Par Franck Baptiste Paris
DEMANDE D'INFORMATIONS
Rare commode de format « entre-deux », ouvrant par deux tiroirs sans traverse.
Galbée en façade et sur les cotés, elle repose sur quatre pieds cambrés.
Décor au « vernis martin » à l’imitation de la laque de Chine sur les trois faces.
Sur fond noir, notre commode présente des paysages lacustres en fort relief de poudre d’or et de cuivre: promeneurs en costumes traditionnels, jonque, habitation sur pilotis de type Diojiaolou*…
Belle ornementation de bronzes d’origine dorés au mercure dont : chutes d’angles et chaussons de pieds ajourés à la Grecque, cul de lampe au lions, entrées de serrures et poignées à tores de lauriers.
Dessus de marbre d’origine « Brèche d’Alep* » à double moulurations.
Bâti et fonds en chêne.
Parfait état de conservation.
Estampillée deux fois sur les montants « Roussel » et JME pour la jurande des menuisiers-ébénistes.
Travail parisien d’époque Louis XV vers 1765-1770.
Dimensions : ...
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Largeur : 95 cm ; Hauteur : 86 cm , Profondeur : 52,5 cm
Pierre Roussel (1723-1782) Ébéniste reçu maitre à Paris le 21 août 1745.
Très habile marqueteur, Roussel a laissé une production abondante, diverse et d'excellente qualité.Reçu Maître Ebéniste en 1745, Pierre Roussel s'installe rue de Charonne, dans le faubourg Saint-Antoine sous l'enseigne " L'Image de Saint Pierre ". Grâce à ses qualités d'ébéniste et surtout de marqueteur hors pair, il acquiert trés rapidement une grande notoriété. En 1762 il devient juré de sa communauté. Dès 1767 il est considéré comme l'un des meilleurs ébénistes de son époque ce que confirme "l'Almanach d'indication générale ou du Vray mérite " de 1769 qui le cite comme l'un des premiers ébénistes de Paris. Grandement apprécié par ses confréres, il devient député du corps des ébénistes en 1777 puis syndic deux ans plus tard. Ses productions abondantes et variées se sont adaptées à tous les styles du XVIIIe siécle, avec élégance et raffinement. De nombreuses commodes Louis XV, à placage de bois de rose ou de bois de violette sont décorées de marquetteries de fleurs ou de nœuds de rubans. La laque et les paysages de goût d'Extrême Orient sont également souvent utilisés dans sa décoration. Sur les meubles, Transition et Louis XVI on retrouve beaucoup d'ouvrages marquettés de paysages architecturaux de villes, de rivière ou de ports, sans bien sûr oublier les marqueteries à dessins géométriques souvent employés. L'inventaire de ses marchandises, réalisé aprés sa mort, prouve la prospérité de son établissement que sa femme associée à ses fils, prit en gérance.
Oeuvres dans les Musées :
Commode ventrue, vers 1745-1750, ouvrant à deux tiroirs sans traverse apparente. musée des arts décoratifs de Paris- N°MAD157.?Grande commode à deux tiroirs sans traverse. Galbée sur ses trois faces, elle est en laque du japon à décor de fleurs et oiseaux polychromes et or sur fond noir. musée des arts décoratifs N°MAD1678.?Bureau Plat, de forme rectangulaire. Musée des Arts Décoratifs - Lyon,
Commode Louis XV à deux tiroirs - Musée de Beauvais
Commode Louis XV - Les arts décoratifs de Paris
Grande table Louis XV - Musée du Louvre
Petite table rognon - Petit Palais - Paris
Table à écrire et à coiffer Transition - Museum of Fine Arts - Boston
Commode fin Louis XV - Museum of Art - Cleveland
Bibliographie :
Pierre Roussel ébéniste et marchand - Patricia Lemonnier - L'Estampille/L'Objet d'art, n° 230, Novembre 1989, p. 40-45
Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle - Pierre Kjellberg - Les Editions de l'Amateur - 2008
Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - Les éditions d'Art et d'Histoire - 1934
Dimensions :
Largeur : 95 cm ; Hauteur : 86 cm , Profondeur : 52,5 cm
*Le Diojiaolou, littéralement « grenier suspendu » est une habitation des minorités ethniques peuplant les montagnes du sud-ouest de la Chine.
Sans fondation et sur pilotis, ce type de maison en bois est construit à proximité de la rivière, sur une pente douce.
*Le brèche d’Alep est un des plus beaux marbres français.
Il se compose de fragments anguleux, jaunes, orangés, gris, bruns incrustés dans un ciment jaune clair.
Connu depuis l’antiquité et trés utilisé dans l’ameublement au 18 ème siècle, il est issu d’une carrière proche d’Aix en Provence, sur la commune du Tholonet dans le massif de la Ste Victoire.
Notre avis :
La commode que nous présentons est un trés bel exemplaire de la production de Pierre Roussel, un des plus grands ébénistes parisiens du 18 ème siècle.
Il nous offre un meuble aux lignes pures grâce à d’ingénieuses traverses à retrait dissimulées à l’intérieur du bâti.
La découpe trés architecturée du tiroir du bas qui reçoit le cul de lampe et l’apparente simplicité des bronzes enroulés à la Grecque rappelle qu’il fut, avec un cercle restreint d’ébénistes proches du roi, un des premiers à amorcer la fin d’un baroque devenu trop lourd, et cela dès les années 1760.
Il sera un des plus grands représentants du style transition.
La perfection du montage et la qualité du bois de chêne choisi nous permettent de la présenter dans une parfaite intégrité, sans la moindre restauration ni dans les fonds ni dans son décor en « vernis européen ».
Grace à la renommée des deux frères Guillaume et Etienne Simon Martin l’appellation Vernis Martin a remplacé peu à peu celle de l’époque, mais c’est bien un « vernis façon de la Chine » qui fut appliqué sur notre commode par un des nombreux ateliers de vernisseurs du faubourg St Antoine.
Outre ses qualités et son luxueux plateau de marbre brèche d’Alep, elle nous offre un petit format relativement rare pour une commode en laque.
Issue des plus grands ateliers de Paris, elle représente la quintessence du style Louis XV, non seulement dans les formes, mais aussi dans le décor, avec un bon exemple du goût oriental et de la mode des « chinoiseries » qui toucha la France au milieu du 18 ème siècle.
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