Par Galerie Tourbillon
Bronze à patine marron foncé nuancé
fonte Susse Frères - cachet du fondeur
France
fin XIXe s.
haut. 12,5 cm
Modèle similaire reproduit dans "Jules Dalou, le sculpteur de la République", Exposition au Musée du Petit Palais, Paris, 2013, page 288, n°220.
Biographie :
Aimé-Jules Dalou, dit Jules Dalou (1838-1902) est un sculpteur français, né d’artisans gantiers protestants qui l’élèvent dans la laïcité et l’amour de la République. Jules Dalou montre très jeune des dons pour le modelage et le dessin, ce qui lui vaut l’attention de Jean-Baptiste Carpeaux, lequel le fait entrer en 1852 à la Petite École, future École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris. En 1854, il est admis à l’École des beaux-arts de Paris où il étudie la peinture dans l’atelier d’Abel de Pujol et la sculpture dans l’atelier de Francisque Duret. Il commence à gagner sa vie en travaillant pour des ornemanistes. C’est chez l’un d’eux que débute ...
... son amitié avec Auguste Rodin. Dalou produit alors de la sculpture décorative pour des immeubles sur les grandes avenues parisiennes, tel l’hôtel de La Païva, avenue des Champs-Élysées. Il se présente quatre fois, sans succès, au concours du prix de Rome, mais présente au Salon de 1869 un Daphnis et Chloé, et La Brodeuse au Salon de 1870, deux pièces acquises par l’État. Dalou n’aura qu’un enfant, Georgette, une fille née avec un handicap mental. C’est pour assurer le financement de l’hébergement à vie de sa fille par l’Orphelinat des Arts que Dalou a légué le fonds de son atelier à cette institution.
Au lendemain de la Semaine sanglante de mai 1871, Dalou, sa femme et leur fille sont menacés en tant que Communards, contraints à l’exil et demandent le droit d’asile. Ils rejoignent alors l’Angleterre et sont accueillis par son ancien condisciple de la Petite École, le peintre Alphonse Legros. Grâce à Legros, très introduit à la City, il réalise une série de statuettes en terre cuite inspirées par les paysannes boulonnaises ou par des sujets intimistes (Liseuse, Berceuse), et des portraits de l’aristocratie anglaise. Devenu professeur de modelage à la National Art Training School, son influence est déterminante auprès des sculpteurs britanniques. Il reçoit commande d’une fontaine publique en marbre intitulée Charity(1877) près du Royal Exchange à Londres, et d’un monument pour la reine Victoria dédié à ses petits-enfants situé dans la chapelle privée de Frogmore au château de Windsor.
En mai 1874, le Conseil de guerre de Paris le condamne aux travaux forcés à perpétuité par contumace. Ayant refusé de demander grâce, ce n’est qu’en mai 1879, après avoir été amnistié sous la présidence Jules Grévy que Dalou et sa famille rentrent enfin d’exil. Son groupe Le Triomphe de la République, prévu à l’origine pour la place de La République, est finalement érigé sur la place du Trône, renommée place de la Nation en 1880. Dalou consacrera vingt ans à la réalisation de ce monument. Les années 1881 et 1882 sont difficiles, mais le Salon de 1883 le révèle enfin au grand public français. Il y expose ses deux haut-reliefs : La Fraternité des Peuples et Mirabeau répondant à Dreux-Brézé, pour lequel on lui remet la médaille d’honneur. Fuyant le monde et vivant en famille, Dalou se livre à un labeur considérable répondant aux nombreuses commandes tant privées que publiques. Pour l’Exposition universelle de 1889, on inaugure sur la place de la Nation le plâtre du Triomphe de la République commandé par la ville de Paris en 1879. Bien que la version bronze du groupe ne fût inaugurée qu’en 1899, cette œuvre remporte le grand prix de sculpture de l’exposition. Dalou quitte la Société des artistes français en 1890 pour exposer désormais à la Société nationale des beaux-arts, dont il est membre fondateur avec Ernest Meissonier, Auguste Rodin et Pierre Puvis de Chavannes. Nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1883, puis promu officier par le président Carnot en 1889, il est élevé au grade de commandeur du même ordre en 1899 par le président Loubet lors de l’inauguration de son monument du Triomphe de la République.
Dalou n’a pas le temps de mener à bien son dernier grand projet, un Monument aux Travailleurs (ou Monument aux Ouvriers), dont l’idée lui vient en 1889 au lendemain de la première inauguration du Triomphe de la République. Le formalisme de la cérémonie et les défilés militaires avaient tenu le peuple à l’écart de cette manifestation officielle. Dalou en avait été déçu. Fidèle à son idéal républicain, il eut souhaité que cette inauguration soit l’occasion d’une grande fête populaire et démocratique (ce qu’elle fut lors de l’inauguration du bronze en 1899). Son idée est de rendre un hommage au monde des ouvriers, des artisans et des paysans en leur dédiant cette œuvre dont ils constituent le sujet central. À la fin de sa carrière il décrit ce projet en ces termes : « Je crois avoir enfin trouvé le monument aux Ouvriers que je cherche depuis 1889. La disposition générale tiendrait de l’insigne de Priape, Dieu des Jardins, emblème de la création, de la borne, berceau et tombe du pauvre, enfin du tuyau de l’usine, prison où se passe sa vie. Sobre, sans moulure ni ornement, je désire qu’il ait l’aspect grave et imposant, s’il se peut, que le sujet comporte. L’exécuterai-je ? Là est la question. Je suis bien âgé et de plus ma santé est bien débile ».
Les nombreuses esquisses de ce monument trouvées dans son atelier après son décès sont maintenant conservées au Musée du Petit Palais. La statue du Grand paysan (vers 1897-1902, Paris, musée d’Orsay) préfigure les personnages qu’il projetait de placer dans les seize niches entourant la colonne, le monument devant mesurer 32 mètres de haut.