Par Subert
Soupière en faïence
Manufacture d’Antonio Ferretti
Lodi, vers 1770 - 1780
Majolique décorée en polychromie à petit feu
h cm 23 x 32 x 23
poids 1,679 kg
État de conservation : une fêlure ; quelques éclats d’usage sur les bords et les parties en relief, notamment sur le rebord du couvercle.
La soupière de forme ovale repose sur un pied légèrement évasé et présente des parois côtelées avec des anses rocailles adhérant au corps, ainsi qu’une prise de couvercle modelée en forme de citron.
Sa forme, ici simplifiée, s’inspire du modèle dit forme de Paris. Le décor floral polychrome, disposé de manière symétrique sur le corps et le couvercle, présente de petits bouquets avec une rose au centre et une branche allongée ornée d’une corolle unique de tulipe ou de fleurs des champs. Quelques semis de fleurs et de feuillages éparpillés complètent l’ornementation. Ce motif, appelé à la rose contournée ou à la vieille Lodi, constitue l’un ...
... des décors les plus prisés du XVIIIe siècle.
Ce choix décoratif représenta un atout majeur de la manufacture de Lodi, qui s’imposa grâce à la vivacité des couleurs permise par l’introduction d’une nouvelle technique perfectionnée par Paul Hannong à Strasbourg et adoptée en Italie par Antonio Ferretti. Ce procédé, appelé cuisson à petit feu, permettait d’utiliser un plus grand nombre de couleurs qu’auparavant. Il permit notamment l’introduction du pourpre de Cassius, un rouge à base de chlorure d’or, offrant un éventail de nuances allant du rose au pourpre.
La famille Ferretti débuta son activité de fabrication de faïence à Lodi en 1725.
Le fondateur, Simpliciano, lança la production en acquérant une ancienne fabrique en 1725 et, dès avril de la même année, les fours étaient en pleine activité (Novasconi-Ferrari-Corvi, 1964, p. 26 n. 4). Simpliciano développa une production d’excellence, notamment grâce à la propriété de carrières d’argile situées à Stradella, près de Pavie. Ce succès fut tel qu’en 1726, un décret de la Chambre de Turin interdit l’importation de céramiques étrangères, en particulier celles de Lodi, afin de protéger la production locale (G. Lise, La céramique à Lodi, Lodi, 1981, p. 59).
À ses débuts, la manufacture produisait des faïences peintes selon la technique à grand feu, souvent en monochromie bleue, avec des ornements inspirés des modèles en vogue à Rouen. Cette influence s’explique notamment par la collaboration de peintres comme Giorgio Giacinto Rossetti, qui apposait son nom sur les plus belles pièces, aux côtés du sigle de la manufacture.
En 1748, Simpliciano rédigea son testament (Gelmini, 1995, p. 30) en désignant son fils Giuseppe Antonio (dit Antonio) comme héritier universel. Après la disparition de Simpliciano en 1750, Antonio prit directement la direction de la manufacture, l’élevant au rang de référence européenne. Un tournant décisif fut l’introduction en 1760 de la technique à petit feu, qui permit d’élargir le répertoire décoratif en intégrant des motifs floraux d’inspiration saxonne. Cette innovation permit à la manufacture de rivaliser commercialement avec les porcelaines allemandes, notamment celles ornées du motif naturaliste Deutsche Blumen.
Antonio Ferretti adopta et développa cette technique et ce décor, en proposant des versions plus légères et spontanées, parfois détachées des planches botaniques, avec des déclinaisons contournées, non contournées, ou en monochromie pourpre ou verte.
Après ces innovations, la manufacture Ferretti amorça son déclin à la fin du XVIIIe siècle, malgré des tentatives d’adaptation au goût néoclassique. En 1796, la bataille napoléonienne pour la conquête du pont de Lodi sur l’Adda porta un coup fatal aux fours de la manufacture. La production reprit difficilement jusqu’au décès d’Antonio le 29 décembre 1810. (M. L. Gelmini, pp. 28-30, 38, 43 et suiv., 130-136 pour Simpliciano ; pp. 31 et suiv., 45-47, 142-192 pour Antonio).
Des exemplaires similaires se trouvent dans les principales collections publiques et privées lombardes. Une soupière du même modèle est conservée à Lodi, dans les collections du musée civique (Maioliche di Lodi, Milano e Pavia, cat., Milan, 1964, n. 127).
Bibliographie de référence
C. Baroni, Storia delle ceramiche nel Lodigiano, in Archivio storico per la città e i comuni del circondario e della diocesi di Lodi, XXXIV (1915), pp. 118, 124, 142 ; XXXV (1916), pp. 5-8 ;
C. Baroni, La maiolica antica di Lodi, in Archivio storico lombardo, LVIII (1931), pp. 453-455 ;
L. Ciboldi, La maiolica lodigiana, in Archivio storico lodigiano, LXXX (1953), pp. 25 et suiv. ;
S. Levy, Maioliche settecentesche lombarde e venete, Milano, 1962, pp. 17 et suiv. ;
A. Novasconi - S. Ferrari - S. Corvi, La ceramica lodigiana, Lodi, 1964, ad Indicem ;
Maioliche di Lodi, Milano e Pavia, cat., Milano, 1964, p. 17 ;
O. Ferrari - G. Scavizzi, Maioliche italiane del Seicento e del Settecento, Milano, 1965, pp. 26 et suiv. ;
G. C. Sciolla, Lodi. Museo civico, Bologne, 1977, pp. 69-85 passim ;
G. Lise, La ceramica a Lodi, Lodi, 1981 ;
M. Vitali, in Storia dell'arte ceramica, Bologna, 1986, p. 251 ;
M. A. Zilocchi, in Settecento lombardo, Milano, 1991, pp. 492-496 ;
M. L. Gelmini, in Maioliche lodigiane del '700 (cat. exp. Lodi), Milano, 1995, pp. 31 et suiv., 45-47, 142-192 ;
R. Ausenda (dir.), Musei e Gallerie di Milano. Museo d’Arti Applicate. Le ceramiche, Tome II, Milano, 2000, pp. 213-220 ;
Felice Ferrari, La ceramica di Lodi, Lodi, 2003.
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