Par Antiquités Philippe Glédel
Mobilier XVIIIe parisien et régional, dont meubles de port.
Rare commode d'époque Louis XIV à trois rangs de tiroirs en placage de bois des Alpes à décor de réserves géométriques et riche ornementation de bronze ciselé et doré.
Travail grenoblois d'époque Louis XIV (vers 1710 - 1715) par Thomas Hache.
Cette commode de Thomas Hache se caractérise par un décor qui repose sur une juxtaposition symétriquement ordonnée de figures géométriques en contrastes savamment dosés. Elle est entièrement plaquée de bois de pays, selon une habitude chère aux Hache, plateau, façade et côtés recouverts sur fonds d'olivier de loupes d'érable et de frêne compartimentées en réserves ourlées de bandes et contours délimités par des filets de bois noircis eux-mêmes flanqués de minces filets de bois clair.
On ne peut que s'émerveiller devant la taille des feuilles de placage et la beauté des loupes, gages d'une grande qualité qui caractérise les réalisations des Hache sur trois générations à Grenoble et que ne parviendront ...
... pas à atteindre leurs suiveurs.
Elle représente l'archétype des premières productions de Thomas Hache et, comme le note Pierre Rouge, stricto sensu d'époque Louis XIV. L'auteur du Génie des Hache en dresse d'ailleurs une chronologie précise, soit entre 1710 et 1715, date à partir de laquelle, Hache commençant à se fournir chez les marbriers du Dauphiné, le modèle va évoluer -pour moins d'une dizaine d'années d'existence encore- par le simple ajout d'une traverse sous le plateau permettant de proposer à la clientèle la commode en deux déclinaisons : avec plateau marqueté ou marbre.
Cette commode est un modèle à dessus bois ouvrant à trois tiroirs sur trois rangs, la façade légèrement bombée "en D", les montants avant galbés dans une douce et ample continuité du galbe de façade et ponctués de pieds chantournés en contours des sabots, les montants arrière à ressauts finissant en pieds évasés, le plateau suivant parfaitement les contours de la commode.
Sept essences de bois ont été utilisées pour sa fabrication, dont deux en massif : pour le bâti le sapin et le noyer (exclusivement pour les façades des tiroirs / les tiroirs des commodes de ce type recouvertes de bois indigènes sont en noyer, ce qui est une particularité de Hache et permet encore de les différencier des autres productions grenobloises). Six bois sont par ailleurs utilisés en placage : l'olivier, scié en biais pour les fonds, et ceux-ci bordés d'un filet de noyer ou d'amandier, la loupe d'érable champêtre pour la plupart des réserves, la loupe de frêne pour les bordures, le charme noirci pour les filets et le houx pour leurs contours.
En effet les filets des Hache ont toujours leurs contours ainsi soulignés. Ils ont une autre particularité qui permet d'établir une attribution et de rejeter bon nombre de commodes en placage de suiveurs qui font parfois illusion, et plus encore quand leur sont rapportées de fausses estampilles : ces filets ne sont jamais coupés aux entrecroisements mais ininterrompus dans leurs circonvolutions.
Pour le plateau la composition décorative s'organise autour d'un grand losange en loupe d'érable à bordure en loupe de frêne inscrit dans une importante réserve à lobes convexes en bois d'olivier en ailes de papillon, elle même bordée de loupe de frêne, l'ensemble encadré de quatre cartouches oblongues et quatre cartouches trilobés "en cœur" aux écoinçons, le tout encore souligné d'une bordure puis de la moulure en bec-de-corbin faite d'un épais placage d'olivier scié de biais (épaisseur de 2 lignes, soit environ 7mm, du massif ) et collé à l'angle du bâti. Chacune des figures géométriques est ourlée d'un large filet de charme teinté noir, lui même encadré de deux minces filets de houx.
Une observation minutieuse permet de remarquer que ce triple filet devient quadruple par l'ajout d'un filet de couleur tabac côté intérieur (sans doute du noyer sur le plateau et de l'amandier ou érable en façade) posé sur absolument toutes les bordures des réserves qui ne sont pas plaquées de loupes (ce sont donc chacune des réserves d'olivier mais aussi les deux petits rectangles horizontaux au sommet des côtés).
La façade est rythmée par un jeu d'alternance de réserves en cartouches polylobés semblablement en loupe d'érable clair contrastant avec l'olivier brun-rouge dans des encadrements de loupe de frêne ourlés d'un quart-de-rond d'olivier.
Les côtés sont ornés d'un grand losange à bordure en rappel du plateau, mais cette fois inscrit dans un rectangle vertical surmonté du traditionnel petit rectangle horizontal (et toujours ourlé de filets sur trois côtés seulement).
Les montants sont agrémentés d'une composition tripartite de réserves en loupe d'érable sur fond d'olivier.
Comme sur la plupart de ces modèles de commodes dotées d'importants sabots de bronze (plus larges en effet que ne le sont les montants) le pied est rapporté à la base du montant (et jointé par deux tourillons) et découpé aux contours du bronze, tandis qu'à l'arrière, et sur la même hauteur, est collée une plaquette permettant le profilement d'un pied évasé atypique (mais répondant bien aux canons du néoclassicisme / Ainsi beaucoup plus tard Adam Weisweiler sera coutumier d'un pied en socle rappelant cette façon).
Le meuble est paré d'une fort riche ornementation de bronze composée de six poignées tombantes aux dauphins, de trois entrées de serrure figurant les mêmes cétacés flanqués de putti (ses trois serrures en fer toujours présentes avec une clé de même métal actionnant les trois) et enfin de deux sabots "aux masques joufflus". On verra en observant les quelques commodes référentes connues que ces sabots sont d'un modèle classique chez Hache (modèle qui se distingue de la plupart des modèles parisiens rencontrés sur des commodes de même époque par l'ajout d'une chute lancéolée entre les volutes), tandis que les poignées sont plus insolites. On sait d'une part la prédisposition de Thomas Hache à varier ses garnitures qui sont des éléments permettant de différencier chacune de ses commodes (ici, outre leur magnificence, leur taille ramassée offre l'avantage d'un respect du tracé des réserves), et d'autre part nous avons pu observer les mêmes bronzes "aux monstres marins" sur une commode Louis XIV de François Lieutaud (nous avions par ailleurs déjà noté la similitude entre les bronzes de Thomas Hache et ceux de ce grand ébéniste et fondeur parisien et évoqué voir ce dernier comme le principal fournisseur en garnitures de bronze de Hache).
Nous trouverons dans l'ouvrage Le génie des HACHE trois commodes référentes, pl. 86 (la seule également d'époque Louis XIV), 97 (vente Drouot de 1985), et 98, puis une commode reproduite dans Le Fonvieille. Nous ajoutons à cette documentation une commode vendue à Drouot en 2000, en signalant n'avoir pas vu que deux (véritables) commodes de ce même modèle passer en vente publique depuis lors.
Descriptif complet sur notre site sur cette page : http://antiquites-gledel-philippe.chez-alice.fr/T-Commode-Louis-XIV-placage-Thomas-Hache.html
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