Fraysse et associés, 15 Mars 2017, lot 88
Jean Baptiste Lalbertaut maitre menuisier et Jacques Lalbertaut maitre sculpteur.
La mystérieuse estampille I.LALBERTAUT se relève uniquement sur des consoles d’appliques de l’époque Louis XV, elle fût relevée pour la première fois en 1959 sur une paire de console provenant de la collection new yorkaise de Mrs Biddle et présentée à la vente à la galerie Charpentier.
La notice du catalogue explique qu’il s’agit probablement du sculpteur « Bertaut » mentionné dans les archives des bâtiments du roi.
Pierre Kjellberg reprend cette information dans sa notice consacrée à cette estampille page 513 de son livre « Le Mobilier français du XVIII ème siécle ».
Nous savons aujourd’hui que cette marque renvoie à deux frères, Jean Baptiste mentionné dans les archives notariales de Paris comme menuisier et Jacques Lalbertaut comme sculpteur en 1731 puis maitre sculpteur en 1737.
Ces derniers sont issus d’une grande famille de sculpteurs : « les Martin ».
En effet ils sont les petits fils de Jean Martin, ingénieur du roi Louis XIV, les neveux du fameux sculpteur des bâtiments du roi Denis Martin, dont la soeur Catherine a épousé le père Lalbertaut.
Ils sont par la même occasion les cousins germains des peintres du roi Pierre Denis Martin « dit le jeune » (1643-1742) et Jean Baptiste Martin « dit des batailles » (1659-1735).
Enfin Jacques entretenait des liens étroits avec le maitre sculpteur Jean Baptiste Pitoin dont le fils Quentin-Claude deviendra un des ciseleurs-fondeurs du garde meuble de la couronne.
Il est évident qu’avec leurs liens familiaux, les deux frères qui étaient installés rue des Augustins à Paris travaillèrent abondamment pour les bâtiments des rois, un se chargeant des bâtis, l’autre de la sculpture conformément aux règles en vigueur.
Les archives, parcellaires, nous apprennent que ces derniers, appelés tour à tour Bertaut ou Lalbertaut travaillèrent notamment pour le château de Kremlin Bicêtre ou pour le cloître Saint Benoit à Paris.
Il est important de rappeler que sous l’ancien régime la phonétique primait sur l’orthographe et ce jusqu’à la décision de Napoléon de fixer définitivement l’orthographe des noms propres.
Après 1758, les archives ne font plus aucune mention des deux frères.
Bien que leur période d’activité soit estimée entre les années 1730 et 1758, très peu de consoles estampillées sont connues. (six à ce jour).
Ce fait s’explique probablement par l’obligation d’estampiller qui entre réellement en vigueur en 1751, ce qui expliquerait que seule la dernière partie de leur production fût estampillée.
Cette hypothèse est renforcée par le fait que les consoles connues arborent un décor rocaille symétrique caractéristique des dessins de l’architecte Pierre Contant d’Ivry des années 1755.
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