Capricci avec ruines architecturales - Alessandro Magnasco (1667-1749)

... continuellement de nouveaux détails à identifier et à déchiffrer dans les innombrables sketches animés par des personnages typiques du répertoire du Grand Maître Génois.

Parmi les différentes situations, se détachent les silhouettes des peintres désireux de peindre devant le chevalet, mais aussi les inévitables soldats, joueurs assis à des tables, musiciens et acrobates.

L'univers artistique absolument visionnaire et surréaliste d'Alessandro Magnasco est ici représenté de manière excellente.

Le charme de cette très rare collection, déjà d'un attrait considérable en soi, est accru par l'état de conservation des œuvres, qui sont présentées sur première toile, encore fixées sur les châssis fixes d'origine, sans la moindre retouche aux tableaux restés intacts et complets de leurs cadres contemporains.

A cela il faut ajouter une note très intéressante et particulière : au dos des cadres sont marquées les armoiries des Médicis, ce qui certifie la datation des œuvres dans les 10 premières années du XVIIIe siècle, période passée par Magnasco au Cour des Médicis, sous l'aile protecteur du Grand Prince Ferdinand.

L'hypothèse selon laquelle les 10 toiles pourraient être les 10 esquisses préparatoires, exécutées avec une grande efficacité, pour la création d'œuvres à grande échelle commandées par Ferdinand de Médicis est très suggestive.

Dans tous les cas, nous préférons conserver la collection dans son ensemble, en évitant de disperser les tableaux séparés, pour sauvegarder l'intégralité artistique et l'historicité de la collection, à considérer comme une œuvre unique.

Biographie de l'auteur:
Alessandro Magnasco est né à Gênes le 4 février 1667, fils de Stefano Magnasco et de Livia Caterina Musso.
Après la mort de son père, également peintre et élève de Valerio Castello, le très jeune Alessandro s'installe à Milan en 1682, dans l'atelier de Filippo Abbiati.
Ici, il est avant tout influencé par la peinture vénitienne contemporaine et son style baroque.
maître.
Ses peintures, faites de matière pâteuse et écaillée, dégagent de violents contrastes tant de couleurs que de lumière et auront également une forte influence sur la peinture de ses contemporains, notamment le Vénitien Marco Ricci.
Considéré comme l'un des artistes les plus originaux du XVIIIe siècle italien, il se démarque dans la peinture de genre populaire. Le coup de pinceau, toujours plein d'effets de clair-obscur et d'aperçus de lumière dans l'obscurité, tend à représenter des environnements sombres avec des figures allongées et déformées, anticipant la peinture expressionniste des siècles suivants.

- Magnasco à Milan -
Ses premières œuvres furent des portraits réalisés sur commande, genre qu'il abandonna bientôt pour se consacrer aux paysages avec des scènes animées de figures dégingandées de frères, de gitans, de soldats, de bûcherons et d'acrobates, insérées dans de grands et sombres scénarios. Ses toiles s'inscrivent avant tout dans des contextes décrivant des paysages orageux, des bois sombres ou des décors conventuels inquiétants.
Dans la création d'œuvres avec des ruines et de l'architecture, il fait souvent appel à la collaboration de certains spécialistes, comme Clemente Spera et Antonio Francesco Peruzzini. Il collabore intensément avec ce dernier, laissant à son confrère le soin de représenter les extraordinaires compositions bordées d'arbres aux très hautes branches qui se détachent en contre-jour sur le ciel bleu éclatant.

- A la cour des Médicis -
De 1703 à 1710, Magnasco s'installe à Florence au service du Grand Prince Ferdinand de Médicis, fils aîné de Cosimo III et mécène et collectionneur passionné. À Florence, Magnasco a rencontré une série de peintres et de graveurs qui, entre les XVIIe et XVIIIe siècles, se sont consacrés au développement du genre dit de la peinture "chargée et ludique", parmi lesquels Stefano della Bella, Salvator Rosa, Giuseppe Maria Crespi et Giovanni Domenico Ferretti, tous habitués de la cour des derniers grands-ducs Médicis.
En 1711, de retour à Milan, il fut appelé à réaliser la décoration de l'entrée triomphale de l'empereur Charles VI dans la ville.

- Esprit agité -
Sa peinture est souvent comparée à celle d'esprits agités comme le visionnaire Monsù Desiderio, ou aux grands chefs-d'œuvre du Greco, dont
Magnasco se distinguait par sa vision personnelle de la lumière, même dans les petites peintures de « genre » du XVIIIe siècle, avec des vignettes qui expriment un drame fort allié à un goût rococo, typiquement scénographique et théâtral.