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Raie en grès émaillé de Jean-Claude de Crousaz (1931-2012)
Raie en grès émaillé de Jean-Claude de Crousaz (1931-2012) - Sculpture Style Années 50-60 Raie en grès émaillé de Jean-Claude de Crousaz (1931-2012) - Galerie Latham
Réf : 117796
1 900 €
Époque :
XXe siècle
Signature :
Jean-Claude de Crousaz
Provenance :
Suisse
Materiaux :
Céramique
Dimensions :
L. 43 cm X l. 32 cm
Sculpture Sculpture en Terre cuite - Raie en grès émaillé de Jean-Claude de Crousaz (1931-2012) XXe siècle - Raie en grès émaillé de Jean-Claude de Crousaz (1931-2012)
Galerie Latham
Galerie Latham

Arts Décoratifs du XXe siècle


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Raie en grès émaillé de Jean-Claude de Crousaz (1931-2012)

Jean-Claude de Crousaz (1931-2012) est l’un des céramistes suisses parmi les plus connus de l’après-guerre. Il s’est formé en graphisme et peinture décorative à l’École des arts décoratifs de Genève, de 1948 à 1951 (avec Marcel Noverraz comme professeur), puis à l’École de céramique de Chavanne-Renens. Sa rencontre à Genève avec la céramiste Yseut Chevallier (qui deviendra son épouse en 1955) va définitivement diriger le jeune artiste vers la céramique. Le couple s’installe à partir de 1955 dans un atelier baptisé « Arpot » à Bernex (d’où la signature Arpot sous la plupart des pièces usuelles créées). Après avoir fait un peu de faïence décorée, c’est sous l’influence de Philippe Lambercy que le jeune potier commence à s’intéresser à la cuisson du grès à haute température (jusqu’à 1300 degrés), un grès dont il va bien vite faire sa matière de prédilection. Entre 1961 et 2004, le couple possèdera sa propre boutique à ...

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... Genève, dans la Vieille-Ville (rue de l’Hôtel-de-Ville), qui connut un succès commercial certain. Jean-Claude de Crousaz a parallèlement enseigné le décor céramique à l’École des arts décoratifs de Genève ainsi qu’à l’Ecole de Vevey, de 1980 à 1996. Au cours de cette fructueuse carrière, il a obtenu de nombreuses bourses, récompenses et prix internationaux : très tôt, en 1960, un prix du jeune céramiste suisse à Soleure, une médailles d’or aux expositions internationales de Prague et de Buenos-Aires, une autre au concours international de Faenza en 1965, puis à la biennale de Vallauris en 1978 ; un Prix des Arts appliqués puis une Bourse Fédérale à Genève, le Westerwald-Preis en Allemagne en 1979, le Prix de la Ville de Winterthur en 1983… Le célèbre porcelainier allemand Rosenthal lui commandera des formes et des décors, qui seront diffusés largement durant les années 80 et 90. C’est le rayonnement de la céramique suisse romande qui s’en est trouvée singulièrement augmentée par la reconnaissance internationale de cette « signature » stylistique.
« Je fais de la céramique utilisable, fonctionnelle » aimait dire Jean-Claude de Crousaz, se plaçant en cela dans une tradition très allemande de la Gefässkeramik, une céramique intégrée pleinement à la vie domestique, essentiellement orientée vers le récipient. La poterie décorée va constituer tout au long de ces années d’activité son répertoire préféré, qu’il explorera avec autant d’habilité que de sensibilité, sans jamais craindre d’être « trop décoratif ». Sa palette chromatique, volontairement assez restreinte, se déployait du côté des oranges, des ocres, des verts, des rouges de fer et des bleus de cobalt. Vers 1973, il peint à la cire en réserve sur de grands plats des poules, des pigeons ou des dindons. Les figures animalières en ronde-bosse arrivent plus tard, au coeur des années 80 : des moutons et des boucs, des pigeons, des pintades, jusqu’aux rhinocéros et aux hippopotames modelés dans les années 1990 et 2000. Sa minutie d’observation doit beaucoup à une grande amitié engagée avec le peintre, graveur et sculpteur animalier Robert Hainard (1906-1999), qui vivait proche de son atelier, à Bernex. Hainard était écrivain et naturaliste, fervent promoteur et pionnier de la protection animale. C’est lui qui apprendra à Jean-Claude de Crousaz à faire des croquis d’après nature, à observer la faune animale directement sur ses lieux de vie. Les plus sauvages sont observés lors de longues promenades au zoo de Bâle, les plus quotidiens sont croqués sur le vif dans les fermes avicoles des environs. Les attitudes et proportions sont ainsi bien réelles, mais le céramiste se permet des extravagances dans la traduction picturale de leur plumage ou de leur pelage, y apposant des virgules fantasques, des motifs de plumes ou de taches prestement tracées sur semis de points ou trames croisées, dans une liberté d’inspiration qui fera sa renommée.
Les références artistiques de Jean-Claude de Crousaz sont multiples, mais la plupart viennent d’Extrême-Orient. Il fut notamment fasciné par l’art du plus fameux potier japonais de la période Edo (17ème siècle), Nonomura Ninseï (1600-1670) : actif à Kyoto, ce dernier était apprécié pour la délicatesse de ses motifs végétaux posés au pinceau sur porcelaine. Il aima également celui qui était sans doute le plus brillant « élève » de Ninseï, le peintre et potier Ogata Kensan (1663-1743), dont le style Oribe était plus spontané et vigoureux, avec des décors entrecroisés schématisant les éléments naturels sur des formats en grès souvent carrés, ce qui aura sans doute inspiré la poterie contemporaine de notre artiste. De Crousaz était cultivé et curieux de tout : il appréciait l’originalité spatiale et les compositions asymétriques sophistiquées des porcelaines japonaise d’Imari, aux décors bleu et orange, conçues pour l'exportation ; il s’intéressait à la céramique islamique, connaissait bien les faïences françaises décorées du XVIIIème siècle ; il s’enthousiasmait devant les architectures et les sculptures baroques, s’enchantait de leurs spirales, volutes, boucles et arabesques, de leurs compositions en diagonales, de leur accumulation d’ornements. Il aimait le mouvement baroque autant pour sa complexité formelle que pour ses combinaisons audacieuses de couleurs, tout ce qui dansait, occupait l’espace avec légèreté… Il appréciait les ruptures et les contrepoints jusque dans l’art musical de la fugue. Tout chez lui n’était qu'une question de rythme et de cadence.
On ne peut qu’admirer aujourd’hui l’incroyable maîtrise technique de Jean-Claude de Crousaz, la sensibilité de ses décors au pinceau, un art qu’il a su mener avec une liberté qui n’était possible que grâce à une grande discipline d’exercices. Durant toute son activité de peintre « ornemaniste » - ainsi qu’il se revendiquait pleinement - il s’imposait un contrôle sans faille de son geste, une étude très précise de la posture de tout le corps - apprise assurément des japonais. Rigueur du trait et joie du motif furent ses maîtres-mots, au service d’une vérité jubilatoire du décor peint. On peut dire encore de sa céramique qu’elle est atmosphérique, que son œuvre est ouverte et généreuse… Grâce à cette écriture directe et dynamique, elle développe un langage authentiquement personnel. Une vraie poterie populaire en somme, au sens noble du terme, qu’on peut qualifier « de haut vol » - et donc éminemment collectionnable - parce qu’elle est virtuose et s’adapte encore fort bien à notre temps. Quoique son registre soit plus nettement « décoratif », on peut placer Jean-Claude de Crousaz au même niveau que ses deux grands prédécesseurs romands Edouard Chapallaz (1921-2016).

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Sculpture en Terre cuite Années 50-60

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