Par Galerie Thierry Matranga
Tableaux anciens, dessins, sculptures, objets religieux
Huile sur toile, école bruxelloise de la fin du XVIIe siècle.
Notre composition met en scène un ravissant paysage lacustre dans lequel pérégrinent deux personnages. Le jeune Tobie est parti quérir une dette pour le compte de son père, accompagné de son fidèle chien et de l’Archange Raphaël. Les deux voyageurs marchent ensemble près d’une rivière, symbole iconographique de cette légende selon laquelle Tobie pêcha, sur les conseils de Raphaël, un poisson dont les entrailles permirent de soigner la cécité de son père. Cet épisode fit dire à saint Augustin que « Le christ est ce poisson que le jeune Tobie retira vivant du fleuve et dont le foie brûlé par la Passion a mis le diable en fuite ». A la Renaissance, le voyage de Tobie devient un thème prisé par les riches marchands italiens qui avaient pour coutume de faire peindre, en guise d’ex-voto, leur fils partant pour un voyage d’affaires sous les traits du jeune Tobie protégé par l’Archange ...
... Raphaël.
Ici, la pérégrination bucolique de Tobie et de son ange gardien est surtout prétexte pour notre artiste à la réalisation d’une scène champêtre, propre à ravir le goût naissant de ses contemporains pour la peinture de paysage. En effet, si les italiens n’envisageaient le paysage que comme un décor propice à orner leurs figures, les flamands conféreraient une impression d’immensité à leurs scènes en donnant de la profondeur au panorama. Ce faisant, notre artiste place notre regard en hauteur de sorte que nous plongeons vers un horizon indéfini marqué par le cours du fleuve. Des barques y naviguent et un paysan semble vouloir faire traverser son bétail à gué. Sur la gauche, la composition est délimitée par une végétation foisonnante, où seul pénètre le chemin sinueux sur lequel nous retrouvons nos deux compagnons et des bergers. A aucun moment notre regard n’est cloisonné par des points de fuite, nous sommes libres de nous promener dans cette nature à l’instar des figures qui l’habitent. Cette liberté qui nous est donnée ne sacrifie nullement la lisibilité. En effet, l’artiste distingue les différents plans de sa composition en faisant varier leur teinte et leur exposition lumineuse selon les règles de la perspective atmosphérique : les lointains lumineux et légers s’opposent aux premiers plans sombres aux teintes ocres et brunes tandis que le fleuve bleu se prolonge dans un ciel bleu clair presque blanc. Sur le plan de la touche, notre artiste traite la végétation d’une manière originale en appuyant chaque feuille d’un délicat trait de peinture barlong. Ce choix lui permet de rendre l’oscillation naturelle des feuillages face au vent en faisant varier la courbure que prennent chacun des traits. Cette manière produit un effet rond et velouté à l’ensemble, chose inhabituelle chez les artistes contemporains. Cette manière singulière s’apparente à celle adoptée par Louis de Vadder au XVIIe siècle ; serions-nous en présence de l’œuvre d’un de ses talentueux élèves, tels Ian (ou Ignatius) van der Stock ou Lucas Achtschellinck ?
Nous avons choisi de vous présenter cette peinture dans un cadre à profil renversé en bois noirci de style.
Dimensions : 51,5 x 72 cm – 63 x 84 cm avec le cadre
Lodewyk ou Louis de Vadder (Grimbergen 1605 – Bruxelles 1655) est un peintre et graveur de paysage. Fils de Joos de Vadder, il devient maître de la guilde des peintres de Bruxelles le 15 mai 1628. En 1644, le Conseil municipal de Bruxelles lui décerne le privilège de peintre de cartons pour les tapisseries, lui donnant parfois l’opportunité de collaborer avec Jordaens. De Vadder collabore également avec David Teniers le Jeune, de Crayer et Pieter Bout, qui peignaient alors les figures dans ses paysages. Dès 1653, il forme plusieurs apprentis, au premier rang desquels Ian van der Stock et Lucas Achtschellinck (dont les œuvres sont parfois confondues avec celles de son maître). De nombreuses gravures furent créées d’après ses compositions, soit par lui-même, soit par des interprètes. Il est considéré à son époque comme un des plus importants peintres de l’école de Bruxelles aux côtés de Jacques d’Arthois. Influencé par Rubens et Brouwer, de Vadder exprime une vision réaliste de la nature animée par l’utilisation d’amples touches de pinceau, qu’on retrouve notamment dans son traitement des feuillages.
Bibliographie :
- DE MAERE, WABBES, Illustrated dictionnary of 17th century flemish painters, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1994.
- SUTTON, P. C., Masters of 17th-century Dutch landscape painting, (cat. exp. Rijksmuseum Amsterdam oct 1987 – jan 1988, Museum of fine arts of Boston feb – may 1988, Philadelphia Museum of Art june – july 1988), Museum of Fine Arts Boston, 1988.
- THIERY, Yvonne, Les peintres Flamands de paysage au XVIIe siècle, Bruxelles, Lefebvre et Gillet, 1988.
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