Chérubin Ailé - Florence XVe siècle

... présentation en profil suggère qu’il faisait probablement partie d’une frise entourant une composition centrale. L’habileté technique de l’artiste est évidente dans la maîtrise des formes et des volumes, témoignant d’une parfaite compréhension de l’élégance raffinée qui caractérise les ateliers toscans de l’époque. Le relief prononcé des ailes au premier plan, presque détachées du fond, contraste avec la délicatesse du modelé des ailes en arrière-plan. Cette perspective, qui accentue la plasticité et confère un réalisme défiant la bidimensionnalité du relief, constitue une caractéristique marquante de la sculpture florentine de la Renaissance.
L’artiste démontre une grande virtuosité dans le traitement des détails : l’oreille très finement sculptée, les joues pleines et l’agencement fluide des ailes qui entourent délicatement le visage révèlent un raffinement caractéristique du style florentin du début de la Renaissance. La finesse des traits, l’arc des sourcils et la précision du modelé de l’oreille suggèrent la main d’un artiste d’une grande maîtrise technique, héritier des grands sculpteurs florentins du XVe siècle tels que Desiderio da Settignano et Antonio Rossellino.
Le visage rond, aux traits délicats, les cheveux finement sculptés et les ailes du chérubin rappellent les reliefs circulaires plus tardifs de la Cappella dei Pazzi, attribués à Settignano par Cardellini (1962). L’esthétique raffinée qui caractérise cette œuvre fait également écho aux sculptures de Settignano, en particulier dans la douceur des joues et des traits du chérubin.
La ressemblance avec d’autres maîtres florentins est frappante, notamment avec les reliefs réalisés par Rossellino, comme ceux de l'Ange Annonciateur et de la Vierge (vers 1460-61) à la basilique San Petronio de Bologne, où l’on retrouve des proportions et des traits similaires. Ces visages expressifs sont également présents dans la décoration de la Sala degli Angeli du Palazzo Ducale d’Urbino et dans un relief en pierre de Rossellino conservé au Musée des Beaux-Arts de Budapest.Une autre comparaison notable peut être faite avec les chérubins ailés de la Madonna e Bambino con i santi Stefano e Lorenzo (1489) d’Andrea Della Robbia à Prato.
Ancré dans la florissante Renaissance florentine, ce relief incarne les idéaux esthétiques de la période. L’attention méticuleuse portée par l’artiste aux traits du chérubin, ainsi que le raffinement de la composition, témoignent d’une profonde connaissance des traditions sculpturales et des valeurs artistiques florentines de l’époque.