Par Franck Baptiste Paris
Grande table en console en bois de tilleul doré à la feuille.
Modèle à quatre pieds avec une façade galbée en arbalète et des cotés à déports arrières.
Elle repose sur des pieds cambrés bordés de rinceaux et de fleurettes qui sont terminés par de puissants enroulements ourlés d’acanthes.
La partie haute des montants est décreusée de réserves rocailles concaves.
La face interne des pieds est décorée d’une chute de feuilles sur un fond de treillis délicatement gravé dans les apprêts.
L’épaisse traverse centrale est constituée d’agrafes en « C » accolés, elle est bordée de coquilles et d’acanthes ajourées en « crête de coq » ; la partie centrale présente une importante réserve rocaille ornée d’une grenade éclatée.
Les traverses des cotés sont chantournées et sont décorées d’acanthes stylisées ajourées .
La jonction des pieds et des traverses arbore un rare décor de feuilles de palme.
Bel état de conservation, ...
... dorure d’origine avec des retouches éparses.
Beau marbre d’origine blanc veiné violet de type « brèche de Médicis » , à double bec de corbin qui épouse parfaitement la forme de la console.
Vallée du Rhône, époque Louis XV vers 1750.
Provenance : Château du centre de la France.
Une console issue du même atelier et provenant de la collection de la Marquise de Roumanet de Lestrange au château de la Faurie en Ardèche, est passée en vente à Paris. (Christies,13 Décembre 2006 , lot 199, 54 000 euros).
Outre une dimension (154 cm) et une forme en arbalète similaire, elle arbore un répertoire décoratif extrêmement proche, avec une grenade éclatée au centre et des pieds au décor identique.
Dimensions :
Largeur : 154 cm ; Profondeur : 65 cm ; Hauteur : 83 cm
Notre avis :
La console que nous présentons date de la période rocaille, celle ou les formes opulentes se parent d’une flore foisonnante.
Cet enchevêtrement de végétaux qui tient en équilibre par de simples accolades est l’essence même du style Louis XV.
La présence d’une grenade éclatée, symbole de fertilité et de fécondité, ainsi que l’asymétrie du décor nous permettent de la dater du milieu du 18 ème siècle.
Quelques réminiscences du style régence, comme le décor de palmes et le treillis gravé, nous oriente plus précisément vers une production de la décennie 1740-1750.
L’archétype de notre console est lyonnais tout comme l’essence de tilleul utilisée pour le bâti, mais les dimensions importantes de la traverse, l’abondance du décor et son exubérance sont des éléments caractéristiques des productions de la vallée du Rhône. .
De nombreux ateliers situés entre Lyon et Avignon proposaient des pièces d’apparat en bois doré, dont des ensembles de miroirs et de consoles, qui étaient trés recherchés en Provence.
Sous le règne de Louis XV, cette production est trés majoritairement inspirée des dessins de l’ornemaniste Juste Aurèle Meisonnier (1695-1750).
La ligne trés aboutie de notre console représente le parfait exemple de sa manière, tant par la forme que par le décor.
La famille Meisonnier est originaire d’Aix en Provence mais le jeune Juste Aurèle né à Turin ou son père, orfèvre, travaille pour la cour de Savoie.
Architecte, peintre et orfèvre, il est au contact de l’élite artistique dés son plus jeune âge et il reviendra en France trés imprégné du baroque italien.
Rapidement il s’imposera comme un des plus grands maitres du style rocaille et signera les dessins des plus belles fameuses pièces réalisées sous le règne de louis XV.
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