Buffet deux corps en marqueterie, attribué à Thomas Hache vers 1690

... présentent des bouquets similaires, dans des réserves rectangulaires, mais reposant sur des colonnes à l’antique.
Les tiroirs et la traverse haute arborent des rinceaux de fleurs polychromes.
Le revers des portes reçoit un placage d’érable.

Trés bel état de conservation, petites restaurations d’usage.

Ame en sapin (cotés, fond du bas et du haut) ; fond des tiroirs, dos en chêne et serrures crémones remplacés vers 1830.*

Travail attribuable à Thomas Hache vers 1690.

Dimensions :

Hauteur : 210 cm ; Largeur : 114 cm ; Profondeur : 58 cm


Provenance :


Le buffet que nous présentons provient d’un hôtel particulier historique, situé au Peyrou, dans le coeur de Montpellier.
Comme l’attestait l’ameublement homogène de cet hôtel, il est fort probable que notre meuble n’a jamais bougé depuis sa livraison et n’a connu que deux propriétaire en trois siècles, l’ancienne famille qui a redecoré entièrement l’hôtel à la fin du 17 ème siècle et la famille à qui ils ont vendu le bâtiment dans les années 1830 .


*C’est d’ailleurs probablement lors de ce rachat, que le meuble tombé en désuétude reçoit une restauration, les serrures des portes centrales qui commencent à se cintrer sont remplacées par des serrures crémones fermant par le haut et par le bas et les fonds en sapin qui sont certainement fendus sont remplacés par du chêne.
Ces restaurations sont récurrentes sur le mobilier Louis XIV bâti sur du résineux.
Il est important de signaler que les restaurations datent bien du début du 19 ème siècle et que le dos (scié à la main, panneauté, monté à tenon et mortaise et chevillé) comme les serrures (rivetées, ressort à lamelles) sont identiques à ce que l’on peut retrouver sur du mobilier Charles X.

Notre avis :

Le meuble que nous présentons a nécessité des milliers d’heures de travail tant son décor est dense et ne laisse pas de place au vide conformément au concept de « l’horror Vacui » qui est encore en vigueur à la fin du 17 ème siècle.
La pureté du dessin, la finesse de la découpe des fleurs, la maitrise parfaite de la technique des « ombrages » qui permettait de créer du relief en brulant le bois dans du sable chaud, la teinte verte des feuillages, la mise en valeur des couleurs et des veinages du bois ainsi que les jeux de lumières nous permettent de l’attribuer à Thomas Hache.
Notre hypothèse est renforcée par le fait que les anciens propriétaires de l’Hôtel à la fin du 17 ème siècle ont compté des personnages imminents (Maire, 1er consul de Montpellier , président de la cour des comptes etc) qui siégeaient au parlement du Languedoc situé à Toulouse, ville dans laquelle ils ont certainement rencontré la famille Hache, comme de nombreuse familles languedociennes et provençales chez qui ont retrouve ce type de meuble.
Nous pouvons aussi affirmer qu’il s’agit du chef d’oeuvre de Thomas Hache tant la qualité de son décor est proche de celle de Pierre Gole.
En effet seul des détails techniques (comme l’absence d’ébène remplacé par des bois teintés et brulés), un montage plus conforme à celui des Hache, et des rapprochements stylistiques avec des bureaux et des commodes mazarines, nous permettent de l’attribuer à l’atelier Grenoblois plutôt qu’a celui de l’ébéniste du roi.
L’attribution à Thomas Hache est toujours difficile, mais la remettre en cause reviendrai à affirmer qu’il existait à l’époque un atelier dans le Sud de la France qui surpassait celui de Thomas Hache, ce que nous ne croyons pas.