Par Antiquités Philippe Glédel
Mobilier XVIIIe parisien et régional, dont meubles de port.
Rare commode Mazarine en bois de Saint-Martin rouge, galbée en façade et ouvrant par quatre tiroirs sur trois rangs.
Coiffée d'un plateau en deux larges planches, mouluré sur son pourtour d'un bec-de-corbin à cavet avec ressauts aux angles, la commode ouvre par quatre tiroirs sur trois rangs. Il convient de noter d'ailleurs que la présence de deux tiroirs au rang supérieur ainsi que celle d'une traverse entre ce rang et le plateau sont des éléments qui se rencontrent rarement sur les commodes landernéennes.
Les tiroirs à recouvrement et bordés d'un quart-de-rond se voient parés d'une garniture de bronze d'origine : larges mains pendantes et leurs rosaces de soutien, trois grandes entrées de serrure (celle du sommet coupée et factice) et 6 plus petites (dont quatre factices et pleines, ce qui est très peu courant). Héritage du "Grand Siècle", elle paraît au premier regard n'avoir que trois larges tiroirs.
Pour le bâti : fonçures des tiroirs en chêne, avec ...
... planchers des grands tiroirs en noyer, planchers intermédiaires en sapin et dos en bois indigènes divers.
Les lignes du meuble sont douces et épurées, avec des becquets aux angles des traverses délicatement chantournées, les pieds "Mazarin" lui apportant un supplément de puissance tandis que leur ornementation sculptée d'une chute d'acanthe crispée formant console et d'une large palmette sommant un sabot de cervidé nervuré lui ajoute le supplément de raffinement qui distingue les meubles d'apparat à destination des hôtels particuliers des riches négociants de Landerneau.
Meuble se présentant dans un très bel état de conservation d'origine, les bois (plateau, pieds, façade et côtés) tout de Saint-Martin massif, sans rayures ni coups et quasiment sans greffes, juste à signaler une petite dans l'angle sup. gauche du tiroir inf. et deux petites entures en sifflet à la base des montants arrière(que nous avons réalisées pour masquer l'intervention postérieure d'un artisan menuisier peu inspiré qui y avait sculpté des volutes, ce qui constituait sur ce modèle une véritable hérésie stylistique).
Entièrement révisé par notre menuisier (fonds, coulisseaux...).
Finition rempli-ciré conservant la patine d'origine.
Trois grosses serrures en fer d'origine (une manquante au tiroir sup. gauche).
Large modèle, d'une épure sobre et classique, de très belle qualité.
Landerneau - Milieu du XVIIIe siècle.
Nous avons fait l'acquisition de cette commode chez un vendeur particulier après expertise auprès d'une Maison de vente et elle nous fut proposée comme "commode malouine en acajou", ce qui nous a fort peu surpris, et sans doute si elle n'était pas venue à nous elle serait très probablement demeurée ainsi qualifiée. Nous verrons plus bas la confusion fréquente avec la commode de Saint-Malo et par ailleurs en effet on ne saurait nier que le bois de Saint-Martin est assez proche de l'acajou, mais il possède des stries noires bien particulières (beaucoup plus marquées que celles d'un acajou du Honduras) et surtout un veinage bien spécifique épars "ailes de perdrix" (à ne pas confondre avec le ferréol dit "bois perdrix").
Pour reprendre ce que nous avons écrit par ailleurs : presque toujours on les* verra désignés sous le terme d'acajou. Ainsi nous avons pu lire dernièrement un cacophonique "acajou jaune de Saint-Martin", ce qui est une grande méprise** et fort explicite sur le pêle-mêle des termes "acajou" et "bois exotiques".
* Les bois exotiques.
**A plus forte raison quand le bois en question, à notre humble avis, n'est ni de l'acajou, ni du Saint-Martin jaune. Il est tant de bois exotiques méconnus tels que le grignon ou le bagasse par exemple...
Le bois de Saint-Martin rouge, appellation Angelim Rosa, est un bois exotique de couleur brun-rouge de la famille des Fabacées dont il existe trois variétés (le rouge, le plus commun sur les meubles de port, le jaune, beaucoup plus rarement employé, et le blanc, qui nous paraît avoir été bien peu utilisé en ébénisterie portuaire). Il est en grande partie originaire des Antilles et plus précisément des Caraïbes (tandis que celui utilisé pour les meubles des ports de l'Atlantique provient de Guyane où on exploite aussi le gaïac, le ferréol, le bagasse, le balata, le wacapou, l'amourette et l'ébène verte).
C'est un bois aussi dur que décoratif (qui se différencie de l'amarante et de l'acajou par son aspect ramagé (aile de perdrix) que l'on rencontre parfois en effet, bien que ce soit assez rarement (et s'y ajoute le fait qu'il n'est que très peu souvent identifié), sur des meubles de port depuis le XVIIe siècle. Nul doute que Landerneau se soit fait une spécialité de son utilisation (rare à Nantes et quasi méconnue à Saint-Malo et à Bordeaux).
Il est d'ailleurs inventorié dans ses trois variétés dans la liste des bois exotiques du Malfoy.
Pour en apprendre davantage sur ce bois exotique, un pdf est mis en ligne par le CIRAD :
https://ctbg.cirad.fr/content/download/1053/5624/file/st martin rouge.pdf
Précisons encore que nous avons bien affaire ici à la variété rouge (et non jaune), même si sa tonalité est plus claire qu'à l'habitude, et que l'ébéniste a fait jouer en façade les contrastes entre duramen (ou bois de cœur) et aubier.
Pour en apprendre davantage sur les commodes de port du Léon, voir le descriptif de la commode sur notre site où nous avons dressé un inventaire des commodes de Landerneau.
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