Par Galerie Théorème
Nicolas Jacques Julliard (1719-1790)
Paysage au moulin dans un sous-bois
entre 1745 et 1755
Huile sur toile
60 x 50,5 cm (sans cadre) 82 x 71 cm (avec cadre)
Cadre : Chêne sculpté doré à queues de cochon, coquilles et motifs végétaux d'époque Louis XV dans sa dorure d'origine (provenance ancienne collection Jean Tournadre)
Le tableau représente un moulin dans un sous-bois. Une femme en sort, tenant un linge blanc rempli d’herbes, accompagnée d’un enfant qui tente de voir son contenu. Un homme et une femme observent la scène depuis une fenêtre du moulin. L'œuvre s’inscrit dans la tradition des paysages pittoresques du XVIIIe siècle, influencés par la peinture flamande et italienne, où la nature sert de décor à des scènes de genre empreintes de charme rural.
L’œuvre, attribuée à Nicolas Jacques Julliard, est une variante d’un tableau de François Boucher daté de 1743 exposé au Salon de l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture. ...
... Julliard, élève et collaborateur de Boucher dès 1740, était chargé de reproduire et d’adapter ses compositions, ainsi que de brosser les paysages du maitre. Il est agréé à l'académie Royale de peinture et de sculpture le 31 août 1754 et reçu à la même académie en 1759, son morceau de réception se trouve au Musée des Beaux-Arts de Tours. Il fut également nommé peintre du Roi à la manufacture d'Aubusson en 1755 et fournit des cartons pour celle-ci jusqu'a sa mort en 1790.
L’analyse de Noah Simmons (1993) souligne que Nicolas Jacques Julliard a réalisé plusieurs reprises de paysages de François Boucher, confirmées par la présence, dans l’inventaire de Bergeret de Grancourt, de plusieurs tableaux notés comme des adaptations de compositions du maître. Parmi ces reprises, l’une des plus connues est celle d’un paysage de Boucher de 1755, conservée aujourd’hui à la National Gallery. Cette version, bien que dérivée de l’original, présente des variantes comme l’ajout d’un chien, d’un spectateur au premier plan et une façade de moulin plus développée, montrant comment Julliard réinterprétait ces scènes en fonction des attentes des commanditaires.
Notre tableau s’inscrit dans le même processus de reprise, mais à partir d’un autre modèle : Le moulin (environs de Beauvais) exposé par Boucher au Salon de 1743. Cette comparaison entre les deux œuvres met en évidence la manière dont Julliard a travaillé sur plusieurs compositions de Boucher à différentes périodes, apportant à chaque fois des modifications qui témoignent d’une autonomie artistique tout en restant fidèle à l’esprit du maître.
