Par GSLR Antiques
Paire de miroirs en Bois de Sainte Lucie, dit aussi bois de Bagard, du nom de l'artiste Lorrain. Nancy, XVIIe siècle vers 1680 - 1700, époque Louis XIV.
Ils sont montés de miroirs au mercure du 18e siècle.
Beau décor finement sculpté en ajouré, réalisés en bois dit de Sainte-Lucie, cette rare paire de cadres illustre la virtuosité atteinte par certains artistes nancéiens spécialisés dans la sculpture sur bois et qui réalisèrent des crucifix, mais également des boîtes de différentes formes, des cadres, des bougeoirs et toutes sortes d’objets. Le bois utilisé dispose d’un grain serré et d’une couleur tirant sur le rouge ; il s’agit d’une variété de merisier provenant de la forêt de Sampigny-en-Barrois, aujourd’hui détruite et qui dépendait d’un couvent qui a donné son nom au bois.
Le terme de bois de Bagard est également associé à cette production, en référence à César Bagard (1620-1709), sculpteur à la cour du duc Charles IV de ...
... Lorraine qui exécuta de grandes statues d’église. Si César Bagard, puis son fils Toussaint, ont été les chefs de file de cette école nancéienne, il semble aujourd’hui incorrect ou abusif de leur attribuer systématiquement la paternité de tous les objets réalisés dans ce bois. Ainsi, dans un document daté de 1751, le moine bénédictin Dom Calmet, Abbé de Senones, note que «de nombreux petits objets sont fabriqués en bois de Sainte-Lucie en Lorraine et sont exportés vers l’étranger. Ce travail occupe de nombreux ouvriers. Les Foulon étaient réputés pour ce travail et produisirent de nombreux objets pour le Dauphin.» (H. Demoriane, Bois de Bagard, in Connaissance des Arts, janvier 1968, p. 91). Sans doute, de nombreux autres ateliers à Nancy se spécialisèrent dans les crucifix et autres objets en merisier : Charles Chassel, Claude des Indes, Jean-François Lupot, François Manruisse et Jean-Baptiste Vallier, actifs à Nancy à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle sont tous mentionnés comme sculpteurs de bois de Sainte Lucie. Certains étaient très spécialisés comme Lupot, qui se consacrait à la décoration d’instruments de musique mais l’atelier des Foulon semble avoir été le plus grand et le plus actif. Il se peut aussi que César Bagard lui-même ait exécuté les plus beaux crucifix auxquels son nom est associé.
Le développement de la fabrication des objets en bois sculpté à Nancy correspond à l’époque des édits somptuaires de 1689-1709 décidés par Louis XIV pour financer ses campagnes militaires. Il fallait remplacer tous les objets de dévotion ou accessoires de toilette, tels les crucifix, miroirs et diverses boîtes qui, désormais, ne pouvaient plus être en or ou en argent. Les tabletiers de Nancy exploitèrent la situation à leur avantage pour fabriquer des articles variés en bois de Sainte-Lucie en reprenant le répertoire décoratif des orfèvres. Moins précieux que l’ivoire, moins fragile que la laque, le bois de Sainte-Lucie se prête tout particulièrement aux délicates ciselures, comme en atteste la finesse du décor.
Les sculpteurs de Nancy transposaient dans le bois les dessins gravés d’artistes français comme Etienne Loir et Jean Le Pautre. Les mêmes motifs baroques se retrouvent sur tous ces objets : les feuilles d’acanthes, les rinceaux fleuris, les oiseaux et les masques grotesques. Ces objets souvent personnalisés étaient fabriqués sur commande pour un usage personnel ou bien pour les offrir à un hôte de marque ou encore à l’occasion d’un mariage.
ensemble rare, on connait les Christ, les coffrets, quelques fois des bougeoirs mais les autres objets en bois de Sainte Lucie comme nos miroirs sont peu courants.
Bon état général, quelques parties cassées et recollées visibles sur les photos.
Fond recouvert d'un calendrier de la Poste des années 1900 et d'une carte des Vosges.
Provenance, grande collection Lorraine, acheté en 1900 puis par descendance, cette paire de miroirs n'a jamais quitté la région de Nancy depuis près de 350ans jusqu'à aujourd'hui.
Hauteur : 52cm
Largeur : 34cm