Nature morte, peinture flamande du XVIIe siècle attribuée à Peeter de Verbruggen le Jeune

... illuminant son décolleté découvert par une robe en dentelle qui voile ses épaules. Une volumineuse étole en soie bleue aux reflets clairs et changeants repose sur ses bras, créant du mouvement et des jeux chromatiques.
À l’arrière-plan, en position surélevée sur un élément architectural – une sorte de muret en pierre – se trouve une autre composition florale qui s'enroule autour de l’élément supérieur de la structure. Cet élément, se développant verticalement, dépasse du cadre, contribuant à une expansion optique de l’espace. L’arrière-plan laisse entrevoir un espace ouvert, avec des arbres de grande hauteur ; le ciel bleu, visible dans la partie supérieure, équilibre la composition chromatique et confère une tridimensionnalité à la scène.
La figure féminine peut être identifiée comme Flore, déesse du printemps, des fleurs et de la floraison selon la mythologie romaine.
La qualité picturale, le style et la construction scénique du tableau sont comparables aux œuvres de Gaspar Peeter (ou Pieter) de Verbruggen II, dit le Jeune, l’un des principaux peintres hollandais de natures mortes florales entre le XVIIe et le XVIIIe siècle. Il est connu pour ses compositions élégantes, dans lesquelles il démontre non seulement un talent extraordinaire, mais aussi une connaissance botanique exceptionnelle. Ses compositions se distinguent par leur monumentalité illustrative, l'opulence des corolles et l'élégance des touches picturales.
Cette toile peut être attribuée à sa production en raison des similitudes avec de nombreuses œuvres référencées dans le marché de l’art ancien. Caractéristique du peintre, on retrouve l’usage de vases ornés de guirlandes, selon un goût esthétique purement rocaille. De plus, il collaborait fréquemment avec d’autres artistes pour la représentation de figures féminines ou encore de putti ludiques. Dans ce cas, en se basant sur des comparaisons stylistiques, la figure féminine peut être attribuée à Pieter Ykens, peintre talentueux de scènes historiques et de portraits, qui participa également à la réalisation de natures mortes où il peignait des portraits féminins élégants sous les traits de Flore.
Gaspar Peeter Verbruggen, baptisé le 11 avril 1664 à Anvers et inhumé le 14 mars 1730 dans la même ville, est né à Anvers de Gaspar Peeter Verbruggen l’Ancien et de sa première épouse, Catharina van Everdonck. Son père, peintre de natures mortes renommé, permit à son fils de grandir dans une maison prospère. Gaspar Peeter le Jeune devint maître à la Guilde de Saint-Luc d’Anvers en 1677-1678, à seulement 13 ans, et fut nommé doyen de la guilde en 1691.
Le 22 juin 1700, il épousa Dymphna van der Voort, qui décéda peu après leur mariage. Bien que le peintre connût le succès, il vécut au-dessus de ses moyens et fut contraint, en 1703, de vendre toutes ses œuvres. Le produit de la vente ne permit pas de couvrir l’ensemble de ses dettes, l’obligeant à quitter les Flandres pour la République hollandaise en 1705. Il s’établit à La Haye, où il reçut de nombreuses commandes pour décorer des résidences prestigieuses. Il rejoignit la Guilde de Saint-Luc de La Haye en 1708. Malgré un succès commercial renouvelé, ses dépenses restèrent supérieures à ses revenus. Il retourna à Anvers en 1723, où il continua à collaborer avec la Guilde de Saint-Luc jusqu’à son décès en 1730.
Spécialisé dans les natures mortes, son style, marqué par de larges coups de pinceau, reflète les influences des artistes italiens Mario Nuzzi et Michele Pace del Campidoglio. L’œuvre du peintre français Jean-Baptiste Monnoyer fut également une source d’inspiration. Ses tableaux témoignent d’une évolution vers un style plus décoratif dans la peinture flamande de natures mortes à la fin du XVIIe siècle.
Son influence se fit sentir auprès de nombreux artistes tels que Jan Baptist Bosschaert, Simon Hardimé, Pieter Hardimé et Pieter Casteels III. Verbruggen collabora avec plusieurs peintres spécialisés, parmi lesquels Pieter Ykens et Jacob Leyssens à Anvers, ainsi que Matheus Terwesten à La Haye. L’artiste anversois Peeter-Frans Bailliu réalisa les vases, figures et grisaille dans certaines de ses compositions.
Pieter Ykens naquit à Anvers en 1648, fils de Johannes Ykens, sculpteur et peintre, et de sa seconde épouse Barbara Brekevelt. Il se forma dans l’atelier de son père et fut admis en 1673 comme maître à la Guilde de Saint-Luc d’Anvers, où il fut élu doyen en 1689. Il fut un peintre de scènes religieuses et historiques, ainsi que de portraits, et réalisa également des dessins et cartons pour des tapisseries.
Comme c’était l’usage à Anvers à cette époque, il travailla fréquemment en collaboration avec d’autres peintres spécialisés dans certains genres. Il collabora notamment avec Gaspar Peeter Verbruggen l’Ancien, Gaspar Peeter Verbruggen le Jeune, Jan Pauwel Gillemans le Jeune, Jan Baptist de Crépu et Jacob Melchior van Herck, tous spécialistes de la nature morte, ainsi qu’avec Ferdinand van Kessel, peintre de paysages.
Ses figures féminines sont souvent représentées avec des colliers de perles, les cheveux relevés en coiffures ornées de tresses et de rubans noués, et vêtues de robes volumineuses en soie chatoyante.

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