Par Antiquités Philippe Glédel
Mobilier XVIIIe parisien et régional, dont meubles de port.
Très rare commode d'époque Louis XV en noyer blond des Alpes, ouvrant à deux tiroirs, galbée en façade et en côtés, coiffée d'un marbre de La Mure, et portant l'étiquette de 1769. Grenoble XVIIIe siècle.
Notons que nous n'avons pas ici une commode décrite comme attribuée ou attribuable à Jean-François Hache mais comme une commode de Jean-François Hache, et portant l'étiquette de l'atelier.
Car Il n'est pas inutile de rappeler qu'il existe bien davantage de commodes dans le goût des Hache (et parmi elles beaucoup qui leur sont abusivement attribuées / Voir notre article à ce sujet à cette adresse : http://antiquites-gledel-philippe.chez-alice.fr/T_Commode_de_Jean-Francois_Hache_en_noyer.htm#Les-Faux
que de commodes véritablement fabriquées par les maîtres grenoblois. Leur renommée était telle qu'ils furent copiés par de nombreux menuisiers ou ébénistes du Dauphiné, et parmi eux d'anciens apprentis formés à l'atelier même, et leur influence ...
... s'exercera également au delà des frontières, notamment vers l'Italie voisine, et particulièrement l'Emilie.
Nous verrons plus bas les différents éléments techniques et visuels qui permettent d'attribuer avec certitude une commode aux Hache, mais disons tout d'abord que malgré les efforts des suiveurs, l'originalité mais surtout la qualité de leur fabrication, techniquement sans défauts, est telle qu'en présence d'une de leurs commodes il n'est pas de place pour le moindre doute. Si Jean-François Hache, en particulier, a été beaucoup copié, il n'a jamais été égalé, et ses meubles robustes mais infiniment gracieux procurent une véritable émotion à l'observateur... A l'exemple de ce modèle classique de commode en sauteuse à la Régence en bois naturel que nous présentons, simple en apparence, mais seulement en apparence, car en vérité il est le fruit de décennies de mises au point des formes et des lignes par des maîtres doués d'un grand savoir faire doublé d'un génie artistique.
Notre commode possède encore son étiquette collée dans le tiroir supérieur :
Il s'agit de l'étiquette n° V du classement Fonvieille, utilisée en 1769.
Elle est entièrement galbée et fabriquée, conformément au choix prioritaire des Hache, dans un bois de pays : un superbe noyer blond des Alpes, choisi pour son beau veinage ramageux à grain très fin, pour les parties apparentes, et du sapin pour les fonçures. S'il s'agit là d'un modèle classique de Jean-François Hache, il se distingue de beaucoup d'autres par la richesse apportée par le marbre et la garniture de bronze, des poignées en particulier de la plus belle des qualités (modèle Louis XV inédit chez les Hache et pourtant absolument d'origine), et avec cul de lampe également présent au tablier.
Le meuble est en effet coiffé d'une table de pierre marbrière dite "de la Mure", plus précisément nommé Peychagnard. Il s'agit d'un très remarquable calcaire gris-noir nuagé de blanc. Ces marbres étaient débités sur place à l'aide d'une simple scie à eau, transportés à Grenoble, finis en ponçage à la main, et ainsi on retrouve sur le parement de celui-ci de nettes ondulations, très caractéristiques des marbres du XVIIIe siècle.
Les commodes Louis XV en bois naturel des Hache sont davantage appréciées avec un plateau de marbre, tant il est vrai que ceux-ci sont d'une très grande beauté et que de plus les commodes qu'ils coiffent sont d'un fini remarquable et se trouvent souvent enrichies par la pose d'un bronze d'ornement à l'agrafe de la traverse basse (tout au moins pour les grands modèles), alors que les mêmes modèles de commodes, mais à dessus de bois, plus rustiques, n'en sont généralement pas dotées. Les premières étaient beaucoup plus chères à l'époque (tout comme elles le demeurent aujourd'hui sur le marché de l'art) et étaient destinées (particulièrement pour des châteaux du Dauphiné presque entièrement meublés en bois naturel) aux pièces d'apparat (comme le confirme généralement l'ajout d'une dorure sur les bronzes de ces modèles). Il est à ce titre significatif que l'ébéniste indique précisément dans le libellé de ses étiquettes publicitaires : "tables et commodes à dessus de marbre". Elles sont aussi beaucoup plus rares, et ainsi nous n'en connaissons que cinq autres (tandis que nous pourrions en compter des dizaines à plateau bois), trois grands modèles : celle du Musée Dauphinois avec une semblable étiquette de 1769, une autre (vente Aguttes) provenant d'un château du Dauphiné (demeure entièrement meublée au XVIIIe siècle, tout comme Longpra, par Jean-François Hache) qui possédait très probablement l'étiquette de 1767, et une troisième, la plus large, de nos anciennes collections, avec l'étiquette de 1771-1772, et enfin deux plus petits modèles : l'une passée en vente publique à l'hôtel Drouot (vente Brissonneau - Daguerre) à l'étiquette probablement disparue et l'autre d'une ancienne collection privée (reproduite dans le Fonvieille et aujourd'hui en vente chez notre collègue Franck Baptiste) à l'étiquette également disparue.
Deux petites singularités sur notre commode, entièrement conforme à la manière de Jean-François Hache, que nous détaillons sur notre site (pas ici faute de place) : L'ajustage du bâti de la commode au profil du marbre plus épais à l'arrière (paraissant toutefois semblable au modèle du musée Dauphinois / Voir en doc. la vue du côté de la commode) et la volute profilée dans la découpe du côté.
L'état d'origine de l'ensemble du meuble est absolument superbe : Les bois de façade et de côtés sont quasiment exempts d'attaques xylophages. Le marbre de la Mure, au très remarquable aspect jaspé, fabriqué il y a plus de 250 ans, n'a jamais été restauré, il se présente avec "un beau vécu" et une superbe patine.
Ornementation de bronze doré : quatre poignées de tirage, deux entrées de serrure et un cul-de-lampe. Deux anciennes serrures en fer.
Grenoble - Epoque Louis XV - XVIIIe siècle.
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