Alessandro Rondoni (né en 1841), Sira

... blessure, est contrit dans une grimace de douleur résignée ; avec un doigt, il essaie en vain de couvrir la coupure d'où coulent trois grosses gouttes de sang. Le personnage porte de grandes oreillettes, tandis qu'à son poignet il porte un bracelet orné de croix grecques et du monogramme du Christ, "chirho", symbole de sa foi. La petite tête se termine par des boucles denses et laineuses, liées au style grec.
La torsion du corps, due au brusque mouvement du buste et accentuée par le drapé de marbre jaune, rend la figure aussi tragique que séduisante ; pour renforcer l'érotisme caché de l'œuvre, les bretelles des robes du personnage, qui tombent librement sur les avant-bras, révèlent les douces épaules nues. Dans cette scène pleine de pathos, la jeune fille ressemble plus à une Aphrodite maure qu'à une martyre chrétienne.
Cette œuvre est présentée en plusieurs versions, la première exposée au public datant de 1873 et présentée à l'Exposition universelle de Vienne ; une autre suit l'année suivante, réalisée en marbre blanc et présentée à l'Exposition des Oeuvres des Beaux-Arts du Palais de Brera.
En 1877, il expose, en lien avec le thème de la Bacchante ivre, une autre version à l'Exposition nationale de Naples, qui fut ensuite achetée par l'État et incluse dans le GAM de Rome ; depuis 1920, elle se trouve à la Galerie Civique d'Art Moderne de Palerme. Dans les années suivantes, Rondoni propose à nouveau le très acclamé Sira avec quelques variations exécutives pour les expositions de Paris, Turin, Rome et Londres.
La sculpture présentée ici est la seule Sira multi-matériaux à laquelle, en plus du bronze et du marbre blanc de Carrare, Rondoni ajoute du marbre jaune de Sienne ; le socle en pierre noire est décoré d'une mosaïque composée de carreaux dorés et rouges, complétée par une colonne sur laquelle est apposé le mécanisme rotatif original conçu par l'artiste.

BIOGRAPHIE
Alessandro Rondoni est né à Terdobbiate, dans la province de Novare, en 1841. Inscrit à l'Académie Albertina de Turin, il se forme sous la direction du sculpteur naturaliste Vincenzo Vela.
Au cours de ces années, il fut chargé de créer un monument dédié à la famille Marignoli de Spolète à Pérouse ; parmi ses œuvres, également un médaillon représentant le bienfaiteur Pasquale Biroli, qui, à sa mort en 1830, fit don de certaines propriétés à l'hôpital Maggiore de Novare pour les transformer en bâtiments pour le soin des malades. Il participe à diverses expositions, dont l'exposition de Turin de 1860, où il expose une tête de putto ; en 1873, il présente à l'Universale de Vienne la première version de sa très élégante Sira, en marbre et bronze, dont nous avons encore le témoignage selon les mots de l'architecte Camillo Boito. La sculpture a connu un tel succès que l'artiste a reçu une « Médaille d'art » de la Commission. En 1879, l'actualité de l'époque le montre exposé à Rome avec les œuvres Amour, Faune et Modestie, puis expose le groupe sculptural Canestro di nozze, exposé en 1884, et Lezione et Sogno d'Amore exposé en 1898. Après cela, malheureusement il n'y a pas d'autres nouvelles officielles concernant Rondoni.