Par Kolhammer & Mahringer Fine Arts
Spécialisé dans les sculptures et les peintures de maîtres anciens
Saint Christophe
Flamand
Vers 1480 - 1500
Bois de chêne sculpté
Vestiges de la polychromie d'origine
hauteur 38 cm
Cette figurine de grande qualité montre saint Christophe traversant à gué une rivière tumultueuse avec l’enfant Jésus sur ses épaules. Il lève les yeux vers l’enfant qui trône sur son épaule gauche. De la main gauche, il s’appuyait à l’origine sur son bâton ; de la droite, il saisit le manteau luxuriant pour le protéger de l’eau.
De nombreuses légendes entourent saint Christophe. Alors que les premières représentations du Christ porteur dans l’espace alpin remontent à la seconde moitié du Bien qu’elle soit née au XIIe siècle, la véritable légende des porteurs de Christ n’est apparue qu’au XIIIe siècle. 13e siècle dans la Legenda Aurea. Christophe a reçu d’un ermite la mission de porter des gens sur son dos pour traverser une rivière dangereuse. Une nuit, il a entendu trois fois la voix d’un enfant l’appeler. ...
... Alors qu’il portait l’enfant à travers la rivière, son fardeau devenait de plus en plus lourd et l’eau commençait à gonfler. Il craignait presque de se noyer, car il pensait que le monde entier pesait sur ses épaules. L’enfant le plongea finalement sous l’eau et le baptisa, après quoi Christophe le reconnut comme son Seigneur, Jésus-Christ. Ce saint jouissait d’une grande popularité, notamment à la fin de l’époque gothique.
La sculpture se caractérise par un mouvement de rotation extraordinairement dynamique du saint : Le pied droit, en guise de jambe de jeu, s’appuie sur un rocher en saillie et le pied gauche est fermement ancré dans le lit de la rivière. Il défie les eaux profondes, ce qui est rappelé aux spectateurs par le soulèvement du manteau. Pourtant, le regard du saint n’est pas dirigé vers l’avant, sur le chemin, mais s’accroche, ravi, à l’enfant Christ. Celui-ci est assis sur son épaule dans une attitude coquine, les genoux repliés, le bras droit probablement levé à l’origine dans un geste de parole et de bénédiction, et tient de la main gauche le globe terrestre en équilibre sur son genou gauche. Il regarde au loin avec un doux sourire. Il s’agit très probablement du moment narratif au cours duquel l’enfant se révèle au saint comme étant Jésus-Christ. Christophe reconnaît sa véritable identité et s’arrête dans son mouvement. Cette manière de prendre contact et de dialoguer témoigne d’une intimité particulière dans la communication entre le Christ et Christophe.
La réalisation de la figure dans le style caractéristique du gothique tardif souligne cette pause, à savoir dans les boucles tourbillonnant autour de la tête sous le couvre-chef en forme de turban de Christophe et son costume de barbe finement sculpté, ainsi que dans les plis complexes et volumineux du lourd manteau. Le manteau est enroulé autour du corps en plis diagonaux et profonds en forme de cuvette et menacerait presque de glisser du corps si le saint ne tenait pas les pans de tissu d’une main. En même temps, le tissu s’enroule autour du genou évasé de la jambe du joueur, créant ainsi une diagonale de composition qui descend de l’enfant Jésus jusqu’au genou, donnant ainsi vie à la position tournée du groupe de personnages.
Le type de représentation est apparenté dans sa composition aux statuettes d’albâtre anglaises et aux reliefs du 15 et début 16e siècle (entre autres au Victoria and Albert Museum, Londres, n° d’inv. A.18-1921, A.2-1912, A.20-1946, A.21-1946). Dans sa réalisation, la figure est toutefois clairement rattachée à la sculpture flamande des années 1500, ce qui se manifeste non seulement dans le type de bois, mais aussi dans les boucles, la physionomie du visage et la draperie du vêtement (voir entre autres V&A, Londres, inv. n° 374-1890 ; Portland Museum of Art, Portland, inv. n° 61.53).