Par Galerie Pellat de Villedon
Mobilier, objets d'art et tableaux
Commode galbée ouvrant par trois tiroirs en placage de bois de violette. Elle repose sur quatre petits pieds galbés. La commode est garnie de riches bronzes dorés représentant des dragons, des fleurs de tournesol, des fleurs et feuillages ; en poignées de tirages, en entrées de serrure, en moustache, en tablier, en sabot.
La commode est surmontée d’un marbre griotte rouge de Belgique.
Attribuée au Maître aux pagodes
Époque Régence
Restaurations d’usage, clé refaite, un accident au marbre
H. 82 x L. 121 x P. 60 cm
La commode que nous présentons aujourd’hui est un modèle d’époque Régence tout à fait remarquable. En effet, elle témoigne du goût pour les chinoiseries. Remarqué par ses bronzes, cette envie d’exotisme est devenue la spécialité d’un ébéniste. En plus d’être d’une grande qualité (« bronzes gras », lignes équilibrées, dessin du placage élégant, etc), la commode est très probablement un des témoins de la production ...
... d’un personnage mystère, énigme considérable.
Des historiens ont remarqué la production de commodes et de bureaux plats ornés de bronzes inspirés de la Chine (dragons, pagodes, etc) tout à fait inédit dans les arts décoratifs. D’abord associé au mal et au démon dans la culture chrétienne, le dragon (présent sur notre commode) devient au début du XVIIIe siècle une figure liée au plaisir et à l’exotisme en lien avec l’extrême Orient.
Les bois de placage sont quasiment toujours en bois de violette en fraisage (à l’exception de quelques oeuvres en bois de satiné et de palissandre). Le bâti est en sapin et les tiroirs sont en chêne. La production est principalement centrée sur les commodes (à 2 ou 3 rangs de tiroirs). Les bronzes en chutes y sont soit avec des rocailles et quatre oves, soit des dragons ailés, ou soit décors de rosaces faites de tournesols (comme en témoigne notre commode). Les sabots quant à eux sont soit en forme de rocher couvert de feuillages, soit en forme de pâtes munis de griffes (de même que la commode de notre étude). Les poignées, enfin, sont soit composées de branchages de fleurs, soit formées par un élément proche d’une arbalète ornée de feuilles de lierre et réuni par un écusson au centre (ce sont ces poignées qui figures sur notre commode).
Une véritable enquête a alors été menée notamment par Alexandre Pradère afin de mieux connaitre son oeuvre. Malheureusement, l’estampille n’étant pas obligatoire sous la Régence et l’absence de documents n’ont pas permis une identification officielle de ce très grand ébéniste. Il a souvent été confondu avec Charles Cressent, Etienne Doirat, Noël Gérard, les fils d’André Charles Boulle. Cependant, son oeuvre est si originale au sein de la production Régence qu’elle ne peut être que l’oeuvre d’un seul homme. Les informations que relèvent monsieur Pradère est qu’il s’agit d’un ébéniste parisien actif à Paris vers 1730-1745. Mais vient la problématique de lui trouver un nom : ce sera « Le maître aux pagodes », dénomination naturelle venant de son goût très marqué pour la chinoiserie. Ces critères stylistiques et l’intérêt que les collectionneurs et historiens portent à la production de notre ébéniste anonyme ont permis de révéler ce grand artisan.
Son oeuvre réside notamment dans la complexité et l’originalité de ses bronzes. De ce fait, ses meubles sont par ceux-ci de véritables meubles de collectionneur. La commode que nous présentons est tout à fait remarquable puisqu’elle fait partie des rares meubles à être officiellement reconnus comme étant attribués de sa main (plusieurs pages de l’Estampille Objet d’art datant de Mars 1992, articles de référence pour le Maître aux pagodes, ont reproduit notre commode). Nous y apprenons également que le Maître aux pagodes réalisait très souvent ses commodes en paire et que la soeur de notre commode a été vendue le 15 juin 1971 au Palais Galliera.
Ainsi, nous avons pu constater qu’il s’agit d’un meuble de très grande qualité, original pour son époque, témoin d’un ébéniste intriguant, connu dans la presse et dans le monde de l’art.
Sources :
« Le maître aux pagodes », L’Estampille Objet d’art, Mars 1992
Pradère (Alexandre), Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution, Chène
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