Par Galerie Latham
Intéressons-nous à cette sculpture en bronze des années 1920, signée d’André Lurçat (1894-1970), éminente figure de l’architecture française de la première moitié du XXe siècle.
Elle porte une inscription sur son socle : Milo athlète of the VI th Century B.C. born at Crotone several times winner of Olympian Pythian games (Milon, athlète du VIe siècle av. J.C. né à Crotone, plusieurs fois vainqueur aux jeux olympiques et aux jeux pythiques). Ce « Milon » (h. 33 cm) portant un taureau sur son dos confirme bien une inspiration antique précoce dans le parcours artistique d’André Lurçat, avant qu’il entame sa brillante carrière d’architecte. Si l’oeuvre construite et mobilière d’André Lurçat est importante, ainsi que ses écrits théoriques, il subsiste en revanche très peu de traces sur le marché de l’art de ses sculptures, et particulièrement de cette première période académique (il entre aux Beaux-Arts de Paris en 1913). Tout laisse penser ...
... en effet que ce « Milon portant un taureau » est une oeuvre très précoce dans son parcours, sculptée sans doute durant cette formation qu’il trouvait (trop) académique aux Beaux-Arts, jusqu’en 1917. Son style classique et antiquisant correspond bien à une certaine vogue dans les arts plastiques et visuels de cette époque, qui se confirmera au début des années 20. Cette oeuvre « de jeunesse » de Lurçat rappelle également le style des oeuvres d’un des plus grands sculpteurs français de cette époque, Antoine Bourdelle. Un détail d’importance est à souligner à propos de ce bronze, finalement assez mystérieux : c’est le cachet de son fondeur. Il s’agit en effet d’une fonderie suisse, Pastori à Genève, et non parisienne... On sait cependant qu’André Lurçat a séjourné en Suisse dans le Canton de Vaud, en 1928, au moment du premier Congrès international d'architecture moderne (CIAM), dont il était membre fondateur, qui se déroula au château de La Sarraz. Cet événement peut permettre de dater plus précisément cette rencontre avec Pastori, à qui il aura confié un modelage (en terre cuite ? en cire ?) qu’il avait dû concevoir des années plus tôt. J’ai eu il y a quelques temps une autre sculpture en bronze de Lurçat, que j’ai vendu assez rapidement. Il s’agissait d’une « Mère et son enfant » traitée dans la même inspiration de l’Antiquité, que l’on peut dater de la même époque, dans les années 1920 : même patine sombre, même socle de bois, dimensions analogues, également une fonte d’édition Pastori. Ce sont actuellement les deux seules sculptures d’André Lurçat connues sur le marché de l’art.
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